La semaine dernière
s’est achevée sur un fait lié au monde du football rapporté comme si de rien
n’était, comme un fait divers sportif, une information sans importance, par la
presse sportive nationale. Une information qui, si elle concerne un club (la
JSM Béjaïa) en proie à une crise indescriptible et incompréhensible, traduit en
réalité le mode de fonctionnement des clubs sportifs algériens, ces SSPA supports
de la promotion du professionnalisme imposé par les instances sportives
internationale (FIFA et CAF pour ce qui concerne l’Afrique).
Dans leur vision du
monde sportif, ces instances sportives ont privilégié, sous l’impulsion du
libéralisme (l’idéologie dominante dans les pays occidentaux avec pour pivot la
Suisse) la primauté du marché comme moteur du développement de la pratique de
la discipline sportive qu’elles régissent sur une aire géographique (Europe,
Amériques, Asie, Océanie) définie par sa richesse économique où la régulation
par les pouvoirs publics (les Etats) est quasiment inexistante, remplacée par
un équilibrage via « les mains invisibles » et les puissances
d’argent.
La JSM Béjaïa, club
professionnel algérien par excellence, - après une embellie d’environ une
décennie – connait une période de remous et de déstabilisation qui l’ont
conduit des cimes du football algérien (elle est détentrice d’une Coupe
d’Algérie, de participations aux compétitions continentales signe qu’elle a
fait partie de l’élite footballistique) à une relégation en Ligue 2 où elle
tente d’échapper à une seconde relégation consécutive qui la conduirait en
« Division Nationale Amateur », l’excluant ainsi du monde des
professionnels.
Au lancement du
professionnalisme, la JSM Béjaïa a présenté un des modèles possibles de la mise
en place de ce mode de gestion et de fonctionnement du football. Elle a fait
partie, dès les premiers mois, de ces clubs qui ont ouvert très rapidement leur
capital social en le portant à plusieurs milliards de centimes contrairement à
la majorité des clubs qui se sont contraints à respecter la limite juridique
minimale par un souci de restreindre la dispersion du pouvoir de décision en
des mains amicales, d’éviter l’éparpillement.
Comme toutes les
entreprises du secteur privé algérien et bon nombre d’institutions, le
fonctionnement des SSPA est par essence paternaliste et gérontocrate. L’état de
faiblesse du dirigeant entraine un émoustillement des appétits de pouvoirs et
la naissance puis l’attisement des rivalités internes. C’est dans ce cycle de
dégradation et de décadence que s’est retrouvée la JSMB avec la remise en cause
de Boualem Tiab et consorts précédée par la détérioration de l’état de santé du
patriarche qui avait porté pendant des années un club qui avait été petit parmi
les petits.
La fratrie des Tiab
avait su gérer le club, selon la formule consacrée, « en bon père de
famille ». Le rapprochement avec les autorités locales faisait partie des
outils de bonne gestion en vue d’une élévation de standing permettant, ainsi à
tout un chacun, un bon retour sur
investissements valorisé non pas par des gains financiers mais par une
exposition médiatique de qualité.
La situation
gravissime de la JSMB (elle joue sa survie sportive en Ligue 2 et son existence
en tant que club) a conduit les dirigeants, les sages et la amoureux du club à
se tourner vers les autorités locales en tant que dernier recours, en solution
ultime au péril né de la discorde régnant au sein, dit-on, du conseil
d’administration de la SSPA.
Alors que les
difficultés se font pressantes (comme dans nombre de clubs), c’est la
périphérie (supporters, anciens dirigeants, anciens joueurs, les fameux
« sages et amoureux », les dirigeants du CSA) qui interfère à nouveau
après avoir été à l’œuvre dans l’orientation donnée en début de saison. Dans
l’impossibilité d’agir légalement, ces mains visibles ne peuvent trouver une
aide salvatrice (surtout lorsqu’elle est d’ordre financier, ce qu’elle est trop
souvent) qu’auprès des pouvoirs publics, signant ainsi un retour sous l’aile
bienfaisante de l’Etat régulateur et démontrant ainsi l’incapacité des forces
populaires à se prendre en charge.
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