vendredi 18 décembre 2015

Il prépare sa chute


P
our démolir l’interview accordée (publiée jeudi 10 décembre) par Philippe Dupont au quotidien national « Liberté » qui était avant tout l’expression de inquiétude ressentie par un entraîneur (français) en charge de la préparation de Toufik Makhloufi, champion olympique (algérien) du 1 500 mètres, et s’interrogeait sur la difficulté à obtenir un visa, le président du comité olympique algérien s’est adressé à un site électronique spécialisé en athlétisme (à la demande des journalistes de ce site) pour expliquer qu’il s’agissait en fait d’une question de prise en charge financière qui ne serait pas à la hauteur des attentes exagérées de l’athlète et d’une justification des dépenses engagées. Une relecture de l’interview et de nos précédentes chroniques montre  qu’il n’en est rien.
Le journaliste observe que Taoufik Makhloufi « n’a pas créé le lien affectif » avec le peuple algérien. Le champion olympique de 2012 ne serait plus portée par la dynamique qu’avait entraîné sa victoire inattendue (souvenons nous des quiproquos et des interrogations acerbes, sur fond de soupçons de dopage, qu’avaient suscité son abandon au 800 mètres et sa  participation à la finale du 1 500 mètres). La réaction populaire (qui se fiche éperdument de l’athlétisme  en dehors des victoires) prétendument négative est expliquée en partie « par le manque de résultats depuis sa médaille d’or olympique » et par « ses jérémiades permanentes sur des aspects financiers » qui irriteraient des Algériens « en souffrance ».
On revient immanquablement aux discours économique et politique qui ont cours actuellement en Algérie, l’austérité résultant de la diminution de la rente pétrolière, et à ce leitmotiv qu’est la justification des frais engagés que l’on brandit lors de la reddition des comptes. Le président du comité olympique national ne cache pas qu’il (Toufik Makhloufi) «a beaucoup d’avantages, tous les avantages possibles de la part de l’Etat ».
Ce que les Algériens ne savent pas et que les journalistes algériens ne connaissent est dévoilé dans la presse française :  « le champion olympique cadeauté en biens immobiliers lors de son sacre londonien, toucherait un salaire de cadre évalué à 1 000 euros mensuels de la part de la Sonatrach, une rétribution de 1 400 euros mensuelle sur des fonds ministériels de la MJS, un contrat évalué à 120 000 euros annuel avec l’opérateur Mobilis sans oublier un pool de partenaires privés et ses primes de meeting ». Tout l’argumentaire employé habituellement pour discréditer un homme politique ou d’un homme d’affaires gênant. Sauf que là, il s’agit simplement d’un coureur à pied qui, par sa notoriété et ses gains, rivalise (avec une certaine réussite sportive) avec les millionnaires du football professionnel à l’algérienne.
Alors qu’il est appuyé avec une certaine insistance sur la désinvolture avec laquelle le champion gère sa carrière internationale, on se surprend à lire que le retard dans l’obtention du visa pour la France ne serait qu’une mauvaise excuse puisque, selon le président du COA « son dossier a été traité dans les meilleurs délais propres aux demandes formulées par les personnalités». Ce ne serait donc qu’une tempête dans un verre d’eau. Dupont ce serait fourvoyé dans un combat qui ne le concerne pas ou aurait été induit en erreur pas son poulain.
Ce comportement (de l’athlète) aurait pour motivations listées par le site un manque de sérieux de l’athlète qui occasionnerait un retard (par rapport à la programmation envoyée par Dupont) dans sa préparation, un manque de motivation à reprendre le haut niveau ou une réticence à entreprendre un entraînement intensif qui serait devenu une mode, lors des cycles hivernaux, et que l’on retrouverait dans les programmes de certains coureurs de demi-fond. Une affirmation qui confirmerait que Toufik Makhloufi n’en fait qu’à sa tête.
Faisant référence à un correspondant anonyme, affirmant sans aucun détour que « nous, Algériens, nous sommes habitués aux médailles d’or» alors que nous sommes en attente du champion qui nous les rapportera et comme si nos bilans des championnats du monde et des jeux olympiques en regorgeaient, s’écrie que « Dupont, c’est le bouclier de Makhloufi » et que ce sont « toujours les mêmes problèmes, les mêmes histoires avec les mêmes excuses inventées de toutes pièces ». Et cette sentence définitive : « il prépare sa chute ».


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