samedi 29 août 2015

Publicité sportive, Mobilis, un encouragement au dopage ?


Mobilis est une entreprise publique de téléphonie mobile qui dans le cadre de sa politique de communication a investi le champ sportif. En plus du « naming » du championnat de football professionnel, cette entreprise sponsorise des fédérations, des événements sportifs et d’autres événements. Elle se veut être une entreprise citoyenne.
Mobilis est le parrain officiel de la fédération algérienne d’athlétisme et à ce titre participe au financement de quelques compétitions nationales telles que le challenge national des courses sur routes, perçu par la FAA, comme un moyen de promouvoir et de développer la course à pied alors que ces mêmes courses sur routes s’adressent essentiellement à des athlètes qui souvent ont fait le tour de la course pédestre (seniors et vétérans des deux sexes de toutes les catégories d’âges) et n’accordent qu’un intérêt secondaire aux jeunes catégories dont les courses meublent le temps mort entre le départ et l’arrivée des courses. Il est vrai toutefois, qu’elles permettent à de nombreuses villes d’animer leurs artères pendant quelques heures et aux athlètes locaux de se distinguer devant leurs concitoyens.
Dans ce qui semble devenir une tradition, ou pour le moins d’une pratique systématique de distribution de fonds sous la forme de sponsoring, Mobilis a publié des placards publicitaires pour accompagner la FAA en campagne aux championnats du monde d’athlétisme de Pékin. Un placard sur lequel figure le champion olympique du 1 500 mètres (Londres 2012) Taoufik Makhloufi soutenu par l’opérateur et le triple champion d’Afrique du décathlon, Larbi Bouraâda qui par le biais de la fédération aurait contractualisé sa relation avec l’opérateur de téléphonie.
Si nous ne pouvons nous permettre de juger le volet esthétique de cette affiche (les goûts et les couleurs….), nous sommes dans l’obligation de noter, du point de vue sémiologique, que les concepteurs de produit publicitaire (ici nous ne visons pas ceux qui ont été choisis par Mobilis mais ceux qui ont représentés la FAA) ont opté pour un message subliminal établissant un amalgame malheureux entre un champion (Makhloufi), pour l’heure exemplaire (bien que des suspicions sur son titre olympique aient été propagées par la presse sportive internationale lors de son titre olympique à la suite de sa participation plus qu’équivoque à la finale du 1 500 après un abandon sur 800)  et un autre (Bouraâda) certes plus complet (spécialiste des épreuves combinées) mais suspendu de la pratique pendant deux années (juin 2012-juin 2014) à la suite d’un contrôle positif au Stanozolol.
Ce qui est contrariant est que, dans un contexte d’exposition médiatique moins important, une manifestation sportive (challenge international de courses de demi-fond de Constantine), organisée à la fin du mois de mai 2015, par le MAC (Mawaheeb Athlétic de Constantine), créé et présidé par Hassiba Boulmerka pour promouvoir la course à pied avait refusé de faire figurer sur l’affiche de son meeting, Saidi Sief Ali (médaillé d’argent du 5 000 mètres des jeux olympiques de Sidney, 2000), pourtant enfant de la wilaya (né à Hamma Bouziane à quelques 8 kilomètres de la « ville aux 8 ponts ») parce que contrôlé positif aux championnats du monde d’Edmonton (2001). Tous les champions et championnes du monde et olympiques (Boulmerka, Morceli, Saïd-Guerni, Benida et Makhloufi) devaient figurer sur le projet initial d’affiche sauf Saidi Sief.
Les hommes forts de la fédération algérienne d’athlétisme sont connus, de très longue date, pour être des partisans de la « préparation biologique » dont les frontières sont bien ténues avec « la préparation pharmaceutique » et les pratiques de dopage. On peut donc comprendre que, pour remplir les caisses de la fédération, ils aient omis de préciser ce point de détail qui…change toute l’interprétation que l’on peut donner à cette affiche.

Pendant que Mobilis mettait en valeur un athlète peu représentatif (sur le plan de l’éthique), les lecteurs de la presse généraliste algérienne apprenaient que les pouvoirs publics étaient en guerre contre ce type d’agissements. La commission nationale anti dopage suspendait un cycliste et un lutteur. Une contradiction flagrante, s’il peut en être.

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