vendredi 14 août 2015

Le phénomène Dibaba, Tentatives d’explications


En 2009, Genzebe Dibaba remporte le titre de  championne d'Afrique junior du 5 000 m. Cela lui vaut d’être retenue dans l'équipe d’Éthiopie qui participe aux championnats du monde de Berlin en remplacement de sa sœur Tirunesh Dibaba qui déclara forfait sur blessure. Âgée de dix-huit ans seulement, elle atteignit la finale du 5 000 m et se classa huitième en 15 min 11 s 126.
En 2010, elle poursuivit son ascension. Elle porta son record personnel du 5 000 m à 14 min 37 s 56 au meeting d’Oslo, et remporta, quelques jours plus tard, à Moncton, les championnats du monde juniors en 15 min 08 s 06.
En 2011, Genzebe Dibaba porta ses records personnels du 1 500 m à 4 min 05 s 90 et du 5 000 m à 14 min 37 s 56. Elle atteignit la finale du 5 000 m des championnats du monde de Daegu où elle se classe huitième comme lors de l'édition précédente.
Son premier succès lors d'un championnat intercontinental senior sur piste intervint en début de saison 2012 à l'occasion des Championnats du monde en salle d'Istanbul. Dibaba remporte l'épreuve du 1 500 m en 4 min 05 s 78, devant la Marocaine Mariem Alaoui Selsouli et la Turque Aslı Çakır. En mai, Dibaba remporte le 1 500 mètres du meeting de Shanghai (Ligue de Diamant) et améliore à cette occasion le record d’Éthiopie du 1 500 m en terminant en 3.57.77.
Ce qui surprend c’est que, malgré les déclarations désobligeantes qui entourent sa progression, la jeune fille s’accroche mordicus à un discours qui ne semble pas être entendu ou plutôt que l’on écoute avec scepticisme. L’ambiance délétère qui enveloppe l’athlétisme de haut niveau ne peut conduire qu’à des réactions n’accordant plus aucune importance à la notion d’effort, de travail. Réussir une performance de très haut niveau est devenu aujourd’hui synonyme d’utilisation d’aides répréhensibles.
Dans une interview accordée à un site américain consacré à l’athlétisme, Genzebe Dibaba évoque une séance d’entrainement de folie pour qui connait un peu la valeur de l’effort. Une séance qui rebuterait beaucoup d’hommes avec 5X800 mètres en 2.02 et 2.04 et pour finir un 800 en 1.58, ce qui, en compétition, l’a placerait dans le Top 10 mondial (seules 7 athlètes ont couru en moins de 1.59 cette année).
Bien que l’on ne connaisse pas le temps de récupération entre chaque 800 mètres, on comprend un peu mieux, les temps de passage de la course de Monaco (400 en 60.31, 800 en 2.04.52) et un dernier tour en 59.79.
Contrairement aux autres athlètes de demi-fond féminin qui trouvent des difficultés à trouver des partenaires d’entrainement de leur niveau (pour compenser ce handicap, certaines athlètes européennes sont accompagnées à vélo par leurs entraineurs), Genzebe Dibaba n’a pas ce problème. Elle raconte qu’elle s’entraîne « avec des hommes, pas du tout avec des filles ». Un petit peu comme le faisait Hassiba Boulmerka qui avait pour sparring-partners Ryad Gatte et Tarek Zoghmar. Genzebe explique que cette approche n’a que des avantages : «du fait de s'entraîner avec quelqu'un de plus fort, on ne peut que s'améliorer ». Elle précise que « ce serait difficile maintenant de m'entraîner avec des filles. D'ailleurs, il n'y en pas vraiment dans mon groupe. C'est sans doute ça qui m'a amenée à ce niveau ».
Un autre paramètre pourrait expliquer cet exploit chronométrique (et son 14.11 au 5 000 mètres de Paris). De nombreux athlètes Kenyans sont originaires des régions d’Eldoret et d’Iten où se préparent de plus en plus les meilleurs athlètes mondiaux de demi-fond et de fond (T. Makhloufi semble apprécier ces lieux). Pour l’Ethiopie, c’est Bekoji, un village situé  à 200 kilomètres de la capitale Addis-Abeba, à une altitude de  2 800 mètres, le lieu  de naissance de Dibaba. Bekoji est un haut lieu de la course à pied éthiopienne comptabilisant 10 records du monde, 8 médailles d’or des jeux olympiques et 32 aux championnats du monde d’athlétisme et de cross-country.


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