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ous avons vu dans notre précédente chronique que la
méthode d’entrainement utilisée par Aden Jama pour amener Genzebe Dibaba à repousser
sans arrêt des records du monde du 1 500, du mile ou du 3 000 n’a rien de bien révolutionnaire. Elle
s’inscrit en effet dans une démarche aujourd’hui communément admise consistant
à faire alterner des efforts de très forte intensité et d’autres à l’opposé de
très faible intensité.
Les temps réalisés (sur 800 et 1 500) par
l’athlète éthiopienne, pendant ses séances de fractionné, surprennent cependant
parce qu’ils sont plus élevés que les performances obtenues par nombre de ses
adversaires en compétition. Le temps du dernier 800 ou du dernier 1 500 de
la série lui permettrait de remporter beaucoup de courses à niveau relevé un
peu partout dans le monde. Un détail (qui a son importance pour les
spécialistes) manque cependant : le temps de récupération. Récupération
courte ou longue ? De quoi relancer un débat qui n’est pas clos et n’est
pas prêt de l’être.
Ces performances (celles de Dibaba et celles du
Djiboutien Ayanleh Souleiman, nouveau recordman mondial du 1 000 mètres
indoor en 2.14.20, et du jeune Qatari Abdelelah Haroun (19 ans) auteur d’un
59.83 sur 500 mètres également indoor)
conjuguées à la suspicion née de deux cas de dopage enregistrés dans les rangs
des athlètes entraînés par Aden Jama
(Layla Traby et Hamza Driouch) permettent à tous les observateurs de la chose
athlétique (et des faits divers sportifs) de disserter sans fin. Surtout que
Hamza Driouch, avant de se rétracter très diplomatiquement, aurait accusé son
coach de lui avoir fourni les produits dopants utilisés et lui ont valu une
suspension.
Pour épaissir une atmosphère qui n’est pas des plus
sereines - avec ces nombreuses allusions sur une pratique de dopage de masse
parmi les coureurs éthiopiens qui n’auraient (selon des commentaires qui ne cessent d’impliquer sans aucun
discernement des athlètes et les entraîneurs qui obtiennent des résultats et de
mêler athlètes à la pratique saine et des athlètes dopés) pour égal que celui
pratiqué par les Kenyans, les Russes et les Turcs. La disqualification de plus
de la moitié des finalistes du 1 500 dames des jeux olympiques de Londres
(2012) ainsi qu’une anticipation de l’annonce, par l’agence éthiopienne de
lutte contre le dopage et la fédération d’athlétisme de ce pays, de la
suspension prochaine de 9 athlètes de ce pays (dont 5 de haut niveau) ainsi que
de la suspension de trois marathoniens, met Aden Jama (et les athlètes qu’il
coache) au cœur de la cible et dans une situation délicate.
Le processus de dénonciation de ces cas de dopage
par les autorités sportives aurait été accéléré par la réalisation d’une
enquête journalistique par la chaine de télévision allemande (ARD) qui a été à
l’origine du déclanchement du dossier de dopage russe et des affaires connexes
(corruption, extorsion de fonds, etc.) révélées depuis l’été dernier et ont
conduit à la mise en examen de l’ex-président de l’IAAF et de deux autres
responsables.
En l’état actuel des informations connues,
l’annonce de la suspension de l’athlète suédoise (d’origine éthiopienne) Abeba
Aregawi, championne du monde du 1 500 mètres à Moscou (2013) à la suite de
l’emploi d’un produit introduit dans la nomenclature des produits interdits de
l’AMA suivie par la suspension de sportifs de premier rang d’autres disciplines
incite à supposer que l’athlétisme éthiopien pourrait être décapité. Aregawi
(impliquée dans d’autres « affaires » de mariage à blanc et de fraude
fiscale dans son pays d’adoption) n’était pas totalement déconnectée des
athlètes de son pays natal puisque mariée (à deux reprises) avec des
marathoniens éthiopiens et qu’elle serait l’auteur de fausses déclaration en
matière de résidence sur le sol suédois.
Même si l’inscription récente (1er
janvier 2016) du meldonium est objet de controverses, il ne fait aucun doute
que ce premier semestre de l’année devrait être mouvementé et que la liste des
interdits de participation aux compétitions (et des no shows) devrait
s’allonger dans l’entourage immédiat des premiers bannis.
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