dimanche 22 mars 2015

Ces dames d’un autre univers


Ces dames d’un autre univers
                                                                                           (A. Ellème)
En athlétisme, les dames ont porté haut et très haut les couleurs nationales. Certaines même au plus au niveau mondial. Récoltant, dans la première discipline olympique, des titres de championne d’Afrique, du monde ou des jeux olympiques. Quand ce ne sont pas les titres, elles ramenaient dans leurs bagages des médailles qui n’étaient pas de ….chocolat. Des médailles pleinement méritées au vu de la concurrence.
Sakina Boutamine, Bendahmane, Hadj Embarka, Dalila Mial, Hassiba Boulmerka, Yasmina Azzizi, Nouria Benida-Merah d'hier et d’avant-hier, tout comme Souad Aït Salem aujourd’hui, font partie de ces drôles de dames que l’on peut porter, instinctivement, sur le trône des déesses du sport.  
Dans le domaine sportif, avec leurs consœurs d’autres disciplines individuelles ou collectives, elles ont repris le flambeau, levé bien haut vers le ciel et le soleil, qu’avaient tenues les lycéennes, les étudiantes, les « petites Fatma » qui avaient rejoints les rangs de la Révolution en faisant la liaison entre les unités combattantes, posant des bombes, soignant les blessés et les malades, préparant la popote. Elles ont été et sont les moudjahidates des temps modernes. Comme leurs mères, elles ont défié des tabous bien incrustées dans les esprits de ceux que le défunt psychiatre constantinois, le docteur Bensmaïl, désignait, dans ses conférences dans les années 70,  par le terme de « demi-cultivés » qui, au fil des années, sont devenus légion autour de nous.  
Il existe d’autres femmes dont on parle moins dans les médias et qui ne font pas la une des titres ou des rubriques. Pourtant, elles ont autant de talents et plus de volonté, de certitudes que les esprits mesquins qui les environnent ou  que celles que nous avons citées. Il est vrai qu’elles ne figurent pas sur les podiums internationaux, ni quelquefois même nationaux (encore que… à bien chercher, on pourrait trouver !).
Nous voulons parler de ces quinquagénaires (ou qui le seront dans peu de temps), mères de familles et presque grand-mères qui pratiquent encore la course à pied en compétition sans être véritablement ridicules. De ces dames encore alertes pour courir des cross, des courses sur route et des marathons comme si elles étaient de première jeunesse. Avec au final des chronos (entre 3 heures 40 et 3 heures 50 sur marathon) dont rêvent beaucoup d’athlètes masculins et a fortiori une quantité indénombrable d’hommes dont la préoccupation n’est certes pas la course.
Amina Chabane (la plus jeune franchira la barre des 50 ans l’an prochain), Ouassila Aissani (la plus âgée avec ses 52 ans au compteur de la vie, reconnue par tous et toutes - elle court depuis si longtemps qu’elle-même a oublié quand elle a débuté la course à pied sous la houlette d’Abboud Labed –) et, pour compléter le trio, Fatima Zohra Oulmi  qui défie (la cinquantaine fêtée au début de l’hiver) les meilleures en cross (22ème du dernier national à Tizi Ouzou et 26ème l’année dernière).
Le parcours de cette dernière est des plus surprenants. Débutant par la course à pied, virant ensuite vers la marche, elle fut une des meilleures de son époque, en remportant des titres de championne d’Algérie sur le 5 kilomètres marche (et se classant même au début des années dans le « Top Ten africain », en faisant partie des sélections nationales. Avant de consacrer aux études, à sa carrière professionnelle (elle exerce actuellement dans un cabinet d’expertise comptable) et à l’activité, la plus noble qui soit, de mère de deux enfants dont l’aînée subira les prochaines épreuves du bac. Après une longue interruption de la pratique sportive de compétition, elle revenue courir sur le bitume des courses sur route où elle devance (avec ses deux comparses) des hommes plus jeunes qu’elle.
Elle est aussi revenue à la pratique de la marche en se classant à la 2ème place du championnat national 2014 sur 20 kilomètres.

Un grand bravo à ces dames venues d’une autre planète en attendant les résultats des compétitions nationales à venir où F.Z Oulmi ne sera certainement pas ridicule.

In El Acil du 23/03/2015

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