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‘athlétisme, première discipline sportive, pilier des jeux olympiques,
présente dans notre pays une image très contrastée. Une image où se côtoient,
se juxtaposent, se superposent des moments heureux et glorieux d’hier et
d’avant-hier et d’autres, ceux des moments présents, qui le sont beaucoup
moins. On nous dira bien sur que ces propos reflètent la théorie du « Bon
Vieux Temps », ce BVT qui serait l’expression d’un « Age
d’or » de l’athlétisme algérien qui ne fut pas pourtant à la
hauteur des espérances placées en lui.
Les vieux routiers de l’athlétisme (du moins ceux qui sont encore de
ce monde) raconteront avec plus de ferveur et de précisions, ces temps où le
nerf de la guerre, l’argent qui (selon une formule d’Archimède, le savant grec
mort sur les murailles de sa ville assiégée) sert de levier pour soulever le monde,
n’existait pas ou très peu. L’activisme et le militantisme des pionniers,
des M’Ghezzi, des Mechkal, des Moussa-Embarek
et de bien d’autres (que nous ne pourrions tous citer tant la liste est longue)
firent (dans l’ombre) la fierté des Algériens qui venaient de retrouver leur
indépendance en formant des athlètes conquérant les univers maghrébins, arabes
et africains. Ali Brakchi, Rahoui Boualem, Sakina Boutamine furent les plus brillants jalons de cette
époque.
On n’oubliera pas ces armées de coureurs de demi-fond excellant dans
« les labours », ces parcours de cross country d’antan où seuls les athlètes les plus
solides sur leurs appuis pouvaient se hisser au premier rang. En 1965, déjà une
équipe masculine s’illustra au « Cross des Nations », l’ancêtre
des championnats du monde, dominé par les athlètes d’Europe.
Elle précéda des athlètes qui firent la renommée de l’Algérie bien
avant la venue des Tunisiens, des Marocains et des coureurs de la « Corne
de l’Afrique » (Kenyans, Ethiopiens, Erythréens et Somaliens).
Aâmi Amri était à la tête des cohortes des appelés et des contractuels de l’ANP
qui défiaient le monde et remportaient titre sur titre en disputant la première
place nationale aux coureurs de l’ASSN. Au point que cela en devenait monotone,
routinier.
Mada, Habchaoui, Abdenouz (El Hachemi), Abderrahmane Morceli, Amar
Brahmia, Rachid Kram, etc. en furent et annoncèrent Nouredinne Morceli, Azzedine
Brahmi, un autre Abdenouz (Rédha), Djabir Aïssa Guerni, Ali Saïdi Sief (malgré
sa dérive) et Taoufik Makhloufi. Après
Ali Brakchi apparurent les sauteurs à la perche Lakhdar Rahal (fils du gardien
du stade de Colombes à Paris), de triple saut et de longueur (Khaida Lotfi), en
hauteur (Othmane Bellefaa précédant les Krim). Hakim Toumi et Yacine Louail dominaient
le lancer du marteau africain et Ahmed Mahour Bacha les épreuves combinées et
le lancer du javelot, avant qu’il ne débroussaille le terrain pour ses protégés
d’hier (Yasmina Azzizi) et d’aujourd’hui
(Larbi Bouraâda).
Chez les dames, Dalila Mial, Amina Chaâbane (que l’on apercevait il y
a peu sur le bitume des courses sur route), Bendahmane, Hadj Embarka prirent la
succession de Sakina Boutamine, la jijelienne, et de Fatma, el asnamia bien
avant que n’arrivent Hassiba Boulmerka et Nouria Merah-Benida qui apportèrent les titres mondiaux et
olympiques qui manquaient au palmarès de l’athlétisme féminin.
La force de l’athlétisme algérien d’hier résidait dans la dispersion
des pôles de détection et de perfectionnement des talents athlétiques partagés
entre d’abord Annaba, Skikda, Oran pour les épreuves de sprint et de haies puis
Biskra d’où émergèrent les Mustapha Kamel Selmi et les frères Hacini (Aïssa et
Adem). Dans les courses de demi-fond (court, long, cross country, courses sur
routes) les wilayas-leaders étaient Souk
Ahras (les frères Si Mohamed et les frères Brahmia), Guelma, Tébessa, Batna (les
Hadef et Menaï d’Arris en plein cœur chaoui ainsi que les Diffalah, Khellil Alloua, Miloud
Abaoub, un cadet éblouissant de talent
et champion du monde de sa catégorie), Sétif (Bessou Laïd), Bordj Bou Arreridj
(Samir Moussaoui), Lakhdaria (Kamel Kohil), Ksar El Bokhari (Yahia Azaïdj),
Tiaret (Nasria Baghdad), M’Sila (M’cif et ses équipes de cross toujours
présentes), Chleff et tant de clubs de petites communes d’Est en Ouest
squattant les premières places des petites catégories.
En ces temps-là bien révolus,
Tlemcen et Oran, Constantine et Annaba (et
bien sur Alger) fournissaient des champions et des championnes (dans toutes les
catégories d’âges et toutes les épreuves du programme d’une compétition)
quasiment à la demande. C’était avant l’avancée du glacis athlétique.
Vous n'avez pas honte de citer Mahour Bacha Ahmed, parmi la liste des personnes qui ont construit l’athlétisme Algérien. C'est lui le responsable du glacis athletique. Il n'a pas sa place dans la liste des batisseurs de notre athletisme.
RépondreSupprimerQuoique vous pensiez de Mahour Bacha, il fut recordman d'Afrique du décathlon et du lancer de javelot et l'entraîneur de Azzizi Yasmina avant d'être celui de Bouraâda. Ceci ne peut objectivement être effacé de l'histoire de l'athlétisme algérien. Il appartient malgré nous et avec de nombreux autres athlètes non cités à cette période où l'athlétisme nous faisait honneur. J'aurais préféré que vous voyez cet aspect-là et que vous reprochiez justement de ne pas les avoir mentionné. Quant au reste (glacis athlétique) cela fait partie de la deuxième partie de sa vie, de son présent d'entraîneur et de proche des instances fédérales sur lequel on pourrait effectivement dire beaucoup de choses. C'est un autre problème. Laissons le temps au temps.
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