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n rédigeant et publiant une précédente chronique[1], nous avions voulu lancer un
cri d’alarme adressé aux autorités sportives sur les risques susceptibles
d’être rencontrés par quelques-uns (Bettiche, Abdenouz, Hattat et Belferrar) de
nos meilleurs athlètes de demi-fond qui alors étaient en instance de départ
pour un stage en haute altitude (en Ethiopie) et du désir exprimé par au moins
de deux d’entre eux (Amina Bettiche et Ramzi Abdenouz) de rejoindre le groupe cosmopolite
d’athlètes coachés par Aden Jama dont de ses trois poulains offrirent (quasiment
à la période où le quatuor d’athlètes algériens s’envola pour le paradis des
courses de demi-fond et de fond) une soirée de folie aux spectateurs du meeting
indoor de Stockholm avec trois records du monde d’athlétisme en salle
pour respectivement l’Ethiopienne Genzebe Dibaba (mile en 4.13.31), le
Djiboutien Ayanleh Souleiman (sur le 1 000 mètres avec un chrono de 2.14.20) et le Qatari Abdelelah Haroun (19 ans
seulement) sur le 500 mètres en 59.83.
Loin de nous de penser à vouloir critiquer le coach américano-somalien,
ancien entraineur obscur (pendant 17 ans) du côté de Sheffield (Grande
Bretagne) devenu la star des entraineurs à la suite des exploits (au fil des
années) de son compatriote Abdi Bile (1987), du Djiboutien Aboubaker Kaki et de notre champion olympique du 1 500 mètres (Londres 2012) et surtout
depuis qu’il a pris en charge les coureurs de demi-fond du Qatar, un petit pays
riche en pétrodollars qui se prépare pour les championnats du monde qu’il
organisera sur son sol en 2019.
Contrairement aux croyances répandues, Aden Jama (53 ans) – bien qu’il
entraîne son groupe à Sululta (Ethiopie)
- n’est pas un adepte forcené de l’entrainement
en altitude. Son autre base d’entrainement se situe au niveau de la mer, à
Barcelone (capitale de la Catalogne). Sa
méthode d’entraînement n’est pas aussi révolutionnaire qu’elle le parait.
Elle consiste en des séances successives
passant du fractionné à un rythme de course inimaginable à du repos relatif (footing
léger) accompagnés par un volume important de musculation. Donc rien de bien
nouveau au pays de l’athlétisme si ce n’est que la presse spécialisée
internationale rapporte des informations puisées dans les déclarations de Jama
dans lesquelles il est fait état des exploits à l’entrainement de l’été
dernier. Pendant la période précédant le
record du monde du 1 500 mètres, Genzebe Dibaba avait réalisé un 6 X 800
mètres (2.04, 2.03, 2.04, 2.03, 2.02 parachevés par dernier 800 m en 1.58) tandis que lors de
l’affutage d’avant le « Mondial de Pékin », sa séance comportait 4
fois 1 500 mètres (4.06, 4.04, 4.03 et 4.02). Des chronos que peu de femmes (et
même d’hommes) peuvent inscrire comme « Personnel Best »
(record personnel).
Aden Jama, dont les talents de communicateur sont indéniables,
explique les performances réalisées par Genzebe Dibaba (des chronos qui
surpassent de plusieurs secondes ceux déjà très controversés des Chinoises de
l’ « armée de Ma Juren » et ceux des athlètes féminines
des ex-pays de l’Est) par son talent (ses qualités) et par les modifications qu’il
apporté à son entrainement dont celui de la faire côtoyer quotidiennement un groupe d’hommes capables de
courir le 1 500 mètres en 3.40-3.42.
Une approche qui pourtant n’est pas vraiment nouvelle puisque, si la mémoire ne
nous fait pas défaut, notre championne olympique et du monde du 1 500,
Hassiba Boulmerka s’entrainait, dans les années 90, avec des hommes qui
postulaient à courir la distance en 3.45 et moins.
Le danger n’a jamais résidé (pour nous du moins) ni dans
l’entrainement en altitude ni dans l’appartenance au groupe d’Aden Jama ni,
encore moins, dans cette méthode d’entrainement que certains considèrent comme
excentrique et qui pourtant semble être universellement répandue. Mais, plutôt
dans l’environnement du groupe (2 athlètes suspendus pour dopage) et la
suspicion très forte et insidieuse de tricherie médicamenteuse qui accompagne
les résultats des coureurs de demi-fond et de fond des Hauts Plateaux de la
Corne de l’Afrique (Kenya d’abord et Ethiopie depuis quelques mois). A plus
forte raison lorsqu’un entraineur algérien (dont deux athlètes qui furent sous
sa coupe - et dont l’un l’est toujours - ont été suspendus pour dopage) s’est
glorifié de ces trois records du monde sur les réseaux sociaux.
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