La différence entre ces deux vrais cas sociaux (les deux athlètes partagent
également l’infortune d’avoir été orientées très tôt, à la fin du collège, vers
la vie professionnelle (une formulation politiquement correcte, que l’on sait
dans le milieu de l’éducation, signifiant aussi bien le renvoi des
établissements scolaires que….la recherche d’un emploi introuvable) est que
Hassiba Boulmerka a bénéficié d’un contexte (politique et économique) qui
permit son intégration dans le monde du travail et du sport de haut niveau.
L’idée du recrutement de Samira Messad a été émise par Abboud Labed.
Il reçut pour ce faire l’agrément préalable de Hassiba Boulmerka, la présidente
du club. On ne le dira jamais assez, Labed est une âme très sensible.
Beaucoup parmi les centaines d’athlètes ayant fait partie des groupes
d’entraînement coachés pendant des décennies par Labed, celles ayant obtenu
quelques résultats notables et dont les
conditions sociales n’étaient pas adaptées à la pratique sportive d’un certain
niveau, ont trouvé le gite et couvert dans sa famille, auprès de ses enfants.
Hassiba Boulmerka en a fait partie.
On comprend mieux les fondements de l’intérêt que porta Abboud Labed à
Samira Messad ainsi que, cela va sans doute de pair, la compréhension de sa
présidente qui fut très attentive à sa préoccupation.
Hassiba fut d’autant plus sensible à l’intention de Labed que ce
recrutement envisagé s’intégrait dans la nouvelle vision, dans celle de la chef
d’entreprise. A la fin de l’année 2016 et au début de l’année 2017, le
recrutement de Samira Messad était, malgré l’interruption subite et
intempestive de sa carrière sportive, une bonne carte à jouer.
Abboud Labed et Hassiba Boulmerka supputaient (l’interruption étant de
courte durée) que Samira Messad pouvait revenir assez rapidement (d’autant
qu’elle continuait à s’entretenir) à son niveau antérieur, c’est-à-dire celui
des meilleures spécialistes algériens des haies et par conséquent marquer de
nombreux point dans ses deux disciplines de prédilections. Sans que ce soit
leur intention, Amar et Zahra Bouras avaient montré la voie.
En se penchant sur les estimations financières inhérentes à cette
opération de recrutement envisagé de Samira Messad, il apparait que le coût
financier n’était pas excessif. Comparativement bien sûr à celui de Zahra
Bouras dont le palmarès était plus fourni. Intégré dans le projet sportif, la
rentabilité à long terme était quasiment assurée. Les deux parties étaient
certaines de sortir bénéficiaires.
Du point de vue de Samira Messad, bien que les conditions de
recrutement lui soient plutôt défavorables (suspension pour dopage,
performances de niveau national, etc.), le MAC lui permettait de revenir sur la
piste en connaissant un meilleur sort que celui qu’elle avait connu.
Le projet, dans la conception qu’en avait le duo Labed-Boulmerka, permettait
à Samira Messad de rester à Bejaïa, près des siens, de ne pas être déracinée,
de continuer à s’y entraîner dans un environnement favorable qu’elle connait
bien et qui la connait, avec ses amis, son entraîneur.
Ce projet lui offrait aussi de participer à des stages de préparation
organisés sur place par le club. Ces regroupements étaient envisagés pour lui
permettre d’être proche des autres athlètes du club mais aussi pour ne pas trop
s’éloigner de sa famille.
Le projet Samira Messad s’inscrit dans la perspective du projet
d’entreprise du MAC porté par Hassiba Boulmerka. Depuis quelques années, depuis
que la ligue de Bejaïa est devenue la plaque tournante de l’athlétisme national
en organisant, avec brio, sur les installations de Souk El Tenine, les
compétitions nationales jeunes, les jeunes athlètes du MAC se sont habitués à
la fois au cadre majestueux, entre mer et montagne, aux mentalités et à la
présence très motivante de jeunes sportifs locaux figurant parmi les meilleurs
de l’élite nationale.
Pour Samira Messad, il était prévu en outre la perception d’une
indemnité mensuelle améliorée et des primes de résultats. Ce n’était pas le
Pérou mais….
Nous nous demandons toutefois si une idée revancharde ne se serait pas
glissée dans la démarche que comptait entreprendre le MAC. Nous savons
qu’Abboud Labed avait été chagriné par la mutation du sauteur en longueur (et
triple sauteur), Triki Yasser (passé par le MAC), qui trouva un bonheur
provisoire (avant que les grands clubs d’Alger lui fassent les yeux doux) au
sein du MB Bejaïa, et par les conditions et prestations qui lui avaient été
offertes.
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