lundi 21 décembre 2015

Bruits de souks, Des comportements inadmissibles


D
ans quelques jours débutera une « pseudo » trêve hivernale. Une pause raccourcie d’abord par l’organisation de deux tours de la Coupe d’Algérie et par ensuite par le rattrapage des interruptions du processus normal du championnat  dues à la participation à des rencontres internationales  (amicales et officielles) de l’Equipe Nationale. Nous noterons que certains entraîneurs estiment que cette trêve n’est pas bénéfique et n’améliore en aucune façon le rendement anémique des joueurs professionnels qui se prélasseraient dans une compétition dépourvue d’intensité.
Si cette appréciation est à discuter par les spécialistes, la trêve sera. Elle interdira aux clubs la routine des stages de préparation hivernale sous d’autres cieux. Généralement en dehors des frontières nationales. Courte certes, mais elle sera. Comme le commerce réglementé, le football obéit à une règle inexorable qui veut que les clubs fassent leurs marchés de joueurs et que ces derniers (perçus comme des mercenaires à la quête insatisfaite de quelques centaines de milliers de dinars supplémentaires) se mettent en chasse d’un nouveau point de chute rémunérateur.
Comme en toute chose, les mercato du football algérien ne se distinguent guère de l’activité commerciale telle qu’elle est pratiquée dans ces zones de vente où règne en maître le trabendo, ce commerce informel qui fait fi de toutes les conventions et conditionne les comportements. Un arrêt de la compétition, une préparation pour « recharger les batteries » et terminer à peu près correctement un championnat qui arrive à mi-parcours et à besoin d’activités récréatives. 
La gestion des effectifs des clubs professionnels est empirique. Elle repose sur la ₺pifomètrie₺, une démarche qui s’appuie sur l’intuition des « super grands chefs d’entreprises » que sont ces dirigeants de clubs dont l’affaire commerciale à objet sportif est en permanent déficit, en perpétuel redressement, en quête du parfait naïf qui les renflouera.
Les dirigeants de club n’ont pas de vision et de stratégies. Les échos reproduits à l’infini sous l’impulsion d’intermédiaires de tout acabit leur servent de lignes de conduite en matière d’évaluation des potentiels et des capacités d’intégration dans leurs équipes respectives qui font que les joueurs s’apparentent à des pions interchangeables, à des robots alors que l’on sait que leurs logiciels, leurs formations sont inadaptés à la polyvalence dont on veut faire croire qu’elle est la panacée aux errements de toutes sortes.
Les souks hivernaux et estivaux sont une jungle où chacun des nombreux actants (répartis en dirigeants de clubs, joueurs, agents de joueurs, supporters, correspondants de presse, etc.) participent à qui mieux-mieux à une gigantesque partie de poker menteur dont ils assurent la distribution des rôles dans une parodie de blockbuster hollywoodien.
Le recrutement de joueurs implique la libération d’autres joueurs dont le rendement ne serait pas à la hauteur des attentes et auxquels on n’a pas laissé la possibilité de s’adapter au mode de jeu et aux mentalités. Pour réussir ce pari que les règlements ont prétendument rendu ardu, tous les moyens sont bons. Y compris les plus déloyaux. Ceux qui donnent de nous une image dégradée et dégradante qui font des Algériens des xénophobes et de l’Algérie un pays qui n’a rien à envier à une France où les partisans du Font National et les esclavagistes de tous bords seraient au pouvoir.
Après l’épisode de l’été dernier, en plein mois de Ramadhan, mois de piété et de solidarité s’il peut en être, qui a vu les dirigeants du CSC mettre à la rue (annulation de la prise en charge de l’hébergement à l’hôtel) le joueur franco-algéro-sénégalais Elias M’Baye (de surcroit n’ayant pas été payé depuis trois mois) pour l’obliger à résilier son contrat, c’est le MCA qui réédite la même pratique avec un autre joueur étranger, le joueur camerounais Patrick Ngoula (également en attente de plusieurs mois de salaire) auquel on demande de libérer son logement de fonction avant que son contrat ne soit résilié.

Par un curieux hasard, les deux clubs (CSC et MCA), ont pour actionnaire majoritaire des entreprises publiques, la compagnie pétrolière nationale  (Sonatrach) et sa filiale, la compagnie de transport aérien (le Groupe Tassili).    

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