Liliya Shobukhova est le dernier cas connu de repentance. En échange
d’informations de pratiques de dopage dans l’athlétisme russe, elle a bénéficié
d’un raccourcissement de la peine précédemment prononcée. Selon un communiqué
publié par l’AMA pour annoncer cette décision, Liliya Shobukhova semblerait être
en possession d’informations très intéressantes qu’elle aurait donc négocier
pour jouir d’une atténuation de sa peine.
Des informations qui sont certainement de grande valeur puisque le communiqué
diffusé indique que « les informations et les documents fournis
par Madame Shobukhova sont d’une valeur substantielle dans la découverte et
l’investigation des violations des règles anti-dopage commises par d’autres
personnes, incluant des soutiens personnels des athlètes». Ces « soutiens
personnels » étant, dans le jargon juridique qui prévaut dans ces
instances, des entraîneurs, des coaches, des médecins et autres soigneurs, on est
amené à constater que la lutte contre le
dopage ne se limite pas seulement aux seuls consommateurs mais s’étend aussi à
leurs supposés complices. Nous observerons que dans notre pays, nonobstant les
investigations qui pourraient être menées par les services de sécurité pour
démanteler les réseaux de commercialisation, seuls les athlètes coupables de
dopage ont été sanctionnés. Alors qu’il ne fait aucun doute que leur entourage
(camarades d’entrainement, entraineurs, dirigeants, médecins, etc.) est
incriminé.
En échange de ses révélations, Liliya Shobukhova a vu sa peine
s’alléger de sept mois (elle s’est achevée le 23 août 2015 permettant à l’athlète de réintégrer le
circuit des marathons rémunérateurs). Cette décision a provoqué une surprise
générale, puisque la suspension de deux ans prononcée par la fédération russe
avait parue trop courte à l’IAAF qui avait fait appel auprès du TAS (tribunal
arbitral du sport) et avait obtenue satisfaction, à la fin du mois de juin,
avec une suspension se terminant en mars 2016.
La décision de l’AMA n’a pas seulement choqué l’IAAF. Au début du mois
d’août (s’appuyant sur l’appel de l’IAAF), les organisateurs des marathons de
Londres et Chicago avaient annoncé l’engagement d’une action légale contre la
coureuse en vue d’obtenir le remboursement des primes reçues dans leurs
épreuves (et pour le circuit mondial de marathon), entre 2009 et 2011. Ils
réclamaient le remboursement de 1.4 millions d’euros.
L’annonce de ce raccourcissement de sanction a incité les
organisateurs du marathon de Londres a évoqué une règle de l’IAAF interdisant
la participation d’un athlète à une compétition tant qu’il n’a pas remboursé
les primes acquises illicitement.
Bien qu’elle ait été désavouée par l’instance suprême de lutte contre
le dopage, l’IAAF paraît soutenir l’accord passé entre l’AMA et la
marathonienne. A n’en pas douter, celle-ci aurait beaucoup à révéler sur le
système russe. Dans le premier documentaire diffusé (en décembre dernier. Un
second l’a été au début de l’été) par la chaine publique allemande ARD, elle
avait prétendu avoir payé 450 000 euros à des officiels russes pour éviter
une sanction pour dopage. Mais, des embrouilles auraient conduit finalement à un contrôle positif. On peut
donc comprendre que Liliya Shobukhova puisse se sentir trahie et dénonce ces
dirigeants.
Nul (à part l’AMA) ne sait quelles sont les révélations faites par
Liliya Shobukhova. Le secret est bien
sur nécessaire ainsi que l’affirme l’AMA qui veut protéger les données communiquées
pour mieux traquer les tricheurs.
Toutefois, un lien peut être étable dans l’enchaînement des faits,
survenus en un trimestre, dont nous disposons. A la fin du mois de juin, Liliya
Shobukhova est suspendue (par l’AMA, suite à l’appel de l’IAAF) jusqu’au mois
de mars 2016. Quasiment à la même époque, la fédération russe annonce le
démantèlement de son équipe de marche et l’absence de ses marcheurs aux
épreuves des championnats du monde de Pékin (fin août). En début septembre, 6
marcheurs russes de très haut niveau sont suspendus pour dopage et…. Liliya
Shobukhova voit sa peine raccourcie de 7 mois.
Notons que le dispositif de repentance implique que non-observance des
obligations prévues dans l’accord autorise l’Agence Mondiale à suspendre à
nouveau l’athlète pour la période initialement prévue. On peut croire que la
marathonienne a respecté jusqu’à présent sa part du contrat.
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