Selon la description qu’en a donné Kyle Barber, le groupe
d’entraînement dirigé par Jama Aden serait structuré en deux cercles. Le
premier, le plus important (de son point de vue de chef des investigations de
l’IAAF) serait celui dans lequel se trouvent les stars du groupe. Celles qui
défrayent la chronique sportive en remportant victoires et titres d’une part et
en établissant des performances et/ou des records sortant de l’ordinaire,
d’autre part. Ce groupe réduit d’athlètes bénéficierait d’une attention
soutenue et particulière d’Aden.
Ce cercle serait inaccessible aux enquêteurs. Il est replié
sur lui-même. Comme le serait une huitre. Il serait aussi celui qui connaîtrait
l’utilisation de produits illicites (ou suspects) faisant partie de l’arsenal
thérapeutique et de préparation sportive en usage dans les milieux en marge de
la pratique éthique.
La narration de Torrence (ayant passé quelques mois dans le
groupe d’Aden et qui aurait collaboré avec l’IAAF) semble indiquer que ces
produits sont utilisés pour la récupération (après l’effort dont il dit qu’il
est très important et peu en rapport avec les méthodes majoritairement
quantitatives d’entraînement à l’américaine) quand les athlètes sont
excessivement fatigués par un entraînement intensif. Torrence aurait fait
partie du « second cercle » et il lui aurait été proposé
de recevoir des injections de vitamines réparatrices.
Par contre, selon les comptes rendus des services catalans de
police sur lesquels se sont appuyées les presses ibérique, américaine,
britannique puis française, les produits saisis à Sabadell (flacons d’EPO) démonteraient
qu’ils sont un moyen d’augmenter artificiellement les capacités des athlètes.
Le champion olympique du 1 500 des jeux olympiques de
Londres 2012, notre compatriote Toufik Makhloufi s’est préparé avec le groupe
Aden. Il aurait fait partie du « cercle central ». Du
moins, Kyle Barber le laisse supposer. C’est cette position dans le saint des
saints et le départ (sans explications connues et/ou médiatisées) du groupe qui
l’aurait incité à tenter de le faire parler sans qu’il ne recueille de leurs
entretiens des informations probantes (allant dans le sens de ses
investigations) sur ce qui se déroule au sein de ce premier cercle.
Antérieurement, rappelons-nous, Barber avait échoué à
convaincre Hamza Driouch à dévoiler ce qu’il connaissait, sur les péripéties ce
qui l’avait conduit à présenter un passeport biologique aux résultats
erratiques. Notons que l’enfant de Souk Ahras s’est préparé avec le célèbre et
controversé coach au cours des mois qui précédèrent sa médaille de vermeil
londonienne et que la collaboration avec Aden se serait étalée du printemps
2012 au début de l’automne 2013.
Ainsi que nous avons pu le voir dans nos précédentes
chroniques, dans son groupe d’entraînement algérien constitué autour d’Amar
Brahmia, alors patron technique du Groupement Sportif des Pétroliers (GSP),
club phare de l’athlétisme algérien (cette désignation ayant succédé à celle de
Mouloudia d’Alger) parrainé par la compagnie nationale pétrolière, Toufik
Makhloufi faisait partie de l’élite mondiale. Il a été le dernier coureur du
groupe, du club à avoir couru le 1 500 mètres en moins de 3.32. Avant qu’il
ne rejoigne le groupe Aden.
Les rumeurs, les ragots propagés autour du Sato (par des
entraîneurs dérangés dans leurs quiétudes et leurs certitudes par les succès du
groupe Brahmia) laissent croire que le Mouloudia est un fief du dopage. La
rumeur est pourtant démentie par le fait qu’aucun athlète de demi-fond du club n’a
été pris dans les mailles du filet pour étayer cette thèse reprise par d’autres
entraîneurs et beaucoup d’athlètes dont la caractéristique principale est de ne
pas apparaitre en public.
Les leaders successifs du groupe ont fait (ainsi qu’en
témoigne les listes de l’AMA disponibles sur le web) l’objet d’une surveillance
constante par les instances internationales. Celles-ci, les avaient inclus dans
le système Adams. En conséquence de cela, les athlètes du Mouloudia (GSP)
suspectés (ou susceptibles d’être tentés) étaient suivis à la trace comme le
sont tous les athlètes de niveau mondial attirant l’attention de l’AMA par
leurs performances ou la propagation de ces rumeurs insidieuses.
Si Toufik Makhloufi a fait partie du « premier
cercle », d’autres athlètes Algériens se sont retrouvés à
l’entrainement sous la coupe d’Aden. Ce fut au cours des 6 mois qui précédèrent
les Jeux Olympiques de Rio 2016.
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