dimanche 14 janvier 2018

Retour aux principes originels (4), Subjectivité et Inconscient

Comme tout acte de parole (au sens saussurien de la notion incluant les formes orale et écrite que peuvent revêtir les actes langagiers), la chronique est soumise aux effets du prisme (éclairant et déformant) situé au cœur de la thèse jungienne de la « perception-projection ».

Cette thèse qui, quels que soient les efforts de dissimulation consentis par le locuteur, montrerait que l’acte langagier ne peut que se parer des marques de l’inconscient perceptibles dans la subjectivité qui s’afficherait aux regards.

Selon Jung, ces indicateurs à rechercher seraient le produit de deux Inconscients : un « Inconscient individuel », déjà décrypté et mis en valeur par la psychanalyse freudienne et ses disciples, et un « Inconscient collectif » exhibant ce que, en tant qu’individu, on retient du monde environnant ou (c’est l’autre facette du prisme) le regard que l’on porte sur son environnement.

Cette subjectivité (marque de l’individualité) serait  incluse - selon les linguistes de la seconde moitié du XXème siècle, appartenant aussi bien à l’école structurale qu’à leurs confrères nourris aux conceptions de la praxèmatique, une sociolinguistique inspirée par la dialectique marxiste - dans les influences psychosociologiques (et autres) subies par chaque locuteur en position d’auteur ou de lecteur.

Elle est contenue dans le  concept d’ « énonciation » qui, à la suite de C. Kerbrat-Orechioni, précédée par Martinet et Benveniste, enrichit d’abord le « schéma de la communication » de Roman Jakobson et lui accole l’expression, popularisée depuis lors, de « subjectivité dans le langage ».

Cette subjectivité, cette énonciation doctrinalement assumée, est la raison essentielle qui fait que, « Sous l’olivier », prise de parole individuelle, ne postule pas à la prétendue exhaustivité et objectivité de l’information derrière laquelle se réfugient les « techniciens » du journalisme et les débatteurs politique n’en détenant, malgré leurs rodomontades et prétentions hautaines, qu’une partie infime. Celle que les faits bruts, masqués par les techniques d’écriture journalistique, restituables par celles de l’analyse du discours, semblent leur concéder.

Il faut comprendre par-là que la chronique met en scène (comme le font d’ailleurs, à un degré moindre, les autres formes d’articles) un récit journalistique disposant de sa totale puissance subjective.

La chronique n’est pas une fin. Logiquement, elle suscite d’autres développements, d’autres traitements rédactionnels (d’une variété infinie à l’aune du nombre de lecteurs dotés des capacités intellectuelles pour les agencer dans un autre récit informationnel) sont incontestablement possibles pour ceux qui ont à disposition des informations supplémentaires et/ou complémentaires (qui trop souvent ne peuvent accéder à la surface, prendre  place sur les ondes, les écrans de télévision ou sur les pages de la presse écrite) souvent plus complètes que celles qui nous parviennent via les colonnes des mass-médias ou par la voie des rumeurs.

La notion de « rumeurs », exécrée par le jdanovisme ambiant à la fois désuet et vivace, doit aussi être explicitée. Dans notre discours, il n’est pas (il n’a pas été et ne sera pas) question de racontars colportés par la vox populi répétant à l’infini une information dont la validité, la traçabilité et la qualité se sont altérées au fil du temps et des relais de transmissions apportant chacun une interprétation-trahison.
Une information qui, en fin de parcours, par une dissémination massive, non contrôlée après son émission se transforme en une légende urbaine, un mythe des temps contemporains qui n’envient rien au monstre du loch Ness ou au triangle des Bermudes.


Il s’agit essentiellement d’informations vraies, transmises le plus souvent « of record » (selon l’expression consacrée par les discours sur les médias pour signaler une information qui n’est pas destinée à la publication dans les formes habituellement requises par la déontologie) par un « informateur ».  

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