dimanche 22 avril 2018

Ali Saidi Sief (25), Les variantes du professionnalisme

Avec Ammar Brahmia (nous nous garderons d’oublier Mohamed Djouad qui fut le patron du club), le Mouloudia mixait les éléments primordiaux de ces deux visions (professionnalisme étatique et professionnalisme libéral) pourtant d’apparence contradictoire. 

Les acquis de l’athlète-fonctionnarisé étaient étroitement intriqués aux avantages introduits par la naissance,  au plan international,  de l’athlétisme professionnel dans la forme légalisée des nouvelles conceptions de l’IAAF et du mouvement olympique.

Sous l’influence des « aristocraties » franco-britannique, l’athlétisme, discipline par excellence de l’olympisme, ne reconnaissait pas, avant les années 1980, le professionnalisme. La mention « athlétisme amateur » figurait dans l’intitulé de l’IAAF (« fédération internationale d’athlétisme amateur ») qui avec ce changement devint la « fédération internationale des associations d’athlétisme ».

Cette perception, aujourd’hui anachronique de la pratique sportive réservée à une élite sociale a été le fondement idéologisé des Jeux Olympiques (la principale compétition d’athlétisme puisque les premiers championnats du monde ne se déroulèrent qu’en 1983) avait conduit à la disqualification de grands champions tels l’Amérindien Jim Thorpe, du Français Jules Ladoumègue, de l’Algérien Boughera El Ouafi)  lesquels,  pour des motifs alimentaires, avaient enfreint la règle établie.  

Cette nouvelle approche de l’athlétisme était assortie de l’intervention, sous forme de sponsoring, des équipementiers et de la distribution de primes de notoriété et de résultats dans les meetings et la mise en place d’un circuit de compétions (richement doté) dénommé successivement « Grand Prix IAAF-Mobil », « Golden League » puis « Diamond League ».

Sur la trace de ces équipementiers sportifs (Adidas, Puma, Nike, etc.), se sont engouffrés d’autres multinationales attirées par le formidable et alléchant support médiatique que sont les champions.

Ali Saïdi-Sief était junior première année lorsque le résultat de Tarf attira l’attention sur lui. Les conseils d’entraîneurs avisés lui firent adopter la voie menant à « la montée sur la capitale ». Ces entraîneurs n’étaient pas toujours désintéressés. Mais, ils l’étaient plus que ceux qui animent le mouvement sportif national d’aujourd’hui qui sont devenus des « coaches » monnayant leurs compétences.

« Coach » est un néologisme d’origine anglo-saxonne. Il est porteur de la perception nouvelle de la fonction dont la forme fait l’objet d’une compréhension particulière par une partie de la corporation en phase (il faut l’admettre) avec son environnement complétement débridé.

Le vocable « coach » ne déroge guère à la relation qu’ont les fonctionnaires algériens (tous secteurs confondus) avec l’exercice de leur profession. Celle-ci se définit, dans la pratique quotidienne, par la double (ou multiple) activité (commerce, entreprises, chauffeurs clandestins, cours dits de soutien). Elle illustre, pour ceux qui en furent les pionniers, à la fois la précarité pécuniaire de la catégorie socio-professionnelle induite par les grilles de salaire et la perception qu’ont les éducateurs du volume horaire d’activité auquel leur statut les oblige et de la rentabilité temporelle.

Pour beaucoup d’entraineurs (dans le répertoire récent des emplois du secteur, ils sont classés dans la catégorie des éducateurs) cela signifie au minimum le port d’une double casquette : « entraîneur-  fonctionnaire », rémunéré par la Fonction Publique, et « entraîneur libéral », défrayé complémentairement par les athlètes intégrant leurs groupes d’entraînement et partageant (selon des pourcentages convenus) les primes et indemnités, etc. 

Il existe une autre variante. Elle est si ancienne qu’elle s’apparente à une tradition que nul ne peut ébranler. Elle fait partie des acquis sociaux que le multi-syndicalisme rentier défend avec opiniâtreté.

Cette variante se rapporte à une forme d’essence prédatrice matérialisée d’abord par une activité rémunérée par la Fonction Publique consistant en une affectation à un club (pour l’athlétisme, il s’agit le plus souvent des clubs handisport) ou dans une autre structure du département ministériel (ligues) ou d’un autrement ministère (éducation nationale, enseignement supérieur).

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