Il y a maintenant plus
de d’une année, nous remarquions que Dupont a eu la décence de ne pas juger la
préparation « offerte » à Toufik Makhloufi avant que
celui-ci ne fasse partie de son groupe d’entraînement. Gardons toutefois en
mémoire la déclaration de Bouraâda au sujet de la gestion fédérale des grands
événements. Il n’y a aucun doute une préparation, telle que conçue dans les
laboratoires de la FAA, ne pouvait être optimale.
Après la préparation
chaotique du début de l’année 2015, pendant un peu moins de 5 mois, Makhloufi a
eu droit à une préparation accélérée, un rattrapage qui fit dire à Dupont que
le résultat de Pékin « c’est un miracle ».
Tout au long des
réponses aux questions qui lui ont été posées, Philippe Dupont montra que
Makhloufi, malgré les difficultés rencontrées, « voulait encore se défoncer pour
ce titre ». Il nota d’ailleurs que c’est ce que l’athlète fit
« en termes de préparation même si le résultat n’a pas suivi ».
Makhloufi aurait tenté de rattraper en
partie le retard accumulé.
L’entraîneur avait
estimé que l’atteinte de l’objectif (le titre mondial) serait difficile et que
la réussite « n’était pas du tout évidente ». Dupont observa qu’au bout
de trois mois de travail, le coureur s’acharna. Cet entêtement le conduisit à
réaliser le chrono inattendu de 2’13’’ 08 au 1000 m (4ème
performance mondiale) et 15 jours plus tard 3’28’’75 (7ème meilleure
performance mondiales de tous les temps) au 1500 m.
Pour Dupont,
l’atteinte de ce niveau de performance (avec si peu de préparation du moins
comparativement à la façon dont il la conçoit) était si extraordinaire qu’il en
resta ébahi : « pour moi, c’est tout simplement miraculeux ».
Ces chronos
retentissants (le premier améliorant le record national de N. Morceli, la
légende algérienne du demi-fond) firent que « beaucoup d’espoirs reposait sur
lui pour une médaille ».
Dupont en avait conscience car il dit que le
coureur était «l’espoir de tout le
peuple qui l’a vu triompher à Londres ». Il comprit également que la 4ème
place des championnats du monde fut « une grosse déception » pour le
peuple algérien. Une déception qu’il partagea avec Makhloufi.
Le décalage entre
l’attente et le résultat fait que la déconvenue est là. Pesante. Mais, le
réalisme reprend le dessus. Nous dirons que l’exploit de Makhloufi (car s’en
est un) n’est pas à la portée de tous et encore moins des charlatans, de ceux
qui ne maîtrisent pas la complexité d’une préparation et comptent justement sur
les miracles. Par un curieux hasard, nous retrouvons la dichotomie entre les
vrais et les faux entraîneurs que nous avons abordé dans une chronique
printanière.
Certainement par
pudeur, Dupont ne fait pas le procès des charlatans. Il se limite à dire
objectivement qu’être «quatrième dans un championnat du monde très
relevé, ce n’est pas mauvais non plus ». Bien sûr, il prend la
défense de son athlète et en profite
pour rehausser (c’est de bonne guerre) la qualité du travail réalisé sous sa houlette.
L’aide sollicitée,
attendue par Makhloufi, contrairement à ce que les polémiques laissent croire,
n’est pas spécialement matérielle. Elle est avant tout morale. Selon Dupont,
Makhloufi ressentirait un déficit en « amour », en « reconnaissance » et en « confiance »
chez les responsables de l’athlétisme algérien. Ce comportement distant de la
part de ces responsables est pour lui « énigmatique et désolant ».
Dupont affirmait
également que Makhloufi, s’il est mis dans des conditions idéales de préparation,
« c'est-à-dire qu’il ne se soucie que de son travail sur le terrain »,
peut réaliser des choses fantastiques. Des résultats extraordinaires. Dupont a
rencontré le professionnalisme à l’algérienne.
Il fait également
valoir deux circonstances atténuantes à prendre objectivement en compte. La
première étant celle qui met en avant le
« peu de temps durant lequel nous avons travaillé ensemble ». La seconde a été le « niveau
exceptionnel qu’a connu cette année le 1500 m ». Les six premiers
de la course ont couru par ailleurs (on ne le signale pas) en moins de 3’30’’
tandis que le champion du monde (Asbel Kiprop) avait été chronométré en 3’26’’69.
Tout près du record du monde du Marocain Hicham El Gueroudj. La concurrence
était rude.
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