mardi 17 janvier 2017

Polémiques (85), L’imposture médiatique

Au stade du 5 juillet, circule une affirmation laissant entendre que le pronostic de médaille de bronze était destiné uniquement à obtenir les moyens financiers et les stages à l’étranger. Les « langues acérées », qui sont à l ‘origine de cette rumeur et de sa propagation, expliquent qu’il s’agit d’une stratégie dont serait adepte Mahour Bacha.

Elle consisterait en l’évitement des contrôles antidopage (donc ne pas se classer aux trois premières places) en espérant…. ne pas être tiré au sort. Ce raisonnement présente toutefois une faille. Il faudrait se pencher sérieusement sur la réglementation pour savoir si l’homologation d’un nouveau record continental n’est pas assujettie à ce type de contrôles. Reconnaissons toutefois que dans ce marais qu’est l’athlétisme pratiqué au Sato, ce ne serait qu’une peccadille comparativement à ce qui s’y raconte habituellement.

Lorsque  Larbi Bouraâda dit que « Ce n’est pas à l’approche des JO qu’on demande aux athlètes de se préparer », il va de soi que cela frappe fortement les esprits des spécialistes avertis. Cette affirmation devient synonyme de mauvaise gestion lorsqu’il ajoute que «  les gens au sein de la Fédération sont en principe des enfants de la discipline et connaissent bien les exigences du haut niveau ».

Et, pan sur le bec de ceux qui pérorent à n’en plus finir dans les allées du complexe olympique du 5 juillet ! La conclusion de Larbi Bouraâda est indéniablement celle que pourrait énoncer n’importe qui, n’importe quel athlète, n’importe quel entraîneur : « On est vraiment loin, à ce rythme, de gagner des médailles aux JO, malgré la présence de talents». Tout est dit pour le bonheur béat des gogos.

Bouraâda, après cette franche diatribe dans la presse francophone privée, renouvellera son attaque, avec  presque les mêmes expressions, dans un entretien accordé, le lendemain de la compétition,  à l’agence de presse nationale, l’APS.

Dans l’esprit des journalistes algériens, ainsi que nous avons pu le lire ou l’entendre, le décathlon est « une discipline difficile et exigeante, réservée par excellence aux pays riches ». Cette image connotée par l’ « esprit du colonisé », que l’on doit au psychiatre-ami de l’Algérie Frantz Fanon, résulterait à la fois de « sa complexité nécessitant des équipements » ainsi que « des ressources humaines et techniques colossales ».

Il serait, à en croire ce raisonnement, difficile d’être en Algérie un champion des épreuves combinées. En affirmant cela, nos amis journalistes expliquent implicitement le long laps de temps qui sépare le champion (des années 80) Mahour Bacha de son poulain Larbi Bouraâda (2015-2016) et l’absence de la remplaçante de Yasmina Azzizi. Ils valorisent également les deux athlètes et leur….entraîneur.

Ces citations puisées dans un article daté du 20 août 2016, le surlendemain de la fin du décathlon valeureux de Larbi Bouraâda, participent encore à la manipulation des esprits des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs algériens qui, pendant les deux jours de l’épreuve, ont été intoxiqués par des commentateurs peu scrupuleux, enthousiasmés (hors de toutes proportions) par quelques premières places dans les épreuves du programme. Jamais, il n’a pas été expliqué que les places (dans les groupes) n’avaient qu’une importance symbolique (et non déterminante) et que les performances de chacune des 10 épreuves étaient transformées en points afin de permettre le classement des participants. Une véritable fumisterie médiatique !

Nous concédons volontiers que « la présence de Larbi Bouraâda dans le Top 5 de Rio est un défi et un exploit gigantesque ».Même si nous aurions tendance à récuser « un défi » et l’adjectif « gigantesque ». Depuis l’été précédent, Larbi Bouraâda était un potentiel finaliste (cela situe sa valeur athlétique dans la hiérarchie mondiale), un des meilleurs athlètes mondiaux dans sa discipline. Les « stats » parlent d’elles même.

Comme souvent lorsqu’un Algérien émerge, les discours dithyrambiques et chauvins le comparent aux « athlètes américains, français, allemands et autres canadiens » comme si les athlètes d’autres nationalités étaient inexistants, effaçant d’un revers de manche tous ceux qui auraient pu se retrouver dans ce cénacle.


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