mercredi 16 août 2017

Samira Messad (39), Au sujet de la confidentialité

Pour le patron algérien de la lutte antidopage l’enquête sur « l’affaire de Moscou » est « en voie d’achèvement ». Il déclare qu’après avoir entendu toutes les personnes concernées, « nous ferons connaître (Ndr : les suites à donner) par voie de communiqué ». On ne nous explique pas qui est ce « nous » qui semble impersonnel et producteur de confusion. Un « nous » qui peut être, au choix du lecteur, le président de la CNAD en personne, l’institution qu’il dirige ou le ministère de la jeunesse et de sports qui lui aurait délégué le pouvoir d’enquêter.

Le journaliste interviewant le docteur Mekacher n’a pas jugé utile de s’appesantir sur cet aspect  lexical qui certainement (dans le courant de l’interview et du flot informatif qui l’assaille) lui a semblé secondaire. Nous verrons un peu plus tard que le docteur Mekacher, sur un autre thème, fera prévaloir la notion très opportune, dans des situations d’opacité, de « confidentialité » que l’on oppose à toutes tentatives de connaissance d’une partie de la vérité.

Deux années plus tard,  c’est-à-dire quatre ans après l’acquisition de ces produits, alors que les championnats du monde 2017 de Londres se sont achevés, nous n’avons pas eu connaissance des conclusions des investigations qui ont été menées.

Si ce n’est qu’incidemment nous avons appris que le chef de la délégation algérienne (suspendu à titre conservatoire par le ministère de la jeunesse et des sports après enquête de son inspection générale) a été réintégré au sein du bureau fédéral dont il faisait partie. Quelques mois plus tard, sa candidature au bureau exécutif d’une autre fédération sportive (celle des sports scolaires) sera recalée sur décision du MJS lors du processus de renouvellement des fédérations qui se fit remarquer par le « clash » final entre le COA et le MJS.

La réhabilitation-réintégration dans ses fonctions de membre fédéral du chef de la délégation signifierait, dans la logique à décrypter de la machine administrative du sport algérien,  l’absence de faute probante de sa part. Son retrait de la liste des candidatures laisse supposer tout le contraire.  

Toutefois, il nous faut admettre que la responsabilité du chef de délégation n’est pas primordiale. Cet aspect (achat) ne fait pas partie de ses attributions officielles. Il n’aurait pu agir qu’à l’instigation des membres du bureau fédéral présents sur place tout comme (seconde hypothèse) il aurait ainsi   cautionné, à son corps défendant, une acquisition suscitée par celui (ou l’un de ceux) ayant détenu le pouvoir de le désigner à cette responsabilité. Ils ne sont pas nombreux dans la délégation à disposer à la fois du pouvoir décisionnel en dernier ressort et à partager une proximité connue et reconnue avec le milieu féru de complémentation alimentaire, préparation biologique et impliqués dans les pratiques du dopage.

Ce qui est au contraire important dans cette affaire c’est la véracité (ou pas) du fait (achat), la connaissance de l’ordonnateur d’une l’opération qui n’est pas normale dans le contexte d’une mission à caractère sportif et enfin (et surtout) l’utilisation qui en a été faite si cette acquisition est avérée.

Le montant et la nature des produits font que ce ne sont pas des « consommables » quelconques que l’on peut trouver dans le magasin de la FAA. Ils auraient dû faire l’objet d’une gestion des stocks, enregistrant l’entrée, les sorties successives et les utilisateurs.

Il est de notoriété publique que la gestion administrative et financière (ou du magasin des équipements sportifs) n’est pas le fort de cette fédération d’athlétisme empêtrée, lors de son dernier mandat, dans des dettes au montant impressionnant et des dossiers d’acquisition de matériel (transpondeur) sujets à polémiques.

Cependant, il n’en reste pas moins que la matérialité (ou non) de ce qui a été présentée comme une importation de produits pharmaceutiques et essentiellement de produits dopants, les tenants et aboutissants de cette affaire n’ont pas été médiatisés.


En l’absence de communication sur le sujet, les suspicions sur les cas de dopage en athlétisme continuent. Elles alimentent les débats sur une vingtaine de cas positifs dont on n’a pas (ou très peu) parlé dans les…circuits officiels. Un sujet sur lequel nous reviendrons en lien avec la question de la confidentialité abordée par le docteur Mekacher à l’instigation de notre confrère du « Temps d’Algérie ».

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