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es hautes sphères du
mouvement sportif international, c'est-à-dire les dirigeants du niveau le plus
élevé qui soit dans les fédérations internationales les plus importantes, la
FIFA et l’IAAF sont en prises avec la justice. On ne compte plus ceux qui sont
inculpés, mis en examen par des tribunaux et ceux qui sont suspendus ou mis à
l’écart par les comités d’éthique engagés dans une action prétendument
salvatrice.
Après Blatter,
Platini, Bin Hamman, Waner, Texeira et consorts, tous très hauts dirigeants
(président et vice-présidents) de la fédération international la plus riche
(FIFA), c’est l’instance faîtière (IAAF) de la première discipline olympique
(l’athlétisme) qui est confrontée aux juges d’instruction, procureurs et autres
enquêteurs de la justice civile après que des investigations internes aient eu
lieu.
Dans les deux cas, les
dirigeants impliqués le sont sous les accusations de corruption et de
blanchiment d’argent. Les uns (dirigeants de la FIFA) pour avoir perçu des
pots-de-vin au cours du processus d’attribution de Coupes du monde de football
et les autres (ceux de l’IAAF), selon les informations distillées, pour fermer
les yeux sur des cas de dopage avérés, le fléau de ces épreuves athlétiques qui
de plus en plus suscitent suspicion.
Dans l’ « affaire
Lamine Diack », du nom de l’ancien président de la fédération
internationale d’athlétisme dont le mandat est arrivé à expiration à la fin du
mois d’août dernier, à la veille des derniers championnats du monde de la
discipline, les prémisses seraient apparus dès 2011 et se seraient
médiatiquement emballés à la fin de l’année 2014 avec la participation d’une
chaîne de télévision publique allemande (ARD) et le titre de référence
de la presse sportive quotidienne française (L’Equipe) puis au
début de l’été, à l’approche des championnats du monde de Pékin, la presse
britannique dont le Guardian et le Sunday Telegraph.
Il y a près d’un an, L’Equipe
révélait qu’une enquête interne avait été ouverte par l’IAAF. Celle-ci aurait
été motivée par des accusations portées contre la fédération russe d’athlétisme
(ARAF) par un agent sportif américain d’origine russe, Andreï Baranov. Ce
manager avait déposé plainte auprès de
la commission d’éthique de l’IAAF pour dénoncer le fait que l’ARAF aurait
réclamé de l’argent à l’une de ses athlètes (la marathonienne Liliya
Shobukhova) pour masquer les données anormales de son passeport biologique. Le
même jour (3 décembre 2014), un
documentaire sur la chaîne allemande ARD mentionnait aussi cette
affaire.
L’ARAF aurait extorqué
à la marathonienne la somme de 659 000
euros dont 200 000 auraient été rétrocédés à la « Famille
Diack », composée, selon l’enquête de l’AMA et d’autres journaux, de
Lamine Diack, ses fils Papa Masetta et Lamine, Valentin Balakhnichev (président de l’ARAF), l’entraineur
russe Melnikov, Gabriel Dollé (chef du département antidopage) et Habib Cissé
(conseiller juridique de l’IAAF) pour pouvoir participer aux Jeux de Londres,
en 2012, malgré des paramètres sanguins anormaux sur son passeport biologique.
Le rapport de cette
commission indépendante formée de 3
personnes (un avocat, ancien président de l’AMA, le chef du département de
cybercriminalité de la police de Bavière et un membre du tribunal arbitral du
sport auraient entendu une quinzaine de témoins (athlètes extorqués, lanceurs
d’alerte au sein de l’IAAF et experts de l’antidopage) et auraient conclu que
la Fédération russe d’athlétisme a fait chanter plusieurs sportifs, sous
promesse de couvrir auprès de l’IAAF leur suspicion de dopage, que les plus
hauts dirigeants de la Fédération internationale d’athlétisme étaient
complices, qu’une athlète turque (Asli Alptekin, championne olympique du 1 500
mètres à Londres) a été victime du réseau de corruption, et que l’ex-président de Lamine Diack, a été
alerté à plusieurs reprises sans réagir.
Finalement suspendue
deux ans (en avril 2014) à cause de données anormales sur son passeport
biologique, Liliya Shobukhova aurait ensuite demandé (à l’instigation de
l’AMA ?) et obtenu en partie le remboursement de son argent (qui aurait
transité par la Russie, Singapour, Dakar et Monaco, soit un mécanisme de
transfert de fonds occultes digne des opérations de blanchiment d’argent) par
le biais d’une société à Singapour dont le propriétaire serait un collaborateur
de Papa Massata Diack (consultant en marketing de l’IAAF) soupçonné par
ailleurs d’être impliqué dans la revente au marché noir des billets de la Coupe
du monde de 2014 (Brésil). Quelques jours après avoir quitté l’IAAF Papa
Massetta Diack avait été accusé par le Guardian d’avoir sollicité
5 millions de dollars au Qatar, candidat
à l’attribution des championnats du monde d’athlétisme en 2017.
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