Sans qu’il n’y paraisse, ce repli sur soi de l’athlétisme algérien
avait eu pour effet majeur de donner une forme matérielle à la parole populaire
faisant qu’au pays où règne la cécité intellectuelle les boiteux régentent.
Les athlètes des clubs les mieux nantis, bénéficiaires d’avantages et
autres privilèges le plus souvent liés à la proximité (aides de la fédération,
du ministère et comité olympique), ont monopolisé le devant de la scène
sportive, trustant, à qui mieux-mieux, titres, accessits et autres records. Ils
ont été à l’origine d’une sorte d’incitation attractive encourageant la
migration endogène en étant également les bénéficiaires de l’émigration
sportive qui n’est venue titillée l’esprit commun des citoyens en situation de
se projeter vers cette idée.
Le « plus pire » dans cette polémique stérile, alimentant un microcosme
inefficient, ayant pour objet la migration des athlètes est le dernier coup de
massue, estocade portée par les ex-leaders du coaching algérien à leurs pairs,
à ceux qui se débattent (on ne le sait que trop) dans la difficulté quotidienne
d’un sacerdoce sans horizon, à ceux qui luttent, Don Quichotte des temps
modernes, contre les moulins à vent érigés par un système sportif défaillant et
un système de compétitions peu productif en performances mais facilitateur de
l’introduction d’un athlétisme tout en dualité, à la fois à deux vitesses, à deux
temporalités et à deux espaces.
On distingue, lorsque l’on veut bien faire l’effort de voir, l’existence
de plusieurs formes d’athlétismes juxtaposées l’une à côté de l’autre. Il
existe en premier lieu celui qui se pratique sur les stades d’Algérie et qui
clôt sa saison en juillet avec le championnat national. C’est celui des
amateurs antinomique de celui auquel appartiennent ceux qui se bercent des
illusions de professionnalisme fait essentiellement d’obligations de résultats
sans la possibilité de faire valoir un quelconque droit.
Le second de niveau de pratique est cet autre athlétisme qui se
décline sur les stades d’Europe, entame sa saison en mai-juin pour l’achever
avec les étapes les plus importantes des échéanciers internationaux.
C’est aussi la mise en place de règles qui s’appliquent à une minorité
tandis que d’autres intéressent la majorité qui n’est pas concernée par les
décisions les plus avantageuses proposées et validées par ces lobbies
noyauteurs des instances fédérales.