Hind Dehiba est une spécialiste franco-marocaine des courses de
demi-fond qui a connu très tôt le haut niveau. Toute jeune, elle a fait partie
des meilleures spécialistes marocaine. En 1994, elle est sélectionnée (elle
était âgée de 14 ans) dans l’équipe marocaine qui participa aux championnats
d’Afrique juniors d’Alger. Elle s’y
classa à la 6ème place avant de se classer à la 2ème
place des championnats du monde scolaires de cross country (1996) et de battre
de multiples records nationaux. En 1998, elle délaisse le sport pour suivre des
études de cadre des sports. En 2003, elle épouse Fodil Dihaba (un Marocain,
champion de France espoirs de 10 000 mètres qu’elle avait rencontré au
cours d’un stage à Ifrane, haut lieu marocain de la préparation en altitude) et
reprend l’entrainement avec son mari pour entraineur. En même temps, elle prend
la nationalité française et est sélectionnée, une semaine plus tard, pour les
Jeux Olympiques dans l’équipe de France et est inscrite sur le 1 5OO mètres par
le Maroc et la France et créé une formidable polémique entre les deux
fédérations..
Suspendue en janvier 2007, à la suite d’un contrôle positif à l’EPO,
Hind Dehiba, comme par hasard et comme d’autres athlètes dopés, après sa
suspension, était revenue au plus haut niveau en sa qualifiant pour les
championnats du monde Berlin (elle est éliminée en demi-finales) et, à partir
de 2010, elle réalise de belles performances : records de France, du 800 m
(1’58’’67) et du 1500 m (3’59’’76) puis ceux du mile et du 800 m en salle.
Les circonstances du contrôle positif sont particulières. En janvier
2007, de retour, avec son mari-entraineur, d’un stage à Albuquerque (Etats
Unis), elle avait été interpellée par des douaniers de l’aéroport de
Paris-Roissy qui avaient alors découvert un stock d’ampoules d’hormone de
croissance dans leurs bagages. Son mari avait été condamné (en août 2011) à 5
mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal de grande instance de Paris
pour « importation non déclarée de marchandises prohibées » et avait
été relaxé de l’accusation « d’offre ou cession à un sportif de produits
interdits ».
Selon ses déclarations, les produits interdits transportés dans ses
bagages étaient destinés à son usage personnel et n’avaient pas été utilisés par
son épouse. C’était sans doute vrai. Mais, un prélèvement effectué sur Hind
Dehiba a permis la découverte d’EPO (un autre produit dopant) ce qui conduisit
à sa suspension. Elle détenait alors deux records de France (1500 m en salle et
3000 m,) et elle s’en appropriera quatre autres après sa suspension.
Notons aussi que le site Bladi.net titre, dans un
article datant de juillet 2007, « Hind Diaba balance les autres pour avoir une
réduction de peine ». Dans cette dénonciation d’athlètes
prétendument dopés se trouve impliqué également Aïssa Dghoughi qui lui aussi
n’est pas un inconnu. Cet ancien athlète marocain, spécialiste du 10 000 m,
suspendu pour dopage, s'est fait un nom en balançant une dizaine de sportifs
français dans le dossier remis par le mari de Hind Dehiba à l’IAAF qui l'aurait,
selon le journal Le Monde, transmis à la FFA.
Dans ce dossier, l’athlète franco-algérien Bouabdellah Tahri est
accusé de « se fournir en produits dopants » auprès d'une certaine
Dorothée Paulmann, manager agréée par l'IAAF, qui serait, à cette époque-là
dans le collimateur de la justice allemande. Médaillée de bronze aux
Championnats du Monde 2005, Bouchra Ghezielle récuse les affirmations du trio
et dénonce de telles informations à la veille des Mondiaux d'Osaka.
Deux autres athlètes marocains (Latifa Essarokh et Khalid Zoubaa) tous
les deux suspendus pour dopage, « auraient eux aussi "pris de l'EPO
et des hormones de croissance à Ifrane" en avril 2003 avec le Marocain
Khalid Skah, champion olympique en 1992 ». Julie Coulaud, son
compagnon Mustapha Tantan et Yamina Bouchaouante sont eux aussi visés.
Selon Bladi.net, les Dehiba ont passé des aveux afin d'obtenir
une réduction de la suspension de Hind, comme en avait bénéficié les
protagonistes de l' « affaire Balco ». Le directeur technique national
français de cette époque, Franck Chevallier, observa que « celui
qui tient ces propos est en ce moment en difficulté par rapport à la justice et
à l'IAAF et, par ses déclarations, essaie de négocier une réhabilitation ».
Le président de la FAA, Bernard Amsalem, partagea aussi cet avis. Il
affirma alors « Il peut y avoir manipulation, ce n'est pas
les délations d'une lettre anonyme qui me suffisent » avant
d'ajouter « Il me faut des preuves. Trois des noms cités dans ce dossier ont été
contrôlés positifs. Pour les autres, on ne peut pas se prononcer »,
avait-il conclu.
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