lundi 14 décembre 2015

"Si les Algériens ne font rien……"



L
a nouvelle polémique qui s’annonce autour de la préparation de Toufik Makhloufi fait partie de ces rituels qui rythment naturellement l’organisation et le fonctionnement du mouvement sportif national dont on sait malheureusement que ce microcosme ne se différencie guère de l’univers dans lequel il s’insère puisque ce sont les mêmes mécanismes et mécaniques qui sont en action et reproduits.
Revenant sur la course de la finale des championnats du monde de Pékin, Philippe Dupont, son entraîneur dont le contrat d’objectif s’achèvera avec les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, replace la quatrième place (la plus mauvaise puisque venant tout juste après les médaillés) admet que le champion des Algériens était obnubilé par une place sur le podium et que cet objectif était celui que lui avaient désigné les spécialistes. Le résultat (4ème) a été celui du choix (fait par T. Makhloufi) de rééditer la course de Londres devenue pour lui la course de référence. Après coup, Dupont note qu’il aurait du choisir une autre tactique, courir différemment et qu’ « en prenant moins de risques, il aurait pu largement prétendre au podium et peut-être même gagner la course ». Mais, il le répète « quatrième dans un championnat du monde, ce n’est pas rien » avant d’inciter les Algériens à ne pas faire « la fine bouche sur une telle performance ».
On apprend que Makhloufi est quelqu’un « de très sensible », très marqué « par le côté affectif » et que « c’est un passionné » qui « a tout le temps besoin d’être soutenu ». Contrairement à ce que la polémique de l’année dernière pouvait laisser croire, le soutien attendu n’est pas spécialement matériel mais moral. Makhloufi ressentirait, sur ce plan-là, un déficit de ce Dupont appelle ₺amour₺, ₺reconnaissance₺ et ₺confiance₺, un comportement de la part des responsables de l’athlétisme algérien qui pour lui est « énigmatique et désolant ».
Pour en avoir discuté souvent avec l’athlète, l’entraîneur «le sens un peu blessé par ce manque de considération » et par les tracasseries rencontrées qui expliqueraient le retard dans le démarrage d’ « une préparation optimale » en vue des championnats du monde. La reconduction de cet état d’esprit et de ces contrariétés semble l’inquiéter et l’amène à prévoir la reproduction du même scénario avant les Jeux olympiques de Rio.
Dupont (qui n’est pas en permanence avec Makhloufi) explique l’avoir eu au téléphone et ne pas être satisfait de la préparation en cette période avec le ratage d’ « un stage très important de développement général que j’ai organisé avec de grands athlètes français dont Mekhissi, au Portugal, pendant deux semaines. Il était vital qu’il soit là. Je voulais absolument qu’il travaille avec Mekhissi pour optimiser la préparation et je suis déçu qu’il n’ait pas pu être de ce regroupement ». Pire, Makhloufi pourrait être absent à un second stage prévu au mois de janvier, en Afrique du Sud. L’inquiétude de Dupont est du au fait qu’ « il fallait reprendre le travail au mois de novembre » et que  « Makhloufi est aux abonnés absents pour des raisons futiles ».
Comme en juin dernier, il s’agit d’un problème de visa dont Dupont dit qu’il est vrai que c’est « un problème compliqué surtout en ce moment », mais qu’il ne peut comprendre « qu’il faille plus d’un mois pour obtenir un visa de longue durée à un athlète de la trempe de Mekhloufi qui normalement doit pouvoir voyager comme il le veut ». Dupont se pose également une question pertinente : « si Taoufik Makhloufi qui doit défendre dans six mois un titre olympique ne peut pas avoir un visa en moins d’un mois, qui peut l’avoir ? ».
Expliquant la situation présente, Dupont déclare que tous les adversaires de Mekhloufi ont repris l’entraînement « depuis un bon bout de temps » alors que notre coureur se démène pour obtenir un visa, une opération administrative « qui n’est même pas de sa responsabilité à vrai dire ». Considérant qu’un athlète de son  standing « doit être soutenu, encadré », « ne doit manquer de rien » et que «c’est l’une des rares chances de l’Algérie aux Jeux olympiques », il remarque que Makhloufi a du mal à respecter le programme de préparation en Algérie et que l’athlète lui aurait dit qu’il « n’est pas dans des conditions psychologiques adéquates ».

Espérant une amélioration « dans un futur très proche », supposant que Makhloufi « est une idole dans son pays » et que les responsables algériens pourront faire quelque chose, l’entraîneur français ne prend pas de gants en disant simplement « si les Algériens ne font rien pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ».  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire