mardi 23 juin 2015

Salaires des joueurs, Chicoto and c°



Mohamed Chicoto est un joueur recruté l’été dernier par l’ASM Oran. Un joueur nigérien qui ne s’est pas trop fait remarquer par ses exploits sportifs bien qu’il ait été retenu pour faire partie de l’équipe nationale de son pays et qu’il ait participé à trois éditions de la Coupe d’Afrique des Nations. Comme tous les joueurs de football, Chicoto n’a pas été exempté de la phase d’adaptation et d’intégration à sa nouvelle équipe, à sa manière de jouer, à l’organisation de son nouveau club. Une phase qui est commune à tous les joueurs y compris les plus grands qui se retrouvent en outre en pays étrangers, dans des sociétés dont les règles de vie sont différentes de celles du pays d’où l’on vient et où communiquer n’est pas toujours aisé.
Comme beaucoup de ses pairs, les joueurs algériens et les joueurs étrangers évoluant dans le championnat professionnel de football, Chicoto a bénéficié d’une avance correspondant à trois mois de salaires qu’il a été tout heureux d’empocher. Un pactole qui laissait présager, pour ce joueur subsaharien (l’observation est tout aussi valable pour un joueur algérien), le paradis. Mohamed Chicoto s’est retrouvé exactement dans la situation de dépaysement qui serait celle d’un joueur algérien qui s’expatrierait pour jouer en Tunisie, en Egypte, en Turquie, dans un des pays des Balkans, etc., et s’engagerait dans un football véritablement professionnel (ou du moins plus professionnel que celui que l’on vient de quitter) et où la rémunération serait, semble-t-il plus conséquente, parce que perçue dans une monnaie convertible ou aisément convertible.
Pour son malheur, Chicoto n’a pas eu le temps d’exprimer son talent, de montrer sa valeur footballistique. Préparation estivale, quelques matchs d’application et amicaux et une sélection ave son équipe nationale qui lui vaut de revenir à Oran, à l’ASMO, avec une blessure. Un contexte des plus perturbateurs pour un joueur à la recherche de ses repères. Une situation qui s’aggrave avec la non-perception de salaires, modifie les attentes, les perspectives et les projets. Heureusement, tous les autres joueurs sont concernés ce qui  atténue un tant soit peu la colère, le sentiment de révolte qui gronde au fond de l’esprit.
Mohamed Chicoto ne fait pas de vagues. Il retient son amertume. Fais comme les autres. Il attend le versement des salaires qui … s’éternise. Pendant 6 mois, il ne voit rein venir. Rien qui ressemble à ne subvention, à un apport d’argent frais par des sponsors. Rien de rien, toujours rien ! Jusqu’au jour, où il apprend incidemment qu’une partie de ses coéquipiers a perçu quelques mensualités.      
Mohamed ne comprends pas que ses dirigeants n’aient pas pensé à faire un geste envers lui, l’expatrié ne disposant d’aucune autre ressource dans le pays. Le mettre simplement dans le groupe des premiers payés. Puisqu’il y a plusieurs groupes, une sorte hiérarchisation des prioritaires. Il s’est senti dans la peau d’un mendiant quémandant quelques sous pour survivre alors que dans les comptes du club des millions par centaines auraient du être versé dans son propre compte. Un mendiant sans le sou dormant sur un tas de billets virtuels. D’un immigrant clandestin qui doit se faire petit.
Mohamed a rué dans les brancards, a fait entendre sa voix, a réclamé son argent. Rien de plus, l’argent qu’on lui doit. Des confrères ont sauté sur l’opportunité offerte pour médiatiser le sujet et fustiger les dirigeants de l’ASMO. En partie à juste raison. Mais, aussi avec des intentions inavouées et inavouables de nuire à l’association et au joueur, invoquant sa blessure, le désir de libérer à la fin de la saison, etc. Des pratiques de bas étage que l’on met en avant lorsque l’on veut dénouer un contrat qui dérange.
Mohamed Chicoto a su garder raison. Pas trop de bruit, pas de propos inconsidérés. Réduisant à néant les vaticinations journalistiques, il a vu la solution dans la saisie de la chambre de résolution des litiges quoiqu’il lui en coûte. Une menace (ou une réalité) qui n’avait pas besoin d’être brandie

Finalement, les dirigeants de l’équipe oranaise se sont fait entendre. Chicoto sera payé avec le second groupe. Tout est bien qui finit bien. Mais, à nouveau, ils (les dirigeants) ont été piégés pour n’avoir pas su communiquer avec leurs propres joueurs.  

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