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n prenant la décision de ne pas considérer la période des Jeux
Olympiques, se déroulant à la fin du mois d’août à Rio de Janeiro, comme une
date FIFA, c'est-à-dire une période où les clubs professionnels de toute la
planète sont dans l’obligation de laisser leurs joueurs à la disposition de
leurs sélections nationales, la fédération internationale de football a mis
dans un embarras certain la FAF, membre de l’institution faîtière, dont son (et
notre) équipe nationale olympique a obtenu le droit d’y prendre part grâce à la
qualification acquise sur le terrain .
Les arguments présentés par la FIFA tels que donner aux joueurs
professionnels la possibilité de récupérer des efforts fournis pendant la
saison qui viendra de s’achever, de régénérer leur force de travail et ensuite de se préparer en vue de la saison
à venir sont évidemment recevables. La FIFA, comme toutes les fédérations
internationales, défend son territoire qui couvre aussi bien le football
professionnel que le football amateur. La vigueur financière de la FIFA (nous
devons nous garder de l’occulter) est fonction de la puissance financière des
clubs professionnels, de leurs ambitions, de leurs ressources qui sont
essentiellement le produit de leurs engagements et de leurs places dans la
hiérarchie des compétitions nationales et internationales dans lesquels ils
sont engagés (championnats nationaux et internationaux des clubs, multiples
coupes nationales et internationales), qui génèrent des ressources permettant
de rivaliser avec leurs rivaux.
Le tournoi de football des Jeux Olympiques, bien que relevant du point
de vue technique de la FIFA, est organisé sous l’égide du CIO (comité
international olympique) dont les préoccupations sont tout autres (même si
l’aspect financier n’est pas exempt). La référence idéologique de cette
compétition planétaire plonge ses racines dans un idéal ancien (paraissant désuet
même en ces temps de professionnalisation effrénée des pratiques sportives)
porté par des dirigeants européens qui, au 19ème et dans la première
moitié du 20ème siècle, de par leurs positions sociales, adeptes d’une
pratique sportive ludique, ne se voyaient pas concourir face à des adversaires
dont cela aurait été la profession, l’activité principale.
C’est dans ce contexte socio-économique et philosophique structurant
un courant idéologique puissant, ancré dans les sociétés occidentales que la
participation EXCEPTIONNELLE des professionnels (toutes disciplines sportives
confondues) de plus de 23 ans est admise, un âge qui correspond dans ses
sociétés à celui de la fin des études universitaires et à l’entrée dans la vie
active. Par ailleurs, dans les pays anglo-saxons, formant le noyau dur des institutions
internationales et de la formulation des chartes qui les régissent, l’éthique
et la réglementation sportive scolaire et universitaire interdit formellement
le bénéfice d’avantages financiers (contrats de sponsorings, primes de
participation et/ou de résultats, rémunérations, etc.) autres que ceux octroyés
par les établissements scolaires et universitaires (bourses) dont l’accès
gratuit n’est pas la caractéristique première.
On ne sait si la fédération nationale s’était préparée à cette mesure
qui bouleverse des ambitions nées de la qualification récente de la sélection
olympique. Mais, il est quasiment certain que - compte tenu du niveau de la
compétition nationale élite- cette
qualification, ce voyage à Rio n’était pas dans les plans. La valeur, le
potentiel, le talent de ces joueurs nationaux de moins de 23 ans ne sont pas autant mis en question que l’organisation
générale du sport qui n’incitait pas à
une telle perspective jamais entrevue depuis 35 ans et les jeux olympiques de
Moscou.
Seule la confusion des genres dans l’esprit des commentateurs et de
quelques dirigeants (qui en sont proches ou leur servent de relais) a pu faire
croire qu’une part importante de l’équipe nationale aurait pu être du voyage
faisant naitre ainsi des rêves de médailles inespérée en d’autres
circonstances. Un rêve, né de la politique fédérale de faire appel à de jeunes
joueurs formés ailleurs et jouant ailleurs sur lesquels, en de pareilles
circonstances, n’a plus de consistance.
Si pour beaucoup de fédérations nationales (européennes, américaines)
la problématique ne se pose pas ou très peu, pour la fédération algérienne (et
beaucoup de fédérations africaines s’appuyant sur leurs diaspora pour réaliser
des résultats), il s’agit de revoir l’ensemble de la philosophie qui sous tend
leurs démarches. Compter sur les joueurs
locaux (moins soumis aux contraintes imposées par les clubs professionnels
étrangers).
Dans « Les misérables »,
l’espiègle titi Gavroche est abattu sur des barricades de la Commune de Paris.
Agonisant sur le pavé parisien, Victor Hugo lui fait chantonner, dans un
dernier souffle, que les rêves sont tombés dans le ruisseau par la faute à…Rousseau.
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