dimanche 17 janvier 2016

Dopage en France, 16 passeports biologiques suspects


I
l y a quelques jours, au début de cette année 2016, nous nous étions arrêtés sur les déclarations du président de la fédération française d’athlétisme qui se faisait une gloire de mettre au premier plan  les avancées de la lutte antidopage dans son pays et de faire connaitre son crédo. Des informations publiées dans la presse française semblent indiquer que « la version française du passeport biologique », opérationnelle depuis deux ans pourrait conduire à des sanctions dans le courant de cette année.
Il semblerait en effet que 16 profils de sportifs de haut niveau (sur la soixantaine établie par l’AFLD, agence française de lutte contre le dopage) présenteraient des anomalies qui les rendraient suspects au premier niveau de filtrage des données et qu’en conséquence, ils (les profils suspects) auraient été transmis à trois experts indépendants (un  Français, un Allemand et un Italien).
Il a été relevé qu’il ne s’agit que de la première étape d’un processus potentiellement long et que, jusqu’à présent,  aucun sportif français n’a été suspendu sur la base des données contenues sur son passeport biologique. Il est de même indiqué que les cas de suspension, sur la base de l’examen du passeport biologique de l’athlète par une agence nationale de lutte contre le dopage, sont très rares.
Il est intéressant d’observer que les deux premiers cas soumis, il y a déjà un an, à cet examen complémentaire sont ceux de deux athlètes ayant déjà participé aux Jeux olympiques sous le maillot de l’équipe de France d’athlétisme et qui pourraient en toute vraisemblance  disputer les Jeux de Rio au mois d’août. Mais, ce que l’AFLD appelle le « profil biologique » comporte certes de nombreux prélèvements qui  n’ont cependant pas entièrement convaincu les experts.
Si l’un d’entre eux est catégorique sur l’origine de leurs variations hématologiques (le dopage sanguin),  aucun n’a conclu que leur profil était normal. Ils ont cependant estimé qu’il fallait soit davantage d’échantillons, soit les analyser sous un autre angle pour élaborer un « scénario de dopage ».
Pour ce qui concerne les quatorze autres profils de sportifs français (transmis fin 2015 aux mêmes experts) les trois experts ont jugé qu’ils présentaient des courbes suspectes nécessitant des informations complémentaires (calendrier de compétition et d’entraînement, lieux de stage) avant qu’ils puissent statuer.
Si les experts sont d’accord sur l’anormalité d’un profil, il sera alors engagé un échange avec le sportif,  souvent assisté d’un scientifique, qui tentera  généralement de convaincre les experts que les anomalies constatées sont explicables (pathologie, une maladie au moment d’un prélèvement ou par des variations d’altitude à l’occasion de stages). De leur côté, les experts s’attachent à constituer un dossier suffisamment solide pour résister à un éventuel appel.
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) n’étant pas reconnu par la France, c’est le Conseil d’Etat qui statuera sur un cas de passeport biologique anormal. La longueur et l’incertitude sont les défauts du processus de validation alors que le temps presse puisque la France pourrait être représentée aux jeux olympiques brésiliens par des sportifs risquant de provoquer des affaires à cause de leurs valeurs sanguines douteuses.
Il est également observé une autre difficulté tenant à l’inexistence de données antérieures à janvier 2014 et à l’impossibilité juridique d’accéder aux prélèvements effectués par les fédérations internationales dans le cadre de leur propre passeport biologique. Ces prélèvements ne peuvent être utilisés dans le dossier disciplinaire du sportif.
Selon le conseiller scientifique de l’AFLD, 8 à 10 échantillons suffisent pour se faire une idée à condition que les prélèvements aient eu lieu en compétition mais aussi en période de récupération, lorsque l’athlète n’ayant plus d’objectifs sportifs n’a pas recours aux produits dopants.
L’AFLD est soumise à des contraintes financières qui l’ont conduite à diminuer son budget, à fonctionner ave une seule salariée travaillant à l’élaboration des profils biologiques, en collaboration  avec les conseillers interrégionaux dopage et le responsable des contrôles.

Ayant effectué, depuis 2014, 2 000 prélèvements pour alimenter ses profils hématologiques, l’AFLD espère en 2016, pouvoir établir un profil efficace de 150 sportifs, ciblés en fonction de leurs valeurs sanguines ou performances atypiques.

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