La saison 2014-2015 vient de s’achever. Les joueurs ont pris quelques
jours de vacances. Certains d’entre eux ont emprunté l’avion pour ₺se désintoxiquer₺ à l’étranger, loin des
commentaires de fin de saison et des fuites organisées d’informations, tandis
que d’autres ont rejoint leurs familles et leurs amis pour un retour au calme
bienfaisant à l’écart du tumulte d’un championnat indécis jusqu’à la dernière
seconde.
Alors que les dirigeants ne sont pas encore réunis pour faire le bilan
d’une saison capricieuse à plus d’un titre et que les techniciens s’accordent
un répit avant de reprendre, pour la majorité d’entre eux, leurs bâtons de
pèlerin, déjà circulent dans la presse et dans les discussions des cafés du
commerce, les listes de joueurs à libérer et évidemment à recruter. Le mercato,
le grand souk estival, a débuté sans qu’on y prenne garde mettant en mouvement
un système de vases communicants. Ce qu’un club perd est gagné par un autre
club. Une explication aventureuse au nivellement.
Les meilleurs, un autre aurait dit les moins mauvais, sont annoncés
partout. Ils négocient et auraient tous donné leur accord de principe à tous
leurs interlocuteurs (il faut bien assurer ses arrières et faire monter les
enchères). Toutefois, tous, sans
exception, privilégient la stabilité ou se disent tenus par un contrat moral
avec les dirigeants et (ils insistent sur ce point, le discours étant rodé par
des années de pratiques) les supporters les incitant à négocier en premier avec
le club avec lequel ils étaient en contrat ou le sont toujours.
Quelques uns moins retors, et certainement plus ambitieux ou surs de
leurs qualités, envisagent de faire une carrière professionnelle. Sous-entendu
en dehors des frontières. Oubliant qu’ils ont joué pendant une saison ou plus
dans un championnat professionnel. Un commentaire flatteur dans la presse leur
fait voir d’autres horizons, d’autres possibilités. Il faut les comprendre, ils
ne se considèrent pas comme professionnels bien qu’ils perçoivent une belle
rémunération et d’autres avantages dont, en d’autres circonstances ou d’autres activités,
ils ne pourraient rêver. D’ailleurs, leurs salaires et leurs primes sont
toujours objet de retard de deux, trois, quatre mois et, dit-on dans certains
clubs, jusqu’à huit. Et, les techniciens renvoyaient après deux ou trois
insuccès successifs d’une équipe dont la composition a été, mille fois
remodelée et imposée par les dirigeants et encore les supporters, bien que les convenances soient respectées, ne
sont pas exempts.
La gestion, nous l’apprenons au fil des années et des belles paroles
mielleuses, est une activité à la portée
de n’importe quel quidam. Les milliards nécessaires au « bon fonctionnement
« du club se trouvent, à en croire les plus optimistes (ou les plus
naïfs) au coin de la rue ou sous les sabots d’un cheval (ou d’un poney) du club
hippique décrépit du quartier. Il est également aisé de convaincre les
« bons » joueurs libres de tout engagement par une phraséologie
ampoulée donnant la part belle aux chiffres suivis de six zéro qui font les
héros d’un été. Les autres laissés libres ou libérés ne font jamais l’affaire
sauf en dernier recours lorsqu’on a épuisé la « short-list », mais
pourtant longue comme un jour sans pain puisqu’il faut remplacer la dizaine,
douzaine ou même quinzaine de joueurs renvoyés pour insuffisance technique ou
incompatibilité d’humeur.
Les jeunes joueurs du cru - dont on avait glorifié le talent, les qualités
physiques et morales à la fin de la saison précédente quand ils bouchaient les
trous, remplaçaient au pied levé les absences et autres défections des ₺stars₺ en proie à des blessures ou à des désillusions financières, sans
avoir la chance de renouveler régulièrement leurs prestations au nom des
exigences de résultats - sont aussi placés sur la ₺black liste₺. Pour
satisfaire les ₺supporters₺ (ne serait-ce pas en réalité des correspondants de
presse) avides de ₺grands joueurs₺, de succès répétés, tous les exercices de
contorsionniste sont appelés à la rescousse. L’obligation d’un groupe de
joueurs du centre de formation est une illusion que l’on fait miroiter aux yeux
des instances et du public.
Broyés par la mécanique
impitoyable, ils iront faire leur apprentissage ailleurs dans les divisions
inférieures avant que l’on prenne conscience du diamant brut que l’on a ignoré
et qu’il faut maintenant faire revenir au bercail en payant au prix fort. Comme savent le
faire si bien les Mouloudia.
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