lundi 27 avril 2015

Stade Chahid Hamlaoui, La rentabilisation passe par la caisse


Le complexe sportif chahid Hamlaoui est apparemment devenu une enceinte réservée aux seules personnes connues et reconnues par le personnel de gardiennage dont l’importance est de plus en plus flagrante au point que l’on peut considérer qu’il prend des décisions en lieu et la place de la direction. D’ailleurs, le degré de présence de celle-ci peut se mesurer à l’inverse du tour de taille du premier responsable ventripotent qui prend pour modèle ses collègues rondouillards du secteur des sports.
Nous avons, à plusieurs reprises, relaté dans ces mêmes colonnes quelques uns des écarts et des comportements ineptes de ce personnel recruté on se demande dans quelle contrée où le sport n’a pas le droit d’exister, où la culture sportive est inexistante ou le savoir-comprendre puis parler ne fait pas partie des mœurs.
Rappelons entre autres les propos tenus à un parent de sportive qui (pour la première fois accompagnait sa fille pour une séance d’entrainement au stade d’athlétisme qui n’en porte que la plaque) voulu entrer dans le parc de stationnement du bloc administratif et en fut empêché par un gardien sous le prétexte que l’accès était seulement permis à ceux qui en ont payé le droit d’entrée. Pour ces cerbères, entrer dans le parc, déposer sa fille (ou son fils)  et repartir avant de revenir plus tard pour les récupérer ne fait partie des usages en vigueur dans cette infrastructure relevant des biens de l’Etat. Le parc du stade ne vaut guère mieux, semble-t-il, qu’un parking sauvage dans un des quartiers populaires de la ville où le gardien agite son bâton devant l’automobiliste récalcitrant à payer la dîme.
Rappelons aussi cet incident, en marge du meeting national d’athlétisme handisport où les cars transportant les délégations participantes furent dans l’obligation de stationner en dehors de l’enceinte. Ce fut un gardien encore qui prit la décision (ou du moins en fit part aux invités de la ligue constantinoise handisports, organisatrice de cette compétition, placée sous l’égide de la fédération nationale, et qualificative pour les compétions internationales, à laquelle participèrent des champions du monde et des champions paralympiques) de l’interdiction de garer sur le parking.
C’est par contre le directeur du stade (en personne) qui s’emporta (nous a-t-on raconté) contre les dirigeants d’une association sportive handisports qui voulaient des explications sur la fermeture des installations sportives annexes (salle de musculation) à la barbe et au nez de leurs athlètes en préparation pour une compétition internationale à Doha (celle où une justement une des athlètes renvoyées battit le record du monde de sa classe et de sa spécialité).
Le dernier incident eut lieu hier, quand - nous présentant au stade d’athlétisme pour y recueillir des informations complémentaires sur l’athlète constantinoise (Souheir Bouali) retenue dans la sélection nationale (voir ci-contre) qualifiée pour les championnats arabes d’athlétisme (Bahreïn, 22 au 25 avril) et ambitionnant d’y remporter deux médailles d’or - un gardien (du moins une personne revêtue du gilet floqué OPOW) s’interposa pour nous empêcher d’accéder au stade d’athlétisme. Nous étant présenté, il nous fut répondu que cette journée (vendredi), seuls les jeunes étaient autorisés à s’entraîner, que je pouvais revenir un autre jour avec les « vieux » (« Lekbar »). Notre tenue prêtant à confusion (training, survêtement, K-way, casquette), nous lui redîmes notre fonction et lui expliquèrent que nous ne venions pas pour un footing (ce qui semblait être sa fixation) mais pour exercer notre mission. Reconnaissons que difficilement nous nous fîmes comprendre et  qu’il nous autorisa à continuer notre chemin. L’ayant entendu cependant se plaindre à ce qui paraissait être un de ses supérieurs, nous revînmes sur nos pas pour clarifier les choses. C’est là que nous eûmes la désagréable surprise de nous entendre dire que pour pouvoir nous entrainer (encore une fois !) nous devions passer à la caisse pour payer un abonnement mensuel de 1 500 dinars. Pour le personnel du stade, il est impensable qu’un journaliste se déplace pour rencontrer de jeunes athlètes. Un vendredi matin de surcroit. Les journalistes ne sont portés que sur le football, semble-t-il.

De cet incident, nous devons retenir – qu’en dehors des rencontres de football - le journaliste n’est repérable que s’il porte une tenue correcte (costume trois pièces ?) et que la rentabilisation des infrastructures sportives construites par l’Etat passe par un passage à la caisse de ceux qui ont le malheur de s’y rendre pour une raison ou pour une autre. Heureusement que, compte tenu de sa localisation, un déplacement au stade Chahid Hamlaoui doit être véritablement nécessaire. Une explication également à la déconfiture du sport constantinois. Il suffit de se présenter à ce fameux stade d’athlétisme pour se rendre compte que le nombre de notables payant leurs séances de maintien en forme (ce qui est tout à leur honneur par ailleurs) sont aussi nombreux que les véritables athlètes soumis à mille et une contraintes parce qu’ils pratiquent gratuitement.

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