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ans notre précédente chronique (« Sous l’olivier n° 250.
Sport en mutation, La réglementation pour pierre d’achoppement »),
nous avons tenté de montrer que ce qui est permis au football-roi
(l’utilisation des fonds publics à d’autres fins que la couverture financière
des besoins logistiques des associations sportives) ne l’est pas pour les
sports collectifs (et les autres disciplines) considérés comme mineurs et qui
pour cette raison se sont élevés contre cette discrimination patente, déclarée,
reconnue et cependant tue par ceux qui devraient y remédier.
Dans notre description (somme toute superficielle), nous nous sommes
inspirés afin de relater, plus que sommairement, les différentes phases de
l’évolution historico-juridique du mouvement sportif national, des concepts en œuvre en « géologie »
et en « Histoire » qui analysent l’objet de leurs études à
travers la notion d’ « ères » renvoyant à une image constituée de
« strates », de « couches » successives
empilées, entassées chronologiquement les unes sur les autres et donnant le
sentiment erronée qu’une période s’achève avec l’apparition de la suivante.
Cette approche que nous avons empruntée est celle privilégiée par
l’Administration considérant que la promulgation d’un texte législatif entraîne
ipso facto, dans un processus de mise à jour permanente et automatique des
références juridiques, concomitamment l’abrogation de celui qui, portant sur la
même thématique, l’a précédé.
Pour les citoyens que sont les dirigeants bénévoles, descendants des
tribus autochtones irrédentistes soumises à
l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes par cette
Administration perpétuant à la fois la permanence des pouvoirs des dominations
étrangères qui se sont succédées depuis des millénaires dans les convois des
armées phéniciennes, carthaginoises, romaines, byzantines, vandales, puis de ce « Beylik »
(la puissance publique mise en place par les pouvoirs militaires ottomans)
honni, qui s’est poursuivi d’une certaine manière (avec rigueur et
amplification) avec l’Administration
coloniale française qui impose un rapport de forces défavorable au nom d’un
slogan impérialiste qui veut que « nul n’est sensé ignoré la loi ».
Ce principe de fonctionnement de l’Etat fondé sur le droit écrit est difficilement
accepté par la société qui elle se meut dans l’univers de l’oralité. Ce principe
est toujours ignoré d’autant que la Loi est sans cesse en mutation. A leurs détriments
et dans l’intérêt perçu du législateur.
Les dirigeants sportifs sont toujours en retard d’une guerre, celle
conduite par l’Administration anticipant leurs capacités de compréhension et
d’assimilation du nouveau cadre idéologique.
Pour eux et pour tous les acteurs du mouvement sportif national (non
intégrés dans les rangs de l’Administration s’entend), les textes régissant la
gestion des associations sont perçus (lorsqu’ils sont connus) comme une
juxtaposition de principes s’inscrivant dans une linéarité intemporellement
définie où l’on peut puiser éternellement. Pour eux, les principes de l’ère de
la « Réforme sportive » sont encore vivaces.
Dans leur conception, la notion d’abrogation est absente. Les textes
régissant le fonctionnement du mouvement sportif ne connaissent pas de ruptures. Au contraire,
ils appartiennent à une forme évolutive transitoire tandis que la législation
(dans ce domaine en particulier) se veut (toutes les deux décennies environ)
révolutionnaire, remettant radicalement en cause le crédo sportif, lui-même
déstabilisé par les secousses sismiques qui se produisent dans les sphères
idéologiques des pouvoirs politiques et économiques avec lesquels il lui est
exigé de se mettre en phase avec en point de mire l’unicité de pensée et
d’action.
Notons aussi qu’alors que dans les autres domaines d’activité régis
par la Loi, les corpus juridiques sont réunis sous forme de code regroupant
l’ensemble des lois et décrets promulgués (Code civil, Code de procédure
pénale, Code de la famille, Code du travail, de la sécurité sociale, des
marchés publics, etc.), la législation et la réglementation sportives se présentent sous la forme de textes épars, à rechercher et pas toujours disponibles en
cas de nécessité.
La transmission de l’information, malgré le développement des
nouvelles technologies de l’information
et de la communication, continue à se faire de manière traditionnelle, de
bouches à oreilles, sur les bords de stades, au gré des mésaventures et des
incompréhensions avec la tutelle administrative du sport. Nous serions tentés
d’écrire par « berrah » (crieur public, mode de
communication institutionnelle et sociale d’antan) interposé. Facebook et les
autres réseaux sociaux n’ont pas encore pu le supplanter.
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