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ous nous sommes astreints pendant quelques jours à lire, comprendre,
décortiquer, analyser et de tenter de remettre dans son contexte, une interview
accordée par Philippe Dupont, coach de Toufik Makhloufi, détenteur du titre de
champion olympique du 1 500 mètres qui sera remis en jeu l’été prochain
aux jeux olympiques de Rio de Janeiro. Depuis la conquête de cette médaille de
vermeil, Makhloufi a déçu ceux qui laissent parler leurs sentiments et oublient
que, pendant que nous dissertons sans fin, les autres, ses adversaires et ceux
qui les entourent travaillent et font des efforts pour progresser.
L’an passé, pratiquement à la même époque, Makhloufi était au cœur de
la polémique. Une histoire d’argent et de procédures administratives et une
tentative de mettre la main sur la gestion de la carrière de l’athlète et les
avantages de tout ordre qui découle de sa position de potentiel vainqueur des
courses de 1 500. Beaucoup, au plus haut niveau de la pyramide de
l’athlétisme ont besoin des résultats de cet athlète pour continuer à exister.
Ce sont ceux que nous avions dénommés en 1988, il y a déjà plus d’un quart de
siècle, ₺les pirates des pistes₺, ceux qui viennent cueillir les fruits du travail des autres. Hassiba
Boulmerka fut une des premières, Toufik Makhloufi ne sera pas le dernier. C’est
comme cela que l’on assassine les découvreurs et les formateurs et l’on
annihile tous les efforts consentis par les uns et des autres.
Le MCA en faisait partie. Ratissant large, il permettait cependant (il
nous faut le reconnaitre) aux athlètes de disposer des moyens nécessaires pour
atteindre une certaine plénitude au moins au niveau national et continental.
Puis, disons-le sans détour, le système le voulait.
Aujourd’hui, sous le couvert de ce que l’on appelle les groupes, les
athlètes sont dans l’obligation de se soumettre au diktat de leurs responsables
cumulant les fonctions d’entraîneurs et de managers dans leurs versions libérales
à l’individualisme effréné que l’on retrouve dans cet économie informelle qui
ravage le pays. Le MCA des Djouad, Brahmia (et de ceux qui les accompagnaient
et dont le rôle était plus important que ce qu’il n’y parait à première vue)
savait gérer les questions de logistique qui se posaient en permanence à la
multiplicité des groupes en déplacement pour des stages et/ou des compétitions.
La fédération algérienne également. Malheureusement, comme le disait récemment,
sur les ondes de la radio nationale, Sid Ali Boukrami, expert en finances
internationales et ancien ministre, l’Algérie n’a pas su capitaliser le plus
important, les ressources humaines. Le
retrait (pour raisons de santé) espérons-le, momentané du secrétaire général de
la FAA est une explication potentielle à cette absence de réactivité de la
fédération.
Philippe Dupont, dont l’interview a révolté beaucoup, a déclaré que
« si les Algériens ne font rien pour Mekhloufi qui le ferait à leur
place ». Il a touché du doigt notre incapacité à agir, à accomplir
le futile. Dans une organisation qui se respecte (et Philippe Dupont
bénéficiant du statut d’étranger, de la liberté de penser et d’expression,
chargé de ce type de questions au niveau de sa fédération d’appartenance s’est
permis de dire tout haut ce que beaucoup, accaparés par la gestion de leurs
carrières, pense tout bas), ce sont les structures desquelles (GSP et FAA en
dernière instance) un athlète de ce niveau relève qui devraient se charger de
ces commodités. En fait, les faits le confirment chaque année, Makhloufi est rétif,
est un électron libre, ne disposant d’aucune structure d’accompagnement et de
soutien. Makhloufi est un grand champion qui exerce dans l’informel. Comme tous
les jeunes de ce pays, il se débrouille pour survivre au milieu des requins.
Mais, cette question de visa qui
revient sur le tapis n’est que la partie immergée d’un gigantesque iceberg qui
est la gestion des aides, subventions et sponsoring dont bénéficie le champion
en titre er candidat à sa propre succession sur le 1 500 mètres.
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