vendredi 17 juillet 2015

Communication, Les vérités qui fâchent

)

C. Kerbrat-Orechionni, dans un ouvrage de linguistique (₺Enonciation, de la subjectivité dans le langage), s’est intéressée aux interactions langagières mises en jeu dans un processus de communication dépassant le célèbre (et simple) « schéma de la communication » de Roman Jakobson, en proposant un enrichissement devenu  « schéma de l’énonciation » (appropriation individuelle du langage) beaucoup plus complexe avec l’incorporation d’aspects sociologiques, psychologiques, idéologiques, culturels, cognitifs, etc. qui font que les individus ne parlent pas de la même manière et ne se comprennent pas. Le populaire dirait que les actants de la communication ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Des mots sont dits, des actes sont réalisés par l’émetteur mais restent incompris par le destinataire. Une situation cocasse mais bien réelle qui peut faire le bonheur de sketches d’humoristes.
Le monde du football n’est pas dépourvu de ces situations hilarantes. Bien au contraire. Tout, dans le football, est propice au burlesque qui confine à l’incompréhension dramatique lorsque les sphères énonciatrices sont en complet déphasage et qu’elles emploient, pour transmettre leurs messages autrement inaudibles, une médiation (la presse) impliquée, intéressée par les équivoques et les quiproquos qui en résulteront. Le messager devient traducteur des pensées de l’un et transmet à l’autre un message édulcoré. Chaque destinataire devient source amplifiant la distorsion, le parasitage du discours (déclaration) initial. La mise en scène visuelle, auditive, scripturale participe de la trahison messagère, accrue elle-même par le décryptage qu’en font, en bout de course, les lecteurs.      
Les formules choc employées en communication, raccourcis de la pensée incomplètement formulée, pour marquer les esprits des autres laissent souvent des traces qui marquent les esprits des destinataires qui, à la moindre occasion offerte (surtout en période de crise) les font revenir à la surface pour les renvoyer dans un effet boomerang du plus bel effet surprenant et ravageur.
Mohamed Legraâ, joueur en disgrâce auprès des dirigeants de l’ES Sétif, vient de réagir suite aux commentaires au vitriol (il s’agissait de disqualifier, auprès des supporters, un joueur avec lequel ils avaient déjà eu un contentieux) en apportant des précisions inattendues d’une personne, d’un joueur de football dont la roublardise ne peut rivaliser avec celle de ses aînés : son président et son entraineur. Il s’en suit une sorte de règlement de compte (ou un solde de tout compte) qui indique que le joueur a atteint un niveau de saturation insoutenable mais qu’il conserve sa sérénité. Son départ est inéluctable !
Les mots, les situations dantesques ne s’oublient pas. Surtout lorsqu’il s’agit de faire mouche après avoir subi une série de médisances. A ₺chantage₺ et ₺couteau sous la gorge₺, il oppose ₺confiance₺ et ₺parole donnée₺. A perception d’un droit (550 millions) il ajoute désistement d’une partie de son  dû (300 millions) tus par ses détracteurs.
Alors que son président et son entraineur veulent l’isoler, il rappelle (sans tirer la couverture à soi) qu’il appartient à un groupe de joueurs qui a rapporté 70 milliards à son club et qu’ensemble (tous les joueurs), ils ont consentis des sacrifices « pour porter très haut les couleurs de l’ESS ».
A propos de ses exigences salariales (220 millions par mois) pour renouveler son contrat avec son équipe, il trouve qu’elles sont normales puisque soumises à négociation et que ce salaire est perçu par des joueurs qui n’ont pas joué 10 matchs contrairement à lui qui fait partie des joueurs ayant le plus de temps de jeu. Au jeu des comparaisons, on comprend qui est gagnant. Mieux même, ce joueur de caractère (qui certainement pour cette raison dérange et lui a valu de ne pas être titularisé en Super coupe d’Afrique) envoie Hammar dans les cordes en acceptant, devant la presse (et les lecteurs-supporters sont pris à témoin), de renouveler sans augmentation de salaire.

Legraâ est  sans doute conscient que le contrat ne sera pas renouvelé. Il en profite donc pour solder ses comptes avec Madoui, l’entraineur qu’il respecte pour la fonction qu’il occupe et les remarques techniques qu’il pourrait lui faire et en profite pour lui décocher une flèche de Parthe : il (Madoui) devrait éviter de s’immiscer dans des prérogatives qui ne sont pas les siennes alors que lui laisse marcher sur ses plates-bandes permettant à d’autres de faire l’équipe et de commander les changements.  A moins qu’il n’y ait, dans la maison Entente, confusion de genres.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire