jeudi 26 mars 2015

L’impitoyable régression

Il est de notoriété publique que la ligue constantinoise d’athlétisme (LCA) a, de tous temps, été un rival redoutable  pour la ligue de la wilaya d’Alger (aux moyens matériels et financiers beaucoup plus importants que ce qui peuvent se trouver à l’intérieur du pays) – regroupant de formidables associations sportives parrainées par les plus grandes entreprises nationales - derrière laquelle elle s’est toujours classée à la seconde place du classement national établi par la fédération algérienne d’athlétisme.  Au bilan 2014, elle s’est retrouvée reléguer  à la 6ème place  avec un total de 316 points, remplacée, à la deuxième place du podium du classement des ligues, par la wilaya de Béjaïa qui totalise 3 258 points. Elle est aujourd’hui devancée par Bordj Bou Arreridj (834 points), Ouargla (326 points) et Tizi Ouzou (317 points). Et évidemment bien loin d’Alger et ses 4 983 points.
Le classement des clubs n’est guère plus réconfortant. En des temps meilleurs (ceux de la réforme sportive 1976-1989), les clubs constantinois (DNC, CSC, MOC, ASPTTC) rivalisaient avec les clubs algérois (MCA, OCA, CRB, RCK, JRBMA,  etc.) tant dans les classements annuels par équipes que dans les championnats nationaux individuels (benjamins, minimes, cadets et juniors)  et interclubs (au début des années 80, la DNC Constantine avait dépassé, dans un classement toutes catégories d’âges confondues, l’imposant et inamovible MPA). En ce temps-là, les meilleurs  athlètes du pays ne rejoignaient les clubs d’Alger, leur offrant toutes les commodités pour concilier le sport de haut niveau et les études ou une carrière professionnelle à travers le statut d’athlète de performance, qu’au passage en catégories seniors. Les athlètes trustaient alors les places en finales des championnats nationaux et étaient retenus dans les sélections nationales. Les champions nationaux, les champions maghrébins, les champions d’Afrique étaient si nombreux qu’en établir une liste exhaustive serait fastidieux bien qu’enrichissant pour connaitre l’histoire aujourd’hui méconnue et dénigrée de l’athlétisme à Constantine. Une discipline sportive (la première discipline olympique) qui a enfanté (ou accompagné pendant un temps), outre les célébrissimes Hassiba Boulmerka et Ali Saïdi-Sief (respectivement championne du monde et olympique et médaillé olympique), les talentueux Filali Tayeb, Nouredine Tadjine, Kamel Zemouli, Bachir Messikh, Azzedine Talhi, Sakina Boutamine, Hadda Djakhdjaka, Aloui Mounir, etc. Sans oublier les pionniers de la discipline, Youssef Boulfelfel, les frères « Zizi » et « Tennoun » Benhabyles, Tewfik Chaouch Teyar, Kamel Benmissi et leurs prédécesseurs Erridir Ali et Chérif Grabsi qui firent partie de la première sélection nationale ayant participé au ₺Cross des Nations₺, l’ancêtre des championnats du monde de cross country (Ostende, 1965).
Aujourd’hui, seules l’ACS Bounouara (18ème avec 144 points), le MAC (34ème, 83 points) et la JSMC (42ème, 62 points) tirent encore leurs épingles du jeu. Le JSMC, grâce au jeune espoir Triki Yasser Mohamed Tahar, espoir international du saut en longueur (champion des jeux africains de la jeunesse et un des meilleurs cadets et juniors mondiaux), s’est fait une petite place. L’ACS  Bounouara comptabilise les points obtenus par l’inamovible spécialiste des  100-200 mètres Bouali Souhir, par le transfuge du MAC (lui aussi spécialiste du sprint)  Skander Djamil Athmani dont la défection a entrainé le recul du MAC,  par la spécialiste du 800 mètres (et fille du président de la fédération) Zahra Bouras, de retour à la compétition après une suspension de deux ans pour dopage, et par le triple-sauteur Temacini Seif El Islam (ex MCA-GSP). Quant au MAC, son classement est consécutif aux résultats des vétéranes des courses sur route (Wassila Aissani, Fatma Zohra Oulmi, Amina Chabane), en montreuses d’exemple de ténacité.
Pendant que la ligue de Constantine place 10 équipes (trois d’entre elles sont classées aux 228, 229 et 230èmes places avec 3 points et 3 autres aux 267, 268 et 269èmes places avec 2 points hautement symboliques) parmi les 291 associations classées par la fédération, la ligue de Béjaïa en compte 25 (dont 13 parmi les 50 premiers). La sixième équipe de la ligue de Béjaïa (Souk El Tenine)  engrange 44 points de mieux que l’ACSB. Pourtant, le nombre d’associations affiliées aux deux ligues de wilayas est quasiment le même (à moins de trente associations). La différence se situe au niveau des mentalités. Tandis que dans la wilaya de Béjaïa, l’athlétisme s’est implanté dans les communes (Souk El Tenine, Aokas, El Kseur, Amizour, Akbou, Sidi Aïch, Lota, Kherrata, etc.), à Constantine, il se restreint pratiquement au chef lieu de la wilaya avec une multiplicité de micro-associations constituées autour de quelques entraineurs-dirigeants grignotant la modique subvention étatique.


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