dimanche 27 décembre 2015

Toufik Makhloufi, Des milliards sur la table


C
onfortablement installé sous les branches de notre arbre appesanties par les fruits oléicoles arrivés à maturité, un verre de thé à proximité de la main pour rester éveillé et l’esprit clair (comme nous le répète inlassablement un confrère qui préfère le fumer), nous avions cru que le débat, enclenchée par une déclaration des plus anodines de l’entraîneur français de Toufik Makhloufi, était clos suite à la publication des réactions des officiels du mouvement sportif national, le président du COA et le bureau de la fédération algérienne d’athlétisme. Une déclaration dont nous avons tenté de décrypter les tenants et les aboutissants, et de montrer l’inadéquation et la disproportion, pour ne pas dire l’inanité de réactions qui, contre toute attente, ont dévoilé l’incapacité à comprendre le problème posé et à maîtriser une situation de communication qui ne nécessitait pas leurs interventions.
Il semblerait qu’il n’en soit rien. Bien que loin des bureaux de la place du Premier Mai et des salons où se fait et se défait le mouvement sportif national au gré des humeurs des uns et des autres, les rumeurs (ou plutôt des informations non vérifiées propagées par des acteurs respectables du milieu de l’athlétisme), grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, nous parviennent et donnent un éclairage nouveau et plus pertinent à un débat dont le thème initial était, il nous faut en convenir, des plus dérisoires confinant même à l’insignifiance.
Un problème d’intendance (l’obtention d’un visa Schengen) s’est transformé en un débat sur l’ingérence, les prérogatives de collaborateurs et à un étalage sur la voie publique (de surcroît étrangère), sur un site électronique spécialisé peu connu certes, d’informations non divulguées sur le territoire national.
En répondant à une question bien précise que s’est posé un entraîneur, les autorités sportives algériennes ont invoqué l’importance de la prise en charge d’UN athlète (espoir de médaille olympique pour des millions d’Algériens accrochés à un rêve difficilement accessible) et des avantages qui lui sont octroyés en récompense de performances passées et  en prévision de succès potentiels futurs. Un déballage d’hiver qui se veut appartenir à une politique de transparence.
Les dernières nouvelles confortent d’une manière détournée que les autorités sportives n’étaient pas préoccupées par la question de visa Schengen mais par un autre type de visa, celui-ci d’ordre administratif et comptable. Un visa qui certifierait que les dépenses supposées engagées pour le compte de la préparation de Toufik Makhloufi l’ont été en conformité avec la réglementation et qu’elles sont donc justifiées par la documentation qui convient. Une démarche tout à fait en phase avec les procédures consistant à rendre des comptes sur l’emploi de l’argent public. Le ministre en poste l’hiver dernier avait proclamé que l’aide financière de l’Etat ne pouvait être versée entre les mains du coureur de 1 500 mètres  ce qui aurait (avions-nous compris) conduit un cadre de la fédération à se déplacer (avec une grande quantité de billets verts contenus dans une mallette) jusque sur les lieux d’un stage (aux Etas Unis) pour régler des dépenses déjà engagées alors que les préalables administratifs étaient en rade.
Des montants (en monnaie nationale et en devise étrangère) circulent sans que les informateurs puissent expliquer s’il s’agit des montants mis à la disposition de l’athlète ou de dépenses à justifier. Un débat byzantin s’il peut en être s’il ne s’agissait d’une répétition de la polémique de l’année dernière qui avait obligé le ministre de la jeunesse et des sports à intervenir dans les débats. Une polémique restée apparemment sans solution pratique sur la gestion des fonds publics puisque elle reprend sous une forme plus nuancée et plus pernicieuse

Nous avions, en ce temps-là, avancé les principes de traçabilité des opérations financières dont la reddition des comptes est l’ultime phase et des dépenses en cash, en numéraires. Les montants aujourd'hui en cause seraient importants (5 milliards de centimes, 130 00 euros sont invoqués). Comme toujours, les spécialistes en méthodologie du sport ont retenu les sommes sans pouvoir expliquer de quoi il s’agit. Mais, cela expliquerait à nouveau que la préparation de Makhloufi soit freinée au terme d’une année civile correspondant à l’établissement des bilans financiers et à l’entame d’une saison sportive et la véhémence des ripostes.     

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