samedi 27 février 2016

Sport en mutation (2), Un exemple de distorsion idéologique

D
ans notre précédente chronique (« Sous l’olivier n° 250. Sport en mutation, La réglementation pour pierre d’achoppement »), nous avons tenté de montrer que ce qui est permis au football-roi (l’utilisation des fonds publics à d’autres fins que la couverture financière des besoins logistiques des associations sportives) ne l’est pas pour les sports collectifs (et les autres disciplines) considérés comme mineurs et qui pour cette raison se sont élevés contre cette discrimination patente, déclarée, reconnue et cependant tue par ceux qui devraient y remédier.
Dans notre description (somme toute superficielle), nous nous sommes inspirés afin de relater, plus que sommairement, les différentes phases de l’évolution historico-juridique du mouvement sportif national,  des concepts en œuvre en « géologie » et en « Histoire » qui analysent l’objet de leurs études à travers la notion d’ « ères » renvoyant à une image constituée de « strates », de « couches » successives empilées, entassées chronologiquement les unes sur les autres et donnant le sentiment erronée qu’une période s’achève avec l’apparition de la suivante. Cette approche que nous avons empruntée est celle privilégiée par l’Administration considérant que la promulgation d’un texte législatif entraîne ipso facto, dans un processus de mise à jour permanente et automatique des références juridiques, concomitamment l’abrogation de celui qui, portant sur la même thématique, l’a précédé.
Pour les citoyens que sont les dirigeants bénévoles, descendants des tribus autochtones irrédentistes soumises à  l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes par cette Administration perpétuant à la fois la permanence des pouvoirs des dominations étrangères qui se sont succédées depuis des millénaires dans les convois des armées phéniciennes, carthaginoises, romaines, byzantines, vandales, puis de  ce  « Beylik » (la puissance publique mise en place par les pouvoirs militaires ottomans) honni, qui s’est poursuivi d’une certaine manière (avec rigueur et amplification) avec  l’Administration coloniale française qui impose un rapport de forces défavorable au nom d’un slogan impérialiste qui veut que « nul n’est sensé ignoré la loi ».
Ce principe de fonctionnement de l’Etat fondé sur le droit écrit est difficilement accepté par la société qui elle se meut dans l’univers de l’oralité. Ce principe est toujours ignoré d’autant que la Loi est sans cesse en mutation. A leurs détriments et dans l’intérêt perçu du législateur.
Les dirigeants sportifs sont toujours en retard d’une guerre, celle conduite par l’Administration anticipant leurs capacités de compréhension et d’assimilation du nouveau cadre idéologique.  Pour eux et pour tous les acteurs du mouvement sportif national (non intégrés dans les rangs de l’Administration s’entend), les textes régissant la gestion des associations sont perçus (lorsqu’ils sont connus) comme une juxtaposition de principes s’inscrivant dans une linéarité intemporellement définie où l’on peut puiser éternellement. Pour eux, les principes de l’ère de la « Réforme sportive » sont encore vivaces.
Dans leur conception, la notion d’abrogation est absente. Les textes régissant le fonctionnement du mouvement sportif  ne connaissent pas de ruptures. Au contraire, ils appartiennent à une forme évolutive transitoire tandis que la législation (dans ce domaine en particulier) se veut (toutes les deux décennies environ) révolutionnaire, remettant radicalement en cause le crédo sportif, lui-même déstabilisé par les secousses sismiques qui se produisent dans les sphères idéologiques des pouvoirs politiques et économiques avec lesquels il lui est exigé de se mettre en phase avec en point de mire l’unicité de pensée et d’action.
Notons aussi qu’alors que dans les autres domaines d’activité régis par la Loi, les corpus juridiques sont réunis sous forme de code regroupant l’ensemble des lois et décrets promulgués (Code civil, Code de procédure pénale, Code de la famille, Code du travail, de la sécurité sociale, des marchés publics, etc.), la législation et la réglementation sportives  se présentent sous la forme de textes épars,  à rechercher et pas toujours disponibles en cas de nécessité.

La transmission de l’information, malgré le développement des nouvelles technologies de  l’information et de la communication, continue à se faire de manière traditionnelle, de bouches à oreilles, sur les bords de stades, au gré des mésaventures et des incompréhensions avec la tutelle administrative du sport. Nous serions tentés d’écrire par « berrah » (crieur public, mode de communication institutionnelle et sociale d’antan) interposé. Facebook et les autres réseaux sociaux n’ont pas encore pu le supplanter.     

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