mardi 10 juillet 2018

Ali Saidi-Sief (43), Dans les startings du haut niveau


Malgré tout ce que nous avons pu écrire jusqu’à maintenant, le championnat d’Algérie de cross-country de Tarf 1996 n’a pas été le véritable déclic de la carrière internationale d’Ali Saïdi-Sief. Cette assertion pour le moins provocante nécessite une explication.
En effet, de notre point de vue, ce résultat a eu pour seul et unique effet de faciliter l’introduction de l’athlète sur le circuit national conduisant à la haute performance. Ce qui n’est pas rien, nous en  conviendrons. Le « système » (la mystérieuse « boite noire » opacifiante au lieu de produire de la transparence) alors en place et perdurant, a fait que de nombreux jeunes sportifs aussi brillants ont été écartés.
Cette course aurait pu être le déclencheur si ce résultat, cependant appréciable, avait abouti à une sélection   pour les championnats du monde de cross-country juniors qui, cette année-là furent disputés à Stellenbosch en Afrique du Sud.
Celui qui sera, quelques mois plus tard, son rival algérien sur 1 500 m (Miloud Abaoub) y était présent. A l’une des meilleures places qui soit. Il termina (ce qu’indiquent les archives de l’IAAF) premier Algérien à la 11ème place d’une course dont les dix premières places furent toutes occupées par des Kenyans et des Ethiopiens. Le premier  après….les autres. Champion du monde (si l’on peut dire) juste derrière…..les ténors mondiaux.  
Bien qu’il fût absent aux championnats du monde junior de cross-country, Ali Saïdi-Sief avait toutefois mis le pied à l’étrier. Il avait été repéré (c’est l’un des avantages de bien se placer au « National » de cross) par les dirigeants de la fédération algérienne d’athlétisme qui l’intégrèrent dans le programme de préparation, dans les regroupements réguliers, périodiques (de ce qui n’était pas encore nommé les « jeunes talents sportifs ») dans la perspective des compétitions mondiales figurant au calendrier des jeunes compétiteurs de cette année-là. Pour les jeunes athlètes, le rendez-vous le plus important de la saison sportive était le regroupement  planétaire périodique que sont les championnats du monde Juniors IAAF d’athlétisme.
L’édition 1996 avait été attribuée à Sidney, capitale du pays des kangourous, dans ce qui se présentait comme une répétition des épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques qui s’y dérouleront quatre ans plus tard. Sidney marquera le début de l’aventure professionnelle et l’apothéose d’une courte carrière de haut niveau. Tout compte fait, le temps d’une olympiade.
Complémentairement à l’intégration dans le système fédéral, le jeune Constantinois était courtisé par les dirigeants du MCA qui lui faisaient les yeux doux et lui promettaient les monts et merveilles autorisés par l’aisance financière de Sonatrach, l’une des plus grandes compagnies pétrolières mondiales, parrain majeur du club.
Depuis des années déjà, ce qui était devenu une tradition de l’athlétisme algérien, les jeunes (les juniors et  les meilleurs cadets et cadettes, c’est-à-dire les athlètes pouvant rivaliser avec ceux - et surtout celles - de la catégorie d’âge supérieure) participaient du phénomène de professionnalisation de l’entrainement auquel conduisait l’organisation du mouvement sportif fondé sur un trépied bancal : le sport scolaire et les associations sportives communales, les associations sportives de performance et la structure fédérale. L’échec scolaire est le préambule du professionnalisme sportif. La certitude de la fin du cycle moyen ou secondaire autorise l’anticipation de l’entrée dans le circuit sportif de haut niveau.  
L’élite de la plus jeune catégorie (les actuels U18), par le biais du sport du sport scolaire, était également inscrite dans cette dynamique faisant que les athlètes prometteurs de l’Algérie profonde, réservoir inépuisable de jeunes champions, jouaient sur un double tableau de mise en évidence des talents. L’échec scolaire assuré conduit à courir les stages de préparation s’inscrivant ainsi dans la durée.


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