mardi 25 août 2015

Elections de l’IAAF, Le rejet des Algériens du cénacle de l’athlétisme



Abderrahmane Morceli, frère et entraineur de Nouredinne, champion du monde et champion olympique du 1 500 mètres, a utilisé, dans un entretien accordé à un confère à la fin de la décennie 2 000, une formule très simple permettant de qualifier l’athlétisme. Il disait alors, dans un commentaire sur ce qu’il qualifiait de régression de l’athlétisme national, que cette discipline employait « le chronomètre et le métrage » pour langue. Abderrahmane ne se préoccupait que du terrain et de ce qui s’y passait. Il n’a d’ailleurs jamais été passionné par ce qui se passe dans les coulisses des instances sportives. Dans sa vision du monde, la valeur d’un athlète n’est pas mesurée par les discours aussi dithyrambiques soient-ils mais par les temps enregistrés par le chrono et par la mesure donné par  un décamètre. Peu disert, Abderrahmane tenait un discours de technicien, d’homme de terrain.
Le 50ème congrès de l’IAAF, l’organisation supranationale de la discipline-reine des sports olympiques, précédant de quelques jours le déroulement des championnats du monde de la discipline qui se tiennent depuis samedi à Pékin, montre, à travers les élections qui ont permis aux 214 représentants des fédérations-membres de sélectionner le nouveau président, les 4 vice-présidents, les 15 membres du conseil exécutif et les membres des comités, que la génération montante des dirigeants est en phase avec le discours de A. Morceli. Beaucoup de ces électeurs sont issus de la discipline, d’anciens athlètes qui se sont tournés, à la fin de leurs carrières sportives, vers des fonctions que nous dirons de politique sportive, du sport qui leur a beaucoup donné sur le plan sportif et professionnel.
Le congrès de l’IAAF a élu un président, le Britannique Sébastian Coe qui fut, dans les années 80, le meilleur coureur de 1 500 mètres de son époque (double champion olympique). Son premier vice-président, l’Ukrainien Serguei Bubka, est un sauteur à la perche (multiple champion du monde et 35 fois recordman du monde).  Le quatrième vice-président,  le Cubain Alberto Juantorena, surnommé « el caballo » pour l’impression visuelle de puissance qu’il dégageait et la longueur de sa foulée, fut double médaillé d’or du 400 et du 800 des jeux olympiques de Montréal (1976).
Les Marocains Khalid Skah (vainqueur du 10 000 des jeux olympiques de Barcelone 1992) et Nawel el Moutawakel (médaille d’or du 400 mètres haies des jeux olympiques de Los Angeles (1980) ou encore le Namibien Frank Fredericks (médaillé d’argent du 100 et du 200 des jeux olympiques de Barcelone puis à nouveau double médaillé d’argent du 100 et du 200 aux jeux d’Atlanta, 1996) ont été élus au conseil exécutif de l’IAAF qui toute proportion gardée, est l’équivalent du bureau exécutif d’une fédération nationale d’athlétisme.    
Nous avons rapporté ici même que deux Algériens s’étaient auto-candidatés pour occuper des fonctions dans ces instances. Le président  de la fédération algérienne d’athlétisme, Ammar Bouras, pour une place au conseil exécutif et Ahmed Boubrit, le directeur technique national, pour siéger au comité de cross-country. On connait le résultat d’une démarche qui n’avait pas cherché l’agrément des instances sportives (FAA, MJS et COA).
Au-delà de ces démarches éminemment individuelles et individualistes, les deux postulants, prédisposés à ce camouflet car illustres inconnus au milieu de stars mondiales de la discipline et non soutenus par l’appareil de l’Etat, n’avaient pas pris en compte le pouvoir magique du palmarès, des titres et médailles obtenus dans les grandes manifestations dans un cénacle qui les compte par centaines si ce n’est par milliers.

En un tel environnement, les candidatures de Hassiba Boulmerka et de Nouredinne Morceli auraient été plus adaptées. Sauf que, les deux grandes stars de l’athlétisme national, les deux premières aussi, celles qui ont frappé l’imagination et les mémoires en remportant en l’espace de quelques heures de 1991, les deux premiers titres mondiaux sur une même distance (1 500 mètres) pour un pays alors inconnu sur l’échiquier mondial, dérangent tellement que la première n’a même pas invité à assister à la dernière assemblée générale de la FAA par celui qui fut son entraîneur dont la crainte d’être éclipsé est forte et qui pour être « le soleil de l’athlétisme algérien » a été jusqu’à faire perdre une fonction au sein de la confédération africaine à un ancien secrétaire général de la FAA. Heureusement pour ce dernier que le président de la confédération élu en qualité de 3ème vice-président de l’IAAF, l’aurait maintenu à ses côtés comme membre honoraire. 

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