dimanche 29 avril 2018

Ali Saidi-Sief (27), Au cœur de la mêlée


Le fonctionnement de la filière des corps constitués est basé sur un recrutement, le souvent en qualité de « contractuels » (dans le jargon usité par les spécialistes de la GRH et du droit du travail on devrait dire des CDD), des meilleurs athlètes nationaux dans ces corps (l’armée, la police, les services pénitentiaires, la douane, les pompiers) ou des établissements publics (chemins de fer, postes) avec pour activité essentielle l’entraînement et la participation à des stages de préparation et à des compétitions via un détachement pour raison sportive.

Bien qu’une cartographie sérieuse des mouvements migratoires internes des sportifs reste à élaborer, il a été remarqué (intuitivement) une tendance qu’il faudrait certainement actualiser pour s’assurer de sa validité actuelle.  Il fut un temps où les coureurs de la région de Sétif optaient plutôt pour  le club de la police tandis que les coureurs de Souk Ahras, Guelma, Tébessa choisissaient celui de l’armée.

Ces deux équipes exerçaient une attraction indéniable. Elles monopolisaient les meilleures places (individuelles et collectives) des cross-countries, courses sur  route et courses de demi-fond. Les observateurs les plus anciens, véritables mémoires vivantes de l’athlétisme algérien, attesteront que la rivalité intense qui mettait aux prises le Mouloudia  à l’ASSN (le club de la police) et au CMEPS (le club de l’armée) alimentait la chronique athlétique.

En particulier à la veille des championnats nationaux. Aujourd’hui, un autre corps constitué est venu s’ajouter. La Protection Civile s’est placée (avec un certain succès) dans cette confrontation sportive qui a, il est vrai, un peu  perdu (la stagnation-régression des niveaux et surtout la densité des performances en fait foi) de son charme d’antan et met aux prises d’autres protagonistes.

Le champion de Hamma Bouziane ne s’est guère exprimé sur cette période. Nous dirons qu’il s’est retrouvé engluer dans un monde de « professionnels de façade » où la « complémentation alimentaire », la « préparation biologique » étaient à la mode. Toutefois, on parlait peu en public, en dehors du milieu, en présence d’inconnus.

Observons, que des insinuations étaient relayées à propos de cette complémentation alimentaire. Elle était associée (la personnalité de ses initiateurs, les performances de leurs athlètes ayant favorisé les commérages) avec la  préparation biologique et même avec le dopage qui, pour des raisons diverses, alimentaient les discussions.

Dans un milieu ouvert à la mesquinerie, à la jalousie, à une mise en avant d’égos surdimensionnés, il fallait, pour exister dans la foire aux louanges, pendre part aux dénigrements (selon les cibles choisies par le groupe duquel on était le plus proche) sur les performances et titres des champions du monde du 1 500 m, Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli, alors représentants algériens de deux écoles : l’école de l’Europe de l’Est et l’école des Occidentaux et qui plus est des Etats Unis. Quant à ce qui est des lanceurs et des athlètes complets (décathlon et heptathlon), les accusations étaient à peine voilées.

Les insinuations et les accusations étaient évidemment favorisées par les succès de certains entraineurs nationaux. Elles l’étaient également, disait alors la « vox sportiva », par des usages qui auraient été introduits dans les cartables des entraîneurs soviétiques et de l’ex-Allemagne de l’Est, élevés aux rangs de coopérants techniques, sous le couvert de ce qui aurait relevé  du transfert de technologie fort à la vogue.

Vraies ou fausses, ces allégations eurent le vent en poupe. Elles avaient été raffermies par la multiplication de stages de préparation organisés en ces pays de l’ex-Europe de l’Est, ceux du Pacte de Varsovie ou d’autres nations idéologiquement proches (Cuba). Ce sont des pays qui seront quelques années plus tard stigmatisés pour s’être engagés dans ce qui a été dénommée « systématisation étatique du dopage ».

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