jeudi 9 février 2017

David Torrence (3), Dans le tourbillon du changement

Ayant dévoilé les bases identitaires prétexte à son changement de nationalité sportive, David Torrence a cherché à identifier le processus administratif qui lui permettait d’y être candidat. Le principe est que celui-ci (le changement) est permis après une « période blanche » (sans participations à des compétitions internationales en tant que représentant d’une nation) de généralement trois années sauf réduction possible (à seulement une année) avec l’agrément de deux instances sportives : l’USTAF (fédération américaine, fédération quittée) et l’IAAF(fédération internationale validant le changement).

L’obtention de la dérogation (une année blanche) surprend. Certaines nations quittées n’autorisent pas aisément ces libérations, refusent ce compromis favorable à l’athlète et à la fédération rejointe. Selon Torrence, le Pérou l’avait accepté dans ses rangs et les USA consentaient à le libérer de cette contrainte puisque « la politique des États - Unis est qu'ils libèrent toute personne voulant représenter un autre pays ».

Torrence précise qu’il n’a pas rencontré de difficultés particulières : «l’USATF a été très utile dans le processus. Ils me voulaient le meilleur. J'ai obtenu la libération ». Ensuite, le CIO, ayant constaté l’accord de toutes les parties (Torrence, la fédération américaine et la fédération péruvienne) a entériné le changement.

Le processus s’est déroulé sans anicroches si ce n’est que Sébastian Coe, président de l’IAAF avait eu, au sujet de cette question devenue extrêmement sensible au sein de confédérations continentales (Europe et Afrique), des commentaires qui incitaient à l’inquiétude. Le lord britannique n’apprécie pas les très nombreux changements de nationalité sportive. Torrence pensait que Sir Sébastian risquait de faire un exemple car il était le premier cas soumis à l’IAAF depuis son élection à la présidence de l’instance faîtière de l’athlétisme. Cette hantise serait l’explication du silence de Torrence qui ne voulut pas « l'annoncer jusqu'à ce qu'il soit confirmé à cent pour cent ».

Torrence évoque des commentaires de Sébastian Coe dont nous n’avons pas trouvé trace. Commentant ces propos, Torrence estime que les autorités sportives devraient adopter une vision plus nuancée que celle qui est prônée. Le commentaire est  celui du nouveau Péruvien et n’a pas pour objet d’influencer le processus de décision.

Il rappelle qu’il a fait partie d’une sélection américaine à l’âge de 18 ans alors qu’il venait d’entrer à l’université. Il avait intégré l'équipe US qui participa aux championnats du Monde Junior (en 2004) où il avait couru le 1 500 mètres. La question qu’il pose est récurrente dans toutes les disciplines sportives : « est-il vraiment juste pour de jeunes athlètes  de décider la nation pour laquelle ils vont concourir le reste de leur carrière sportive? Beaucoup de choses changent, beaucoup de choses se passent dans la vie des gens ». Notons que Torrence comprend en partie les réflexions de Coe. Notamment, lorsqu’il n’y a pas de liens entre l’athlète et le pays rejoint. Un phénomène devenu fréquent sur la planète athlétisme.

Torrence défend habilement sa cause. Il évoque la renaissance du demi-fond américain qu’il lie avec l’arrivée du Kenyan  Bernard Lagat dans les rangs américains ce qui a permis aux athlètes locaux de rivaliser avec lui et d’élever leur niveau pour tenter de le détrôner. Etablissant un parallèle avec le vétéran américain, il se voit « aller au Pérou et pas seulement courir, battre les athlètes de ce pays en les aidant à s’entraîner et les amener à atteindre ses niveaux de performance qu’ils n’auraient pu atteindre autrement ».

Torrence se voit en apporteur de la bonne parole. Un travers, dont nous dirons qu’il fait partie des mœurs américaines, puisé dans les fondements, dans l’inconscient collectif de ce « Nouveau Monde » sur le sol duquel le prosélytisme religieux est présent depuis le début du 16ème siècle à la fois avec les conquistadores catholiques du sud de l’Europe posant le pied en Amérique du Sud et les partisans de la religion réformée apportée par les colons de la partie nordique du « Vieux Continent ». 


Son apport à l’athlétisme péruvien serait celui de l’exemplarité sportive véhiculée par ses futures participations aux compétitions emblématiques de la discipline telles que les  meetings de la « Diamond League », les épreuves de qualifications et les finales des championnats du monde et des Jeux Olympiques.  

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