lundi 30 novembre 2015

Rebondissement à l’IAAF, La rupture « chevaleresque » de Sir Sébastian Coe


J
eudi 26 novembre, au cours d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du conseil de l’IAAF devant examiner les suites des affaires de dopage, d’extorsion de fonds et de corruption qui ternissent la fédération international d’athlétisme et son membre (la fédération de Russie, l’ARAF), et comme pour clôturer en un bouquet final digne des arts pyrotechniques, une semaine mouvementée ayant vu le président de l’instance sportive internationale être malmené par la presse de son pays, puis d’Europe à la suite de la découverte d’un courriel, lord Sébastian Coe a annoncé qu’il abandonnait ses fonctions d’ambassadeur de la firme équipementière américaine Nike. Le siège social de cette entreprise se trouve à une centaine de kilomètres d’Eugène, dans l’Etat de l’Oregon,  qui s’était  vue confier, contre toute attente et en dépit des règles de procédure, l’organisation des championnats du monde d’athlétisme de 2021. Sébastian Coe avait été pointé du doigt dans une affaire de conflit d’intérêts. Il aurait du lobbying pour le compte de cette entreprise de fabrication d’équipements sportifs auprès de Lamine Diack, président de l’IAAF jusqu’au mois d’août dernier et auquel il a succédé.
Sébastian Coe, en position défensive, continue de soutenir fermement que pour lui, contrairement aux allégations qui sont apparues avant et après son élection à la tête de l’instance faîtière de l’athlétisme, « il n’y avait pas de conflit d’intérêts ». Cependant, nous devons observer que la position de l’ « honorable » (c’est le qualificatif que l’on accorde aux pairs d’Angleterre) lord Sébastian Coe était devenue de plus en plus délicate avec la médiatisation des affaires de dopage et de corruption dans lesquelles sont impliquées quelques uns des plus hautes responsables du système de gouvernance de la première discipline olympique qui risque même (si les dirigeants de l’AMA réussissent leur plan) à être interdite des prochains jeux olympiques.
L’ « affaire Sébastian Coe- Nike » portait en elle un risque supplémentaire d’implosion. Au sujet de la désignation d’Eugène, Sébastian Coe (alors vice-président de l’IAAF, avait eu au moins l’intelligence de reconnaitre qu’ « il est clair que la perception (des choses) et la réalité ont été horriblement altérées ». Il poursuit donc sa démarche de réinsertion dans la normalité en affirmant  rompre une relation devenu compromettante avec une entreprise industrielle et commerciale qui a généré en 2014 un bénéfice de 25 milliards de dollars. Il déclara à ce propos,  « J’ai quitté mon rôle d’ambassadeur pour Nike que j’avais depuis 38 ans » par ce que la situation n’était « pas bonne pour l’IAAF et pas bonne pour Nike».  Avec cette rupture, Sébastian Coe a fait un choix qui entraîne la perte de la rétribution (12 000 euros/mois) que lui versait, la marque d’équipement « à la virgule ». Bien que n’étant pas rémunéré également en tant que président de l’IAAF, le lord anglais n’est cependant pas sans ressources  puisqu’il serait président d’une société de marketing sportif.
Bien évidemment, la décision prise par l’ancien champion de demi-fond (1 500 et mile) a été saluée par ses pairs, ceux qui l’avaient élu à cette haute fonction.  Parmi ceux-ci, le président de la Fédération française d’athlétisme croit fermement que «ce qu'il a fait est courageux ». Il remarque aussi qu’avec une telle décision, Coe « a clarifié la situation alors que la commission d'éthique ne l'obligeait pas à prendre cette décision ». Dans un lyrisme très français hérité de la littérature médiévale et de cape et d’épée, le président de la FFA répète que cette décision est « courageuse et chevaleresque » et que « c'est un sujet de polémique qui s'éteint tout d'un coup ».

En Algérie, ce genre de situations très équivoques existerait. Des informations devant être toutefois confirmées laissent entendre que l’athlétisme national (une discipline secoué par quelques cas de dopage dont un a touché de très près le président de la fédération) serait confronté à une situation similaire (toutes  proportions gardées bien sur) et que certains dirigeants n’auraient pas cette clairvoyance en mêlant fonction élective avec intérêts personnels et/ou familiaux. Sur ce plan, il doit être reconnu que Sébastian a, de tous temps, fait preuve de transparence et n’a jamais caché ses rapports avec Nike.

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