lundi 22 octobre 2018

Ali Saidi-Sief (51), Azaidj : de Boghar au toit du monde


La pratique de la préemption fait partie des rouages, de la mécanique fonctionnelle de l’athlétisme. Nous avons souvenir que, quelques années plus tôt avant que Saïdi-Sief n’opte pour le MCA, au tout début de la décennie 1990, d’une situation de préemption, visible à tous, quasi-similaire à celle du coureur de Hamma. Il s’agit de celle de Yahia Azaidj, un cadet au talent malheureusement incomplètement développé.

Lui aussi, plus précocement, avait vu sa vie basculer. Quelques heures séparant la fin d’une course et la  montée dans le bus pour le retour à la maison avaient suffi pour passer d’une fin de matinée au début de l’après-midi. Deux instants symboliques du franchissement de la barrière marquant les territoires de l’insignifiance, inscrite dans le regard hautain porté au pays profond par l’algérocentrisme dominateur, et la mise en lumière éblouissante née de la révélation sur le champ de bataille national sur lequel Merlin l’enchanteur ou le djinn de la lampe magique d’Aladin serait intervenu.

Yahia Azaidj est ainsi passé de Ksar El Bokhari à l’équipe nationale junior de cross-country, puis à l’équipe nationale U20 (on disait alors juniors) d’athlétisme qui se déplaça aux championnats du monde de la catégorie qui se  disputèrent à Plovdiv (Bulgarie) au cours des mois qui suivirent sa percée et enfin, pendant de longues années, et l’équipe fanion qu’il quittera par une dernière course à l’édition 2008 des championnats du monde IAAF de cross-country .

Ksar El Bokhari a été connue sous le nom de Boghar. La ville est restée tristement célèbre dans les mémoires des anciens pour avoir été, lors de la guerre civile espagnole de 1936, un centre d’internement des réfugiés fuyant le franquisme.

Puis, pendant la guerre de Libération Nationale, il reçut les combattants de l’ALN et les militants du FLN faits prisonniers par l’armée française et condamnés à la réclusion et aux sévices.

Et enfin, après l’indépendance, ce même camp d’internement à la triste renommée fut transformé en un bataillon disciplinaire accueillant les jeunes insoumis aux obligations du service national et les jeunes étudiants réfractaires à l’idéologie dominante d’alors. La ville était réputée pour la rudesse des conditions de vie dignes du bagne.

Yahia Azaidj, natif de cette petite ville d’altitude moyenne (800 m), aux écarts de températures importants oscillant entre les chaleurs torrides du Sud et le froid rigoureux des Hauts-Plateaux, a fait partie de ces myriades de jeunes athlètes préemptés par le Mouloudia d’Alger, régnant en suzerain sur l’athlétisme.

Sa carrière sportive est restée (comme celles de tant d’autres) éloignée des ambitions chronométriques qui lui étaient pronostiquées. Amar Bouras, alors entraîneur de Hassiba Boulmerka et Azzedine Brahmi, et bien d’autres respectables spécialiste des courses de demi-fond voyaient alors en Azaidj le premier coureur algérien capable de courir le 5 000 mètres en moins de 13 minutes s’il passait sous leur coupe.

Ces projections ambitieuses ne se réalisèrent point. Yahia Azaidj est resté bien en retrait par rapport à cet objectif chronométrique. Il réalisa toutefois une carrière sportive internationale, somme toute plus qu’honorable, agrémentée du nec le plus ultra en matière de sélections dont celles pour les championnats du monde de cross-country (43ème en 2008 à 36 ans) et d’athlétisme et toutes les sélections pour les compétitions internationales intermédiaires (africaines, arabes, etc.) qui classent un coureur dans la hiérarchie algérienne.

Sa carrière se poursuivit jusqu’en 2008 avec de très estimables résultats dans les courses de fond (2 heures 14 minutes au marathon national de…. Mostaganem en 2006 dont le tracé avait tout à envier aux circuits internationaux réfléchis pour permettre aux coureurs de réaliser des chronos).

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