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endant l’entre-deux guerres mondiales, la colonisation prend une forme
moins guerrière, moins ségrégationniste. C’est la période où les maitres-mots
des discours, prononcés par les hommes politiques des deux bords, sont « intégration »
et « assimilation ».
Le sport, aux côtés de l’enseignement et du service militaire
obligatoire (les guerres mondiales de 14-18 et 39-45 nécessitèrent de la chair
à canon) tend à encourager la dépersonnalisation de la population, sur encore
le vieux fonds des rivalités religieuses et de la survenue de ces deux
phénomènes nouveaux que sont la Nahda (la Renaissance musulmane) et une nouvelle grille de lecture des rapports
sociaux.
Sur les éléments de la guerre
coloniale (entre une population locale défendant son patrimoine matériel et
immatériel et une autre étrangère désireuse de s’emparer de nouveaux
territoires et à apporter une civilisation se voulant être supérieure à toutes
les autres) se greffe celle de la lutte des classes sociales chère aux
marxistes.
Les deux communautés ne sont pas (contrairement à la croyance
populaire fortement répandue et entretenue) cohérentes. Les deux communautés sont
traversées par des courants idéologiques fortement antagonistes. Les élites des
deux (trois, si on insère la communauté juive au statut social également
ambivalent, intermédiaire entre celui de la population européenne et de la
population algérienne, à la fois historiquement proche de la population locale
qui l’a accueilli au début du 16ème siècle et le caractère à la fois
citadin et la prétention élitique sur laquelle se fonde ses valeurs qui la
rapproche des haute sphères de la population européenne) communautés s’accolent
dans le cadre de cette politique intégrationniste-assimilationniste et
s’éloignent ostensiblement de leurs classes populaires respectives au profil
plus révolutionnaire, constamment alimenté par de nouvelles arrivées de colons,
l’exode rural et la rurbanisation, ce phénomène social qui regroupe les
populations venues de l’intérieur du pays dans la périphéries des cités,
éblouies par la modernité, voulant la copier tout en conservant leurs modes de
vie antérieurs. Une forme de socialisation que l’on a trouvée en Europe au
Moyen Age autour des châteaux-forts, pendant la période ottomane avec les
populations algériennes, les janissaires démobilisés et leurs enfants sous les
remparts des citadelles (Casbah) et bien plus tard avec les bidonvilles.
Le mouvement sportif algérien (dans son volet indigène), malgré la
dénégation et la volonté du mouvement olympique rénové qui aurait souhaité le
préserver de la présence des manants (hors aristocratie et apparentés) en le
réservant à une élite sociale, économique et culturelle, est éminemment
politique et s’inscrit manifestement dans les schémas d’analyses marxistes.
Bien que l’inspiration originelle soit religieuse, la partition de la
société en nantis et démunis, en population marquée par la religion et une
autre luttant pour la survie, explique certainement la multiplication de clubs
sportifs et le partage (dans une localité donnée), sans frontières matérielles
réellement définies, d’aires géographiques, de zones d’influence dans un
habitat, dans un quartier qui est le plus souvent la vieille ville arabe, la
casbah, située au centre névralgique de la cité européenne, faisant nettement
apparaitre les strates sociales et idéologiques fondatrices des rivalités
historiques entre MCO et ASMO, USMA et MCA, CSC et MOC, etc. Cette distinction
n’occulte pas que tous les clubs ont porté la flamme révolutionnaire et ont
fourni des milliers de martyrs et de combattants à la guerre de libération.
Ces rivalités entretenues jusqu’à présent plongent leurs racines dans
cet humus. Nous ne pouvons oublier de citer (c’est un élément d’analyse à ne
pas écarter) la caractéristique de certains de ces clubs (JS Kabylie, US
Chaouia) s’étant dotés (ou s’étant vu octroyer) du statut et des attributs de
représentants symboliques de régions réputées rebelles à l’autorité centrale
dont les revendications politiques et
identitaires sont amplement affirmées.
Ces clivages historiques et sociologiques proposent des éléments
d’appréciation sur la perception que nous avons actuellement de la notion de
propriété des SSPA.
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