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ertains éléments d’informations laissaient penser que l’actuel
président de l’IAAF, lord Sébastian Coe aurait pu être au courant des
agissements de son prédécesseur, le Sénégalais Lamine Diack et du médecin
français (Gabriel Dollé) alors en charge du département dopage. Le président de
la fédération française d’athlétisme, interrogé à ce sujet, avant qu’un courriel de l’actuel chef de cabinet du
président de l’IAAF, son compatriote et ex-responsable de la communication
adressé au fils de Lamine Diack, alors consultant en marketing de l’instance
faîtière de l’athlétisme ne soit diffusé, affirme sans détour que cela ne
peut être.
Son argumentation repose sur le fonctionnement du conseil
d’administration de l’IAAF (dont il était membre à l’époque des faits) qui
faisait que « quand on siégeait au Conseil d’Administration,(…), on n’était au
courant de rien. On n’avait pas d’infos ». A l’en croire, les
membres du conseil n’évoquaient que les dossiers
qui étaient présentés. Quant à la gestion de l’IAAF, « on
n’avait pas de regard ».
L’IAAF, telle qu’elle est décrite, fonctionnerait comme une machine,
une administration n’accordant que peu d’importance aux membres élus perçus
comme des « participants, des observateurs » qui posent des questions
mais n’ont pas de réponse. Ce membre du CA de l’IAAF, représentant d’une
fédération nationale importante, pense, malgré cela, «que l’ensemble des salariés de l’IAAF sont
honnêtes, ils font bien leur travail y compris dans le service médical et
anti-dopage », un volet qui pourtant est au cœur des embrouilles
rencontrées présentement et où à l’exception du docteur Dollé (impliqué et mis
en examen) « les autres sont des gens honnêtes, sincères »
et qui n’ont pas été entendus lorsqu’ils « avaient alerté leur hiérarchie
interne, après avoir vu 4 athlètes russes contrôlés positifs, qui participaient
aux JO. Mais on leur a dit de se taire ».
L’ « affaire Lamine Diack » était là
aussi présente insidieusement. L’ancien maire de Dakar et ex-président de
l’IAAF serait incriminé affectivement. Le président avoue que « le
problème de Lamine Diack, c’est son fils ». En fait, ses deux fils
(Pape Massetta et Khalil), selon certaines versions, seraient impliqués dans
une affaire de corruption et d’extorsion de fonds concernant des athlètes turques. Aucune
certitude cependant. Rien que des suspicions et une absence de clarté qui
résulte de cette affectivité qui fait qu’il y a « des choses qui ne sont pas
très claires ». Il reconnait que « tout le monde savait qu’il y
avait des problèmes avec le fils chargé de faire du consulting dans le
marketing. Il y avait déjà eu des dossiers sortis dans d’autres sports. On
savait bien que ça allait sortir un jour ». Il s’interroge en vain
sur une éventuelle complicité de Lamine Diack, sur une possible tentative de protéger son fils ou même sa participation à la corruption et laisse à
l’enquête le soin de découvrir la vérité.
Afin d’exonérer l’IAAF de tout ce qui pourrait lui être imputé, il
rappelle que, dès novembre 2014, il avait été demandé à l’AMA « qu’une
commission d’enquête soit nommée pour enquêter sur les problèmes dévoilés dans
le documentaire de l’ARD », ce fameux reportage de la télévision
publique allemande qui a mis le feu aux poudres. Il observe aussi
qu’ « il a fallu un an pour que le rapport aboutisse ». La
deuxième partie du rapport qui sera publiée en janvier mettraient en cause
d’autres pays. Bien que son contenu ne soit pas encore connu, le président de
la FFA dit que l’ « on parle de pays de l’Est, l’Ukraine, la
Biélorussie, le Kenya, la Turquie, la Jamaïque, etc.». Heureusement que
les membres du CA de l’AAF ne sont pas informés de tout se passe en son sein. Ce
qui n’empêche pas de dévoiler quelles sont les nations visées par un rapport
établi par une autre institution internationale. La porosité semble être
l’élément essentiel des relations à haut niveau.
Ne plaçant pas sur un pied d’égalité les pays infectés par le fléau du
dopage, évitant de faire des amalgames inopportuns, il fait une distinction en
fonction des capacités financières. Le Kenya et la Jamaïque, étant des « pays
pauvres», n’ayant pas les moyens (comme les pays occidentaux et les
pays de l’Europe de l’Est) de disposer d’une agence anti-dopage devrait être
aidés...par le CIO (et non par l’IAAF) « qui gagne beaucoup d’argent à
travers les Jeux ».
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