C’est à Béjaïa que le
football exhibe les aspects les plus désopilants de pratiques qui, en fin de
compte, suscitent autant la pitié que le rire. Ailleurs, dans toutes les villes
du pays qui abritent une équipe professionnelle, la commedia del arte est aussi
présente que dans les caravansérails de la capitale des Hammadites. Elle se
joue cependant dans des cercles fermés à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes,
loin du public. Quoiqu’on en dise, c’est le même scénario qui est proposé dans
32 (et même plus, si l’on y comptabilise les équipes reléguées en DNA - division
nationale amateur - et celles qui aspirent à remonter en Ligue 2) groupes
sociaux, regroupements claniques cooptés qui ont pris en otage le football
local et national.
Alors que partout le
prétexte de courir (ou de faire courir) derrière un ballon rond un groupe de
jeunes adultes en pantalons raccourcis est avancé, sous la bénédiction muette
des correspondants de presse embrigadés et supporters avant tout de l’équipe
locale, à Béjaïa, le monde du football a dévoilé la réalité décapante dont l’un
des aspects est relaté par le joueur Rahal expliquant pourquoi il avait quitté
ce MO Béjaïa où pourtant il se sentait bien et où il aurait voulu poursuivre sa
carrière. Libre de tout engagement avec le club, il s’était présenté au siège
du club pour négocier son nouveau contrat. En face de lui un actionnaire
« assis sur une chaise, les pieds sur le bureau ». Une scène
digne des films western ou des séries B, une attitude, une posture indicatrice
de la position sociale du personnage se croyant le sheriff du coin donc de
l’homme faisant la loi si ce n’est dans la cité du moins dans le club. On
pourrait à la limite tenter de se convaincre qu’il s’agit simplement d’une pose
décontractée mais il n’en reste pas moins qu’elle était plutôt équivoque. Ce
sont justement à partir d’attitudes de ce genre (pour le moins très
décomplexées et rarement racontées et lorsqu’elles le sont toujours a
postériori faisant croire à des rancœurs) qui s’ajoutant à des séries de faits
d’apparence anodines et de déclarations intempestives répercutées avec délectation
que se rompent des relations déjà distendues et que des équipes sont dans
l’obligation de renouveler annuellement leurs effectifs.
Mais à Béjaïa, le plus
important, le plus significatif de la déchéance du football et de ses mœurs se
trouvent dans la polémique qui régit les rapports entre les dirigeants, entre
le CSA et la SSPA et ceux qui s’attribuent cette qualité au nom de…. leur
présence dans la proximité immédiate de la JSMB.
Depuis l’avènement du
professionnalisme dans le milieu du football algérien, la responsabilité de
l’équipe est dans le giron de la SSPA/JSMB et du conseil d’administration qui
se trouve à sa tête. Le CSA/JSMB qui, comme tous les clubs sportifs amateurs du
pays, est à l’initiative de la création de l’équipe professionnelle, n’est plus
qu’une institution sportive en charge des équipes ayant le statut amateur
(toutes disciplines confondues autres que l’équipe professionnelle de football
et ses prolongements que sont les équipes U21, U18, etc.), un cordon ombilical
permettant l’intermédiation entre les pouvoirs publics et le SSPA entrevue
essentiellement par le financement du professionnalisme.
Sur le plan juridique et
administratif, le CSA et la SSPA sont deux entités entièrement autonomes (le
CSA est une association sportive et la SSPA est une société commerciale)
maintenant cependant un lien de filiation à travers la participation du CSA au
conseil d’administration de la SSPA et au financement de la société
commerciale. Le poids du CSA dans la SSPA dépend de l’importance du nombre
d’actions, de la part du capital social détenues et donc de son apport. A la
JSMB, les actionnaires de la SSPA sont aussi membres du CSA. Une double
casquette qui n’est pas préjudiciable au bon fonctionnement de la SSPA mais
perturbe celui du CSA puisque la présence des administrateurs du CA aux
assemblées générales du CSA est une opportunité que saisissent beaucoup pour
interférer dans le fonctionnement de la SSPA et demander des comptes auxquels
ils n’auraient pas droit en d’autres circonstances.
Chacune des deux entités
possèdent sa propre organisation, son propre organigramme. Mais, la confusion
dans les esprits est telle que l’interpénétration est le souci principal, le
moyen de contrôler les flux financiers débloqués par les pouvoirs publics, de
s’approprier une partie plus importante de la subvention étatique.
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