Malgré tout ce que nous avons pu
écrire jusqu’à maintenant, le championnat d’Algérie de cross-country de Tarf
1996 n’a pas été le véritable déclic de la carrière internationale d’Ali
Saïdi-Sief. Cette assertion pour le moins provocante nécessite une explication.
En effet, de notre point de vue,
ce résultat a eu pour seul et unique effet de faciliter l’introduction de l’athlète
sur le circuit national conduisant à la haute performance. Ce qui n’est pas
rien, nous en conviendrons. Le « système »
(la mystérieuse « boite noire » opacifiante au lieu de
produire de la transparence) alors en place et perdurant, a fait que de
nombreux jeunes sportifs aussi brillants ont été écartés.
Cette course aurait pu être le
déclencheur si ce résultat, cependant appréciable, avait abouti à une sélection
pour
les championnats du monde de cross-country juniors qui, cette année-là furent
disputés à Stellenbosch en Afrique du Sud.
Celui qui sera, quelques mois
plus tard, son rival algérien sur 1 500 m (Miloud Abaoub) y était présent.
A l’une des meilleures places qui soit. Il termina (ce qu’indiquent les
archives de l’IAAF) premier Algérien à la 11ème place d’une course
dont les dix premières places furent toutes occupées par des Kenyans et des
Ethiopiens. Le premier après….les
autres. Champion du monde (si l’on peut dire) juste derrière…..les ténors
mondiaux.
Bien qu’il fût absent aux
championnats du monde junior de cross-country, Ali Saïdi-Sief avait toutefois
mis le pied à l’étrier. Il avait été repéré (c’est l’un des avantages de bien
se placer au « National » de cross) par les dirigeants
de la fédération algérienne d’athlétisme qui l’intégrèrent dans le programme de
préparation, dans les regroupements réguliers, périodiques (de ce qui n’était
pas encore nommé les « jeunes talents sportifs ») dans
la perspective des compétitions mondiales figurant au calendrier des jeunes
compétiteurs de cette année-là. Pour les jeunes athlètes, le rendez-vous le
plus important de la saison sportive était le regroupement planétaire périodique que sont les
championnats du monde Juniors IAAF d’athlétisme.
L’édition 1996 avait été
attribuée à Sidney, capitale du pays des kangourous, dans ce qui se présentait
comme une répétition des épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques qui s’y
dérouleront quatre ans plus tard. Sidney marquera le début de l’aventure
professionnelle et l’apothéose d’une courte carrière de haut niveau. Tout
compte fait, le temps d’une olympiade.
Complémentairement à
l’intégration dans le système fédéral, le jeune Constantinois était courtisé
par les dirigeants du MCA qui lui faisaient les yeux doux et lui promettaient
les monts et merveilles autorisés par l’aisance financière de Sonatrach, l’une
des plus grandes compagnies pétrolières mondiales, parrain majeur du club.
Depuis des années déjà, ce qui
était devenu une tradition de l’athlétisme algérien, les jeunes (les juniors et
les meilleurs cadets et cadettes,
c’est-à-dire les athlètes pouvant rivaliser avec ceux - et surtout celles - de
la catégorie d’âge supérieure) participaient du phénomène de
professionnalisation de l’entrainement auquel conduisait l’organisation du
mouvement sportif fondé sur un trépied bancal : le sport scolaire et les
associations sportives communales, les associations sportives de performance et
la structure fédérale. L’échec scolaire est le préambule du professionnalisme
sportif. La certitude de la fin du cycle moyen ou secondaire autorise
l’anticipation de l’entrée dans le circuit sportif de haut niveau.
L’élite de la plus jeune
catégorie (les actuels U18), par le biais du sport du sport scolaire, était
également inscrite dans cette dynamique faisant que les athlètes prometteurs de
l’Algérie profonde, réservoir inépuisable de jeunes champions, jouaient sur un
double tableau de mise en évidence des talents. L’échec scolaire assuré conduit
à courir les stages de préparation s’inscrivant ainsi dans la durée.
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