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ous reconnaissons être vieux jeu. Si vieux que parfois nous avons
l’impression d’être dépassé par les événements, d’être dans un autre continuum
spatio-temporel, dans une Algérie parallèle comme le sont les univers du même
nom dans la littérature et la filmographie d’anticipation.
Quoiqu’on en dise, nous avons une haute impression de principe sur les
personnes qui président aux hautes
destinées du football professionnel national et assument les responsabilités
managériales des SSPA, des sociétés commerciales gérant le football
professionnel, en tant que présidents-directeurs-généraux ou de présidents de
conseils d’administration de ces commerciales. Les conditions d’exercice de ces
fonctions sont telles que nous pouvons dire que ce n’est pas certainement une
sinécure, surtout pour des personnes, des cadres qui ont leurs carrières
professionnelles derrière eux et sont (pour certains, si ce n’est le plus grand
nombre) d’un âge avancé, confirmant encore une fois que le pouvoir est réservé
aux gérontocrates.
Il semblerait que ce soit le propre des générations actuelles et de
celles qui les ont précédées d’émasculer
ces fonctions qui dans d’autres espaces sont prestigieuses, tracent des
politiques, des stratégies, des plans d’action que d’autres cadres
d’entreprises (ce qu’est une SSPA) doivent mettre en place, appliquer avant
d’en rendre compte en fin d’exercice. Têtes pensantes du club et décideurs en
dernière instance, ils sont l’ultime recours, le dernier niveau de la prise de
décision.
L’une des caractéristiques de ces deux fonctions managériales est
l’inaccessibilité dans le cadre normal de leurs fonctions et une exposition médiatique
réduite à sa plus simple expression en dehors des situations exceptionnelles où
le prestige de la fonction est mis (et doit être mis) en avant.
Chez nous, ces deux fonctions, dont la subtilité sémantico-juridique
est à découvrir, sont galvaudées. Précisons que cette dénaturation ne vaut que
pour l’univers du football professionnel qui ne s’est pas hissé à la hauteur du
statut juridique qui lui a été octroyé par la législation. Paraphrasant
Gavroche dont nous avons cité, il y a quelques jours, les paroles de la chanson
qui accompagne son agonie, son chant du cygne, nous dirons que si la fonction
est par terre ce n’est pas la faute à Voltaire mais au…….. populaire.
Deux présidents de clubs très populaires (pour ne pas écrire les plus
populaires au risque d’incommoder d’autres équipes qui méritent tout autant cette
qualification) de la capitale (le Mouloudia d’Alger et l’USM El Harrach) nous
en font régulièrement la démonstration en s’engageant dans la voie d’un
populisme primaire (empruntée par quasiment tous leurs pairs) participant de la
starisation de la fonction et d’une hypermédiatisation qui dépasse celle des
joueurs.
Ces deux personnalités devenues publiques se sont fait remarquer, en
situation de crise interne perlée pouvant être consécutive à des engagements
non tenus, par des réactions inappropriées.
Le premier en s’esquivant d’une réunion qu’il avait lui même provoqué
pour s’entretenir avec « ses » joueurs, les faire
patienter quelques jours de plus au sujet de la régularisation de leurs
situations salariales et leur faire approuver un règlement intérieur
controversé. Puis, en s’en prenant vertement à eux, le lendemain, par des
déclarations incendiaires, menaçantes dans la presse qui apprécie ce type de
dérapages, cet autoritarisme par presse interposée, ces sorties médiatiques
envenimées qui font discourir à n’en plus finir.
Le second, absent du territoire national, en prise avec une santé
délicate, trouve le temps d’interrompre sa thérapie pour stigmatiser lui aussi
« ses » joueurs et « son » entraîneur qui
ont eu l’audace de réclamer leurs salaires en retard de plusieurs mois. Sa mise
au point téléphonée a eu au moins le mérite de faire connaître au grand public
les montants des salaires négociés et qui ne sont jamais étalés sur la voie
publique (et voire dissimulés) pour éviter les commentaires déplacés qui
pourraient en découler.
Les deux responsables ont pris ces deux situations au demeurant
délicates comme des affronts et ont réagi en se comportant comme n’importe qui
en les menaçant de leurs foudres…jupitériennes. Celles d’un dieu tombé de son
piédestal. Un véritable crime de lèse-majesté.
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