N’allez pas croire que l’interview ne se soit pas déroulée
dans de bonnes conditions. Bien au contraire. En fait, l’échange
questions-réponses s’est déroulé le plus normalement du monde. Aucune question
n’a été esquivée et toutes les réponses ont présenté (au souvenir que nous en avons
aujourd’hui) les symptômes de la franchise.
La gêne que nous avions ressenti pendant toute l’interview
était due - avons-nous compris plus tard, après d’abord en avoir discuté avec
mes confrères, puis à partir de 1990, dans nos rapports de plus grande
proximité avec des éléments de la composante de l’athlétisme national - à son attitude qui avait parasitée
l’interview, qui incitait à repousser ou à restreindre les contacts avec lui.
Physiquement, Ahmed Mahour Bacha en impose. Il est en effet
le lanceur tel que représenté par les
images d’Epinal. Grand et fort ! Ce n’était certainement pas celui vu (sur
les écrans de télévision) au retour de Rio, vieilli et le visage émacié. Malgré
notre 1 m82, nous avons ressenti une impression d’écrasement qui n’existe pas
auprès d’autres athlètes de ce gabarit (nous pensons plus particulièrement à
Youcef Boufelfel, un de ses prédécesseurs aussi bien au décathlon que dans les
autres lancers où il excella) et de tant d’autres lanceurs algériens (ou
étrangers) dont certains (copies de Lou Ferrigno-Hulk) font de Mahour Bacha un
individu d’apparence physique moyenne.
En plus du gabarit, Ahmed Mahour Bacha est tout en rudesse,
en brusquerie. Loin de l’impression de douceur que donne la maitrise de la
force. « Rudesse » est un mot que l’on pourrait croire
déplacé, exagéré si ce n’est que, lors de nos pérégrinations, à l’intérieur du
pays, dans des endroits reculés des hauts plateaux du Sétifois
ou des Aurès, nous avons retrouvé cette façade rébarbative qui s’estompe
toutefois rapidement lorsque la population (contrainte de composer avec les
rigueurs climatiques et à la dureté des travaux des champs en solitaire et de
la vie de manière générale) laisse libre cours à une sensibilité et à une
générosité sans limites.
Ce caractère abrupt, une forme de violence physique retenue
mais prête à exploser, nous l’avons perçue aussi dans ses rapports avec les
autres….entraîneurs et dirigeants. Ahmed Mahour Bacha prenait de haut les
autres, les traitants avec mépris et condescendance. Déjà, en ce temps-là (entre 1989 et 1996),
Ahmed Mahour Bacha se comportait en seigneur de l’athlétisme, ravalant les
autres au rang de simple faire-valoir, les humiliant en public. C’est l’image
que nous en avons lorsqu’il fait ses déclarations à la presse.
Contrairement à beaucoup de champions (Boualem Rahoui, Sakina Boutamine, Rachid
Habchaoui, El Hachemi Abdenouz, Othman Bellefaa, etc.), Ahmed Mahour Bacha ne
fait pas dans la simplicité, dans la modestie. Que dire alors si on le compare
avec Hassiba Boulmerka, Noureddine Morceli ou l’adorable Nouria Benida-Merah (pour rester
dans le groupe restreint des champions olympiques) abordables par le commun des mortels.
Ce portrait (négatif jusqu’à maintenant) ne peut laisser
passer une intelligence, une capacité d’adaptation aux circonstances qui en
font un caméléon machiavélique que les polémiques entourant la participation
algérienne ont mises en valeur. Mahour Bacha est connu également pour être un
agitateur qui se complait dans les situations équivoques qu’il planifie avec
une certaine habileté, avec cette particularité que, comme les footballeurs
considérant que « la meilleure défense est l’attaque »,
il est toujours l’initiateur de l’ « agression »
(celui qui porte le premier coup), de la polémique.
Surnommé, par certains de ses détracteurs, « El
commandante » en référence à « Che »
Guevara (le penseur-guérillero de la révolution cubaine dont il porte le
couvre-chef), il se veut (se voit) l’idéologue, l’enfant terrible, le rebelle
permanent de l’athlétisme national.
Contrairement à la croyance, à l’image qu’il s’est
construite ces dernières années, Ahmed Mahour Bacha ne se contente plus d’un
combat solitaire depuis qu’il a regroupé autour de lui un groupe d’ « abeilles
butineuses » (cette engeance est de plus en plus nombreuse au sein
d’une nation où la médiocrité, l’incompétence et l’allégeance sont érigées en règles primordiales dans
l’accession aux postes de responsabilité) qui se sont d’elles -mêmes
marginalisées de leurs pairs en n’ayant pas su valoriser sur le terrain (les
résultats des athlètes) les compétences acquises dans les instituts de
formation.
La force d’Ahmed Mahour Bacha est qu’il a su fédéré autour
de lui ceux qui ont besoin d’un leader, d’un bouclier, d’un bulldozer pour…..tenter de se réinsérer dans un milieu
dont l’unique critère de valorisation est - selon l’expression que l’on doit à
un technicien humble parmi les humbles, un entraîneur au patronyme pourtant
célèbre, Abderrahmane Morceli (frère de Noureddine) envoyé « pourrir
à la cave » - « l’athlétisme ne connait qu’une
langue, celle du chrono et du mètre ».
Abderrahmane Morceli, dont les anciens connaissent la
capacité à produire un discours, malmené par un système où régnait déjà les
apparences, malgré toutes les mésaventures
qu’il a pu rencontrer au cours de
ses carrières d’athlète et d’entraîneur, de passage à Alger (venant du
Riverside Collège où étudia son frère et où il entraîna) proposa à son pays
(aux plus hautes institutions sportives) un système d’échanges profitable à nos
athlètes d’élite, des sessions et des camps d’entraînement avec les meilleurs
américains que (à ce que l’on dit dans le milieu olympique algérien) Mahour
Bacha et son athlète Larbi Bourraâda refusèrent pour se rendre au Portugal et
en Espagne, un des paradis européens du dopage.
Ahmed Mahour Bacha, avec la complicité, l’aide de ses
« collaborateurs » (au sens de la Résistance française
au nazisme), ses supplétifs (au sens donné par l’armée française combattant les
maquis de l’ALN) a créé un immense réseau de guérilleros (vrais et virtuels) sévissant
sur l’Internet où ils ont pollué la blogosphère par des manipulations et des
intoxications communicationnelles menées simultanément à partir de Rio et
d’Alger.
Sur la place d’Alger, au stade du Sato, son expertise dans
ce domaine est saluée à sa juste valeur. C’est cette expertise qui a conduit la
fédération algérienne d’athlétisme à payer le billet d’avion Alger- Rio de
Mohamed Hocine présenté sous différentes casquette (entraîneur et/ou
entraîneur adjoint de Bourraâda, assistant de Mahour Bacha et de manager
général de la fédération) puis à créer une nouvelle polémique pour son retour
pendant que les autres athlètes (sauf Makhloufi) étaient sans soutien. Nous
reviendrons sur l’ensemble de ces polémiques, des accidents de la préparation
et de la participation olympique.
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