Au stade du 5 juillet, circule une affirmation laissant entendre que le
pronostic de médaille de bronze était destiné uniquement à obtenir les moyens
financiers et les stages à l’étranger. Les « langues acérées »,
qui sont à l ‘origine de cette rumeur et de sa propagation, expliquent qu’il
s’agit d’une stratégie dont serait adepte Mahour Bacha.
Elle consisterait en l’évitement des contrôles antidopage (donc ne pas se
classer aux trois premières places) en espérant…. ne pas être tiré au sort. Ce
raisonnement présente toutefois une faille. Il faudrait se pencher sérieusement
sur la réglementation pour savoir si l’homologation d’un nouveau record
continental n’est pas assujettie à ce type de contrôles. Reconnaissons
toutefois que dans ce marais qu’est l’athlétisme pratiqué au Sato, ce ne serait
qu’une peccadille comparativement à ce qui s’y raconte habituellement.
Lorsque Larbi Bouraâda dit
que « Ce n’est pas à l’approche des JO qu’on demande aux athlètes de se
préparer », il va de soi que cela frappe fortement les esprits des
spécialistes avertis. Cette affirmation devient synonyme de mauvaise gestion
lorsqu’il ajoute que « les gens au sein de la Fédération sont en
principe des enfants de la discipline et connaissent bien les exigences du haut
niveau ».
Et, pan sur le bec
de ceux qui pérorent à n’en plus finir dans les allées du complexe olympique du
5 juillet ! La conclusion de Larbi Bouraâda est indéniablement celle que
pourrait énoncer n’importe qui, n’importe quel athlète, n’importe quel
entraîneur : « On est vraiment loin, à ce rythme, de gagner des
médailles aux JO, malgré la présence de talents». Tout est
dit pour le bonheur béat des gogos.
Bouraâda, après cette franche diatribe dans la presse francophone privée,
renouvellera son attaque, avec presque
les mêmes expressions, dans un entretien accordé, le lendemain de la
compétition, à l’agence de presse
nationale, l’APS.
Dans l’esprit des journalistes algériens, ainsi que nous avons pu le lire
ou l’entendre, le décathlon est « une discipline difficile et exigeante,
réservée par excellence aux pays riches ». Cette image connotée
par l’ « esprit du colonisé », que l’on doit au psychiatre-ami de
l’Algérie Frantz Fanon, résulterait à la fois de « sa complexité nécessitant des
équipements » ainsi que « des ressources humaines et
techniques colossales ».
Il serait, à en croire ce raisonnement, difficile d’être en Algérie un
champion des épreuves combinées. En affirmant cela, nos amis journalistes
expliquent implicitement le long laps de temps qui sépare le champion (des
années 80) Mahour Bacha de son poulain Larbi Bouraâda (2015-2016) et l’absence
de la remplaçante de Yasmina Azzizi. Ils valorisent également les deux athlètes
et leur….entraîneur.
Ces citations puisées dans un article daté du 20 août 2016, le
surlendemain de la fin du décathlon valeureux de Larbi Bouraâda, participent
encore à la manipulation des esprits des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs
algériens qui, pendant les deux jours de l’épreuve, ont été intoxiqués par des
commentateurs peu scrupuleux, enthousiasmés (hors de toutes proportions) par
quelques premières places dans les épreuves du programme. Jamais, il n’a pas été
expliqué que les places (dans les groupes) n’avaient qu’une importance
symbolique (et non déterminante) et que les performances de chacune des 10
épreuves étaient transformées en points afin de permettre le classement des
participants. Une véritable fumisterie médiatique !
Nous concédons volontiers que « la présence de Larbi Bouraâda dans le Top 5
de Rio est un défi et un exploit gigantesque ».Même si nous
aurions tendance à récuser « un défi » et l’adjectif « gigantesque ».
Depuis l’été précédent, Larbi Bouraâda était un potentiel finaliste (cela situe
sa valeur athlétique dans la hiérarchie mondiale), un des meilleurs athlètes
mondiaux dans sa discipline. Les « stats » parlent
d’elles même.
Comme souvent lorsqu’un Algérien émerge, les discours dithyrambiques et
chauvins le comparent aux « athlètes américains, français, allemands et
autres canadiens » comme si les athlètes d’autres nationalités
étaient inexistants, effaçant d’un revers de manche tous ceux qui auraient pu
se retrouver dans ce cénacle.
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