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a nouvelle polémique qui s’annonce autour de la préparation de Toufik
Makhloufi fait partie de ces rituels qui rythment naturellement l’organisation
et le fonctionnement du mouvement sportif national dont on sait malheureusement
que ce microcosme ne se différencie guère de l’univers dans lequel il s’insère
puisque ce sont les mêmes mécanismes et mécaniques qui sont en action et
reproduits.
Revenant sur la course de la finale des championnats du monde de
Pékin, Philippe Dupont, son entraîneur dont le contrat d’objectif s’achèvera
avec les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, replace la quatrième place (la plus
mauvaise puisque venant tout juste après les médaillés) admet que le champion
des Algériens était obnubilé par une place sur le podium et que cet objectif
était celui que lui avaient désigné les spécialistes. Le résultat (4ème)
a été celui du choix (fait par T. Makhloufi) de rééditer la course de Londres
devenue pour lui la course de référence. Après coup, Dupont note qu’il aurait
du choisir une autre tactique, courir différemment et qu’ « en
prenant moins de risques, il aurait pu largement prétendre au podium et
peut-être même gagner la course ». Mais, il le répète « quatrième
dans un championnat du monde, ce n’est pas rien » avant d’inciter
les Algériens à ne pas faire « la fine bouche sur une telle performance ».
On apprend que Makhloufi est quelqu’un « de très sensible »,
très marqué « par le côté affectif » et que « c’est un passionné »
qui « a tout le temps besoin d’être soutenu ». Contrairement à
ce que la polémique de l’année dernière pouvait laisser croire, le soutien
attendu n’est pas spécialement matériel mais moral. Makhloufi ressentirait, sur
ce plan-là, un déficit de ce Dupont appelle ₺amour₺, ₺reconnaissance₺ et ₺confiance₺, un
comportement de la part des responsables de l’athlétisme algérien qui pour lui est
« énigmatique et désolant ».
Pour en avoir discuté souvent avec l’athlète, l’entraîneur «le
sens un peu blessé par ce manque de considération » et par les
tracasseries rencontrées qui expliqueraient le retard dans le démarrage
d’ « une préparation optimale » en vue des championnats du
monde. La reconduction de cet état d’esprit et de ces contrariétés semble l’inquiéter
et l’amène à prévoir la reproduction du même scénario avant les Jeux olympiques
de Rio.
Dupont (qui n’est pas en permanence avec Makhloufi) explique l’avoir
eu au téléphone et ne pas être satisfait de la préparation en cette période
avec le ratage d’ « un stage très important de développement
général que j’ai organisé avec de grands athlètes français dont Mekhissi, au
Portugal, pendant deux semaines. Il était vital qu’il soit là. Je voulais
absolument qu’il travaille avec Mekhissi pour optimiser la préparation et je
suis déçu qu’il n’ait pas pu être de ce regroupement ». Pire,
Makhloufi pourrait être absent à un second stage prévu au mois de janvier, en
Afrique du Sud. L’inquiétude de Dupont est du au fait qu’ « il
fallait reprendre le travail au mois de novembre » et que « Makhloufi est aux abonnés absents pour des
raisons futiles ».
Comme en juin dernier, il s’agit d’un problème de visa dont Dupont dit
qu’il est vrai que c’est « un problème compliqué surtout en ce moment »,
mais qu’il ne peut comprendre « qu’il faille plus d’un mois pour obtenir un
visa de longue durée à un athlète de la trempe de Mekhloufi qui normalement
doit pouvoir voyager comme il le veut ». Dupont se pose également
une question pertinente : « si Taoufik Makhloufi qui doit défendre dans
six mois un titre olympique ne peut pas avoir un visa en moins d’un mois, qui
peut l’avoir ? ».
Expliquant la situation présente, Dupont déclare que tous les
adversaires de Mekhloufi ont repris l’entraînement « depuis un bon bout de temps »
alors que notre coureur se démène pour obtenir un visa, une opération
administrative « qui n’est même pas de sa responsabilité à vrai dire ».
Considérant qu’un athlète de son standing « doit être soutenu, encadré »,
« ne doit manquer de rien » et que «c’est l’une des rares chances de
l’Algérie aux Jeux olympiques », il remarque que Makhloufi a du
mal à respecter le programme de préparation en Algérie et que l’athlète lui
aurait dit qu’il « n’est pas dans des conditions psychologiques adéquates ».
Espérant une amélioration « dans un futur très proche »,
supposant que Makhloufi « est une idole dans son pays »
et que les responsables algériens pourront faire quelque chose, l’entraîneur
français ne prend pas de gants en disant simplement « si les Algériens ne font rien
pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ».
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