Chaque début d’été et
chaque hiver, sont les deux périodes de l’année qui autorisent un mouvement de
joueurs se traduisant par des départs et des arrivées, des recrutements et des ₺libérations₺
(une formule sémantique édulcorée qui permet de mettre au placard la notion
gênante de ₺licenciements₺ (qui a cours dans le monde du travail) porteuse du
sens de mise fin unilatérale du fait de l’employeur de la relation
contractuelle), des concepts juridico-footballistiques auxquels ont ajoutera
les ₺mutations₺ plus connues dans le milieu du ballon rond sous l’appellation
de ₺transferts₺). Ces deux périodes de l’année sont celles qui
administrativement sont les périodes d’enregistrement des joueurs et qui dans
le jargon médiatico-populaire sont connues comme étant le « mercato ».
L’₺intersaison hivernale₺
et l’₺intersaison estivale₺, moments de repos pour les joueurs sont associés
aux pitreries de chacun des acteurs (dirigeants, agents de joueurs, joueurs,
entraîneurs, supporters, journalistes) du cirque footballistique. C’est le
moment où la réglementation mise en place par les instances nationales du
football - soumises, par le statut de membre d’instances supranationales (CAF
et FIFA) acquis par la voie de l’acceptation de conditions préalables à
l’adhésion à ces instances et aux dispositions réglementairement édictées par ces
organismes internationaux de gestion de la pratique du football- montre que le
fameux ₺mercato₺ renvoie aux principes de l’économie de marché : la
négociation entre les intervenants (vendeurs et acheteurs).
Cette intersaison estivale
a fait à nouveau la démonstration que le mouvement du marché est manipulé par
les dirigeants de club, agissant non pas comme une ₺main invisible₺ mais au vu
et au su de tous. Ils libèrent les joueurs qui ne les satisfont plus et
recrutent à tour de bras. Si le taux de rotation n’a pas encore atteint celui
qu’avaient porté à des sommets himalayens la JSK et le MCA (version 2014-2015)
on n’en est pas loin. Même si la mise sur le marché de joueurs semble à
première vue moins importantes qu’à l’intersaison estivale précédente, il n’en
demeure pas moins qu’ils (les dirigeants) agissent à leur guise avec la bénédiction
des instances sportives nationales (FAF et LFP)- bien accompagnées par la
réglementation internationale et nationale - au service des clubs, agents de la
dynamique professionnelle - protectrice des investisseurs et peu regardante sur
le sort réservé aux agents de la pratique sportive que sont les joueurs.
Les instances
footballistiques, nationales et internationales (certaines autres disciplines
sportives sont aussi concernées) se sont dotées d’une sorte de ₺statut d’extra
territorialité₺ qui en font un Etat dans un Etat et leur accorde le droit de
déroger à la réglementation sportive, juridique et civile nationale. Ce qui peut
être compréhensible dans les aspects liés à la gestion des compétitions et de
leur environnement ne l’est plus lorsque les dispositions générales prévoient
que les acteurs n’ont pas la possibilité de s’adresser à la justice civile sous
peine d’exclusion et que des démembrements de ces instances se sont attribués
un pouvoir supérieur (en matière par exemple d’authentification de documents
juridiques : validation/homologation de contrats ou d’avenants) à celui
d’un agent judiciaire assermenté (notaire) ou d’un fonctionnaire habilité à
légaliser en vertu d’une insertion subreptice (ou non révélée
publiquement) ou de la modification
d’une disposition inusitée auparavant.
La dernière mesure prise
dans cette ambiance accordant tous les pouvoirs aux dirigeants de clubs et à
ceux des instances sportives cooptés parmi ce corps social est celle qui dénie
aux joueurs le droit de faire examiner, par la commission de résolution des
litiges, un contentieux salarial ₺non déposé dans le mois qui suit la période
des trois mois sans traitement₺.
D’autres
mesures prises par la fédération le sont
au détriment des joueurs interdits d’enregistrement (donc d’exercer leur
activité professionnelle) si leur situation administrative et financière n’a
pas été réglée par la CRL et/ou le TAS tandis qu’un club en défaut de paiement
des salaires est interdit de recrutement et peut donc malgré cette sanction
participer aux compétitions.
On comprend donc que les joueurs soient
obligés de transiger et accepter des arbitrages sportifs qui ne sont pas en
leur faveur bien que le droit leur accorde raison.
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