lundi 3 décembre 2018

Migration des athlètes (11), Quatorze intentions de jumelage


L’ensemble des athlètes algériennes ayant pris part aux « championnats Open », en particulier celles qui n’ont point l’habitude de participer à des compétitions internationales (ce sont essentiellement les meilleures jeunes et les plus âgées qui sont admises dans ce cercle restreint), représentant la quasi-totalité des athlètes, ont pu mesurer que les suprématies exercées sur les compétitions nationales étaient le plus souvent surfaites.  

L’option jumelage est récente. Elle a été concrétisée  au début de l’année 2018 lorsque la convention a été signée entre les représentants des deux parties, réunis lors d’une cérémonie protocolaire destinée à mettre sur un certes modeste piédestal les meilleurs jeunes du MAC. Une réception   consacrée uniquement  aux athlètes de l’école qui servit de mise en évidence interne le travail réalisé au niveau des pôles extramuros de développement.

Pourtant, en y repensant, l’idée de jumelage en elle-même n’est qu’une remise au goût du jour de pratiques si anciennes qu’elles en paraissent éculées, hors du temps. Le jumelage, les échanges sportifs ont fait partie des outils de promotion à la fois de l’essor des activités sportives et de l’organisation des compétitions sportives extraordinaires, soucieuses d’émerger du calendrier sportif habituel.

Une sorte de hors normes qui permit à ces actions de se distinguer de la routine sérieusement implantée dans les rouages et les mentalités. Comme fut le cas, en son temps (les décennies 80 et 90) du challenge régional interclubs (CRIC) inédit dans le paysage athlétique algérien et dont le succès le fit passer au stade de compétition zonale (inter-régionale) en conservant son appellation.

La participation de délégations étrangères aux premières compétitions sportives sur route (semi-marathon Abdelhamid Benbadis de Constantine et le semi-marathon Chihani Bachir à El Khroub) organisées dans une collaboration entre la ligue de wilaya d’athlétisme et les APC, a été favorisée, au milieu des années 1980, par ce type d’échanges avec des municipalités françaises. Il n’est pas à dissimuler  que celles-ci étaient dirigées par les courants progressistes favorables aux rapprochements suscités par les proximités (réelles ou factices) idéologiques. L’Histoire récente montre qu’il a suffi de peu pour que les maoïstes, trotskystes et communistes d’hier deviennent les ultra-libéraux d’aujourd’hui. En sport comme dans les autres domaines d’activités.

Quatorze intentions de jumelage
Depuis que le jumelage avec les Tunisiens a été concrétisé à travers la signature d’une convention et le « National Open 2018 » qui en fut la matérialisation, ce modèle de relations a pris une l’ampleur contrastant étrangement avec la pluie de critiques qui s’est abattue, comme une nuée de frelons, sur le projet de promotion des jeunes talents athlétiques de Constantine renvoyant explicitement à la dénomination incomprise de Mawaheeb Athlétic de Constantine dont les critiques se gaussent sur les réseaux sociaux.
Pourtant, l’idée est prometteuse. Quatorze  intentions de jumelage seraient, selon des indiscrétions qui nous sont parvenue, en phase de finalisation. Ces intentions associeraient cette fois-ci le MAC à des associations sportives nationales formatrices dans le domaine du demi-fond, la discipline-reine de l’athlétisme algérien, le cœur du projet du club initiateur.

Ces associations sont majoritairement domiciliées dans cette Algérie profonde où la course à pied est le dernier souci des responsables locaux et nationaux bien que totalisant de multiples succès nationaux dans la course à travers champs. Ces jumelages formalisent, mieux que milles discours, la tentative de passage du statut de « laboureurs » à celui de « pistards », de la ruralité à la citadinité.

La caractéristique essentielle de ces conventions de jumelage est qu’elles seraient fondées sur des échanges réciproques de prestations de service (hébergement, restauration) lors de manifestations sportives organisées sur le territoire national.

Les catégories d’âges concernées par ces accords de partenariat seraient essentiellement les cadets-juniors des deux sexes sans exclusion cependant des catégories d’âge supérieures. Ces conventions sont ainsi la transposition au plan national  d’un modèle mis à l’épreuve, avec un certain succès, à l’international.

Le challenge international de demi-fond est incontestablement au centre de ce nouveau projet puisant ses racines à la fois dans l’ADN du club et dans les enjeux internationaux futurs matérialisés par les « IAAF World Relays » délaissant Nassau (Bahamas) pour Yokohama (Japon).

Dans le nouveau concept du challenge apparu lors de l’édition 2018, les relais se sont substitués (chez les jeunes uniquement) aux courses individuelles. Les passionnés d’athlétisme connaissent l’ambiance que font naître les courses de relais, inscrites généralement aux programmes des compétitions d’athlétisme, telles le 4x100 et le 4x400 ou ce « Relais d’argent » qui marque indélébilement le « Challenge des Aurès » renaissant cycliquement de ses cendres.

Il est possible d’imaginer l’actuel challenge international de demi-fond, renversant les habitudes solidement ancrées avec une importance accrue accordée aux jeunes avec un programme repoussant vers la marge les courses des grands (espoirs et seniors) devenant alors accessoires.

Il est en effet notoire que les meilleurs représentants algériens de courses de demi-fond sont indisponibles, en préparation quelque part à l’extérieur des frontières, ou engagés dans une tournée de batailles avec les seconds couteaux des pays visités.