Les habitants de cette mer
intérieure qu’est la Méditerranée - cette ₺Mare Nostrum₺ chère à l’empire
romain qui en avait colonisé, il y a plusieurs siècles se décomptant même en
millénaires, la totalité des rives septentrionales, méridionales, occidentales
et orientales - ont pour caractéristiques des attitudes comportementales
fortement liées à la mise en scène, à la théâtralité qui, par beaucoup
d’aspects, est réconfortante et est synonyme de joie de vivre, de bien vivre
sous les ardents rayons de Phébus, à l’ombre des branches d’oliviers et des
figuiers ancestraux. Certains d’entre eux, les habitants de la cosmopolite
Marseille sont réputés pour leur sens d’exagération sympathique qui ne porte
pas à conséquence puisque s’inscrivant dans un jeu de rôle qui fleure bon le
Pastis ou l’anisette de Pagnol, Raimu et Fernandel.
Chez nous, les agréables
habitants d’Annaba sont connus pour leur sens de la galéjade, qui sent le
jujube accolé à l’histoire de la cité, porté par le savoureux et chantonnant
accent oriental emprunté aux descendants de Didon et, qui, comme leurs voisins
de la rive opposée, ont une tendance aux échanges de réparties disproportionnées.
Les propos tenus par Hassan
Hammar, premier dirigeant de l’Entente de Sétif impliqué dans les matchs de la
phase des groupes de la Ligue des Champions d’Afrique, ne porteraient pas à
conséquence s’ils avaient été proférés par un citoyen de Bône « La
Coquette » ou encore mieux par un habitant de Mascara à la réputation en
matière de blagues notoirement établie.
Les habitants de Sétif et
de l’ensemble des Hauts Plateaux sont eux aussi précédés, depuis des temps
immémoriaux, par un sens de la démesure qui prenait toute sa dimension épique
dans la relation de leurs exploits au volant des 404 et des 504. Dans les
autres domaines de la vie, c’est leur rigueur et leur rationalisme très paysan,
leur caractère industrieux qui est le plus souvent mis en avant. Certainement pas
la propension à l’humour décapant.
C’est pour cela que les
déclarations de H. Hammar, pendant les derniers jours du mois de Châbane
précédant le Ramadhan et pendant le mois de jeûne, moment de prédilection
reconnu pour tous les écarts en particulier langagier, étonne par la
disproportion atteinte. Mais, il est notoire que le football professionnel
algérien est sur ce plan-là imbattable. Sétifien, Oranais, Algérois et
Constantinois que l’on soit, l’exagération quand il s’agit de football est
présente.
La fureur (parce qu’il
s’agit bien de cela) de Hammar a été déclenchée
par la signature d’un contrat d’engagement de deux ans, par l’ex-joueur (ou
prochainement ex-joueur, selon les versions) sétifien Abdelghani Demou, avec la
grosse pointure financière du championnat, le Mouloudia d’Alger.
Selon le président
sétifien, le contrat qui lie l’Entente et Demou expirait le 30 juin. En
conséquence, Demou n’est pas en droit de contracter avec le MCA et est dans
l’obligation de jouer avec l’Entente le 27 juin contre l’USM Alger, son premier
adversaire en LDC. Mieux encore, le joueur aurait ₺trahi₺ (il serait
intéressant de comprendre pourquoi un joueur quittant une équipe est toujours
qualifié de traitre) le club qui lui aurait réservé une licence africaine et
faisait donc partie des projets sétifiens avant même qu’il n’ait renouvelé son
contrat. Un renouvèlement apparemment perçu par les dirigeants sétifiens comme
acquis sans discussion ou négociation. Hammar réclama au joueur une
indemnisation de 450 millions de centimes pour abandon de poste et une autre de
100 000 dollars pour la perte de la licence africaine avant de revir ce
dédommagement à hauteur de 800 millions de centimes. Demou, interrogé par des
confrères, semble serein. Pour titiller Hammar, il lui répond que le contrat
avec le Mouloudia prend effet à compter du 1er juillet et s’entêta à
ne pas disputer le match du 27 juin tandis que le Mouloudia est prêt à le
laisser disputer les rencontres africaines.
Les « Dispositions
règlementaires relatives aux compétitions de football professionnel. Saison
2015/2016 » édictées par la FAF prévoit en l’alinéa 15.1
que « le contrat dont l'homologation est sollicitée, est soumis aux
conditions déterminées par les présentes dispositions règlementaires et le
règlement des championnats de football professionnel ainsi que par le règlement
du statut et du transfert des joueurs édicté par la FIFA » et à
l’alinéa 15.2 que ledit contrat « est exclusivement rédigé conformément au
modèle disponible auprès de la ligue de football professionnel. Ce contrat ne
peut faire l’objet d’aucune modification ou rajout et ne peut contenir des
informations manuscrites ».
Elles stipulent également en l’alinéa 16.1 que « le
contrat du joueur professionnel est établi pour une durée minimale de deux ans
et au maximum pour une durée de cinq (05) ans ».
Pour
reprendre à notre profit une expression populaire, tout ceci semble clair, net,
précis et sans bavure. Sauf que, à y regarder de plus près, on remarquera dans
le corpus de textes réglementaires que l’article IV du
contrat-type (celui imposé par les structures nationales de gestion du football
professionnel) indique une autre durée spécifiée en saisons sportives et non
plus en années : « Le présent contrat d'engagement est conclu entre les
parties contractantes pour une durée de
..... .saison (s) sportive(s) ». Voilà comment débute les malentendus.
Dans le « Règlement du statut et
transfert des joueurs », document de référence par essence (la
FAF le reconnait), la FIFA définit la saison sportive comme étant la «période
débutant lors du premier match officiel du championnat national et se terminant
lors du dernier match officiel du championnat national ».
Le président Hammar n’arrive pas à
admettre que le joueur Demou ait signé avec le MCA. Pourtant, la FAF dans
l’article 23 « Dispositions spéciales relatives aux contrats » du « Règlement
des championnats professionnels » indique dans son alinéa 2 qu’ « Un joueur professionnel n'est
libre de conclure un nouveau contrat avec un autre club que si son contrat en
cours avec son club a expiré ou expirera dans les six (06) mois ».
En terme plus clairs, Demou était autorisé, par le règlement de la FAF, à
signer un contrat dès le mois de janvier.
Tout le reste n’est clowneries pour amuser
la galerie, le temps que le mois de Ramadhan, la préparation sportive se
terminent, que les premiers matchs de la LDC soient joué et que la CRL examine le
dossier.
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