Pour Makhloufi, l’intégration au « groupe Brahmia »
fut grandement bénéfique. A la fin de sa première saison au sein du club des
Pétrolier, elle lui valut une progression chronométrique extraordinaire. Près
de 10 secondes sur 1 500 en une seule saison. La méthode GSP/Brahmia a du
bon.
Mais, cette progression fulgurante donne aussi du sens à une
déclaration sur Facebook de l’ennemi intime (Mahour Bacha) qui insinuait, à la
constatation de « no show» (dont il aurait eu connaissance
par ces voies détournées émanant de la FAA) parmi les athlètes du groupe dont
fait partie Makhloufi, que le DTS du plus grand club d’Algérie emploierait les
mêmes pratiques que celles reprochées à Zohra Bouras et Larbi Bouraâda,
suspendus pour dopage justement au moment Makhloufi pointe son nez et rejoint (à
la même période) Aden.
Lorsque Makhloufi intègre le GSP, l’ancienne génération de
coureurs de 1 500 de niveau international s’apprête à remiser ses pointes.
Nous l’avons vu, en une saison, le coureur s’est inscrit parmi les leaders du
team tournant à 3.32-3.34 au 1500. Avec une progression hors du commun de près
de 10 secondes prenant un tour incompréhensible lorsque l’on se penche sur le
sort des jeunes talents qui viendront après lui. La pensée qui vient à l’esprit
est que Makhloufi est un phénomène de la nature. Ou……un OGM.
Au cours de la période délimitée par les résultats de Morceli
et Makhloufi (une vingtaine d’années entre le titre de champion du monde de
1991 du premier et le titre olympique de 2012 pour le second), seul Ali Saidi
Sief est véritablement sorti du lot des coureurs de 1500 mètres. Ce fut en 2000
au milieu de cette double décennie. Ce furent (nous pensons ne pas nous tromper
à ce sujet) les seuls qui franchirent le seuil des 3.30.
Pendant la dernière décennie (plus précisément pendant la période débutant en 2005 et avant
que le « Top 10 » n’apparaisse sur le site de la
fédération et qui par ailleurs, pour ce qui concerne l’année 2014, est
inaccessible), ils furent quand même quelques-uns à avoir couru entre 3.31 et 3.36.
Certains (Boukenza, 3.30.92, 50ème
meilleur performer mondial « all time ») se
rapprochèrent de près de ce seuil symbolique. Ils étaient pratiquement tous
licenciés au MCA/GSP.
Outre les Boulahfane,
Boukenza, Zerguelaine, Nabil Madi (MCA), la liste des moins de 3.36-3.35 recense
quelques noms qui firent germer des espoirs de lendemains splendides: Khadar
Samir (ASPTTA), Kennouche Abdeslam (individuel, 3.33.40 en 2004 sous les
couleurs de la France), Touil Imad (CST El Oued, champion du monde juniors en
2008), Halil Nacereddine (individuel, Scandinavie), Anou Abderrahmane (OCA puis
GSP), Keddar Salim (ASPCA).
En l’absence d’informations fiables, il est difficile de comprendre
pourquoi les anciens athlètes performants (essentiellement les athlètes du MCA
ainsi que Touil et Khadar Samir) n’ont pas réalisé de meilleures performances.
Notons que notre tentative d’analyser objectivement les
limites atteintes ne sera possible qu’en écoutant les athlètes, leurs
entraîneurs et dirigeants. En compulsant leurs carnets d’entraînements. S’ils
en ont tenu un.
Kennouche et Halil ont un statut particulier. Ce sont des athlètes
venus d’ailleurs. Un peu comme Zerifi au 3 000 mètres steeple ou Yasmina
Omrani à l’heptathlon.
Parmi ces coureurs de 1 500, trois d’entre eux méritent
que l’on se penche sur leur cas. Ces athlètes, faisant partie de la génération
intermédiaire (Halil) et de la nouvelle génération (Anou et Keddar), auraient
en commun d’avoir été les compagnons d’entraînement de Toufik Makhloufi. C’est
à travers ce prisme (certainement déformant) que nous devons appréhender leurs
régressions chronométriques sur 1 500 qui est uniformément de 3 secondes au
contact de Makhloufi.
Ces trois milers, dans leurs statuts de sparring-partners ou
de lièvres, grâce leurs proximités avec le
champion olympique 2012, ont bénéficié (nous
devons en convenir) d’une prise en charge à laquelle ils n’auraient pu
prétendre, espérer, ou simplement entrevoir en d’autres circonstances. Sans
Makhloufi, ils n’auraient rien obtenu ou beaucoup moins.
Finalement, ils n’ont été que des faire-valoir, des
partenaires d’entraînement que l’on a jetés après usage, que l’on a écartés sans
ménagement après qu’ils eurent accompli la mission pour laquelle ils avaient
été intégrés dans le groupe, après les avoir épuisés. L’excellence a un coût.
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