L’argent du pétrole
coule à flots. Tant que la rente pétrolière sera disponible (même avec les
restrictions qu’impose le recul foudroyant du prix du baril), les
« techniciens » du sport, ces fameux experts que l’on retrouve dans
les institutions administratives du mouvement sportif national auront de grands
projets ou du moins ils entérineront, adopteront, adosseront les projets
somptuaires des dirigeants des associations sportives proches de leurs sous mais généreux avec ceux
de l’Etat et des contribuables.
C’est notre point de
vue sur ces fameux projets de
« grands stades » qui fleurissent un peu partout à travers le pays,
du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et bien sur au Centre où les projets de ce
type seront pléthore. Partout, à Oran,
Tizi Ouzou, Constantine, Sétif on annonce, à grands renfort de trompettes, la
réalisation de nouveaux stades pouvant accueillir 50 000 spectateurs. Même
Béjaïa, qui devait être dotée d’un stade de 30 000 places, s’est trouvée à
l’étroit et aurait obtenu des pouvoirs publics la construction d’un stade de
40 000 places.
Ces « grands
stades », s’inscrivent dans la ligne des grands projets, des projets d’infrastructures
de prestige où ils rejoignent les projets de grandes mosquées dont se dotent
les chefs lieux de wilaya. Comme toujours, ce sont les apparences qui sont mises
au devant. Pour convaincre les « décideurs » enclins à adopter les
points de vue des représentants auto-désignés de la masse populaire, il est
fait appel à des situations exceptionnelles, à quelques rencontres-chocs ayant
connu une saturation des enceintes sportives, d’incidents conséquences d’une organisation inadéquate,
d’une inadaptation d’infrastructures dépassées où une majorité de resquilleurs
occupent les gradins aux dépens de ceux qui ont payé leurs tickets d’entrée.
On oublie de dire que
ces situations exceptionnelles sont rares et que, lors de la majorité des
rencontres, les stades sont vides. L’affluence fluctue avec les résultats. Les
équipes se valent dans la médiocrité, luttent dans le même temps pour le titre
ou l’accession et pour la rétrogradation. Il est cependant vrai qu’une
dynamique de victoires attirent les supporters et qu’une spirale de défaites
les fait déserter les stades.
Mais les statistiques
des affluences sont inexistantes. Même si le nombre de tickets vendus pourrait
être disponible, il n’est pas divulgué entrainant des polémiques sans fin entre
les gestionnaires des stades et les dirigeants de clubs sur le thème du montant
de la recette à verser ou à percevoir.
Suite à des surcouts
liés aux dépassements des délais de réalisation et d’études précipitées et de
ce fait immatures, les couts sont faramineux, supérieurs (en millions d’euros)
à ceux de stades de même contenance construits dans d’autres pays du bassin
méditerranéen. Des pays dont la population est supérieure à celle de notre pays
et qui malgré cela, arrivent difficilement à les remplir régulièrement. Comme
nos enceintes sportives de 15 000 et 20 000 places ne sont pas
régulièrement remplies. Il s’agit en fait, quelquefois cela est avoué, de se
préparer à postuler à l’organisation de manifestations sportives
internationales de haut niveau qui ne nous sont pas attribuées.
Les projets de stades
sont disproportionnés. Si les grands stades de 40 000 et 50 000
places sont l’apanage de grandes villes où il est vrai (cela ne doit pas être
complètement occulté) une certaine masse populaire suit les rencontres, les
autres chefs-lieux de wilayas souhaitent eux aussi héberger leurs équipes de
« Nationale 2 » (professionnelle et amateurs) dans de grands stades, de dimensions plus
réduites certes mais toujours plus imposants que ceux existants mais aux
affluences elles aussi réduites.
On comprend que la
rentabilisation de ces infrastructures gigantesques par la billetterie est plus
qu’aléatoire à raison de deux rencontres (en moyenne) par mois et qu’il faille
utiliser d’autres moyens pour réduire un déficit perceptible dès la conception
du projet.
Sauf que la
« rentabilisation » d’une infrastructure sportive se détermine par
l’importance de la pratique, du niveau de développement du sport, du nombre de
rencontres qui se jouent sur un terrain, de la quantité de champions qui en ont
émergés. Et que ces infrastructures imposantes et couteuses (dans la
réalisation et la maintenance-entretien) sont réservées pour la frime, la
parade, les apparences.
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