mercredi 13 avril 2016

Statut des SSPA, Le passé illuminant

L
ors d’une récente vente-dédicace, Amine Zaoui, écrivain algérien contemporain d’une notoriété certaine, aurait déclaré, selon une relation de l’évènement partagée sur les réseaux sociaux, qu’une partie numériquement, sociologiquement, géographiquement et idéologiquement très dominante du lectorat algérien (qu’il définit avec pertinence) confondait les genres littéraires, les romans avec la propagande et les textes religieux et que pour ce motif le lecteur lambda se permettait de pérorer et d’assener des vérités foncièrement marquées par l’Histoire.
Il semblerait que la confusion des genres fasse partie des gènes de nos leaders d’opinions, du moins et surtout, ceux qui occupent en permanence les tribunes médiatiques proposées par les titres de la « foot-people-presse» qui, dans les deux langues parlées dans ce pays, envahissent les étals.
Les observateurs du mouvement sportif national ont pu remarquer que, dans les contextes de forte contestation de la gestion des clubs emblématiques des cités représentées dans le football professionnel, les dirigeants en place - confrontés aux crises multiformes rythmant la vie d’un groupe social (difficultés financières, relations internes et/ou externes conflictuelles, déficiences managériales, modes de gouvernances, etc.), exacerbées par les crises de résultats - font appel, dans un mimétisme remarquable avec l’univers de la politique politicienne, au soutien populaire pour atténuer, pour remédier aux effets néfastes que leurs actions antérieures ont pu avoir sur la vie du groupe social qu’est le club.
Depuis que le football algérien porte avec ostentation le costume du professionnalisme, à chacune des situations préjudiciables au bon fonctionnement de la SSPA, les responsables du club, empêtrés dans un turn-over qui impressionnerait (par sa constance et sa répétitivité) le plus placide des experts en gestion des ressources humaines ou des entreprises, scandent, à qui veut bien les entendre, que le club n’est pas une « propriété privée ». De toute évidence, ces orateurs passionnés relèvent de la minorité d’actionnaires et de l’incapacité à faire progresser des idées dans l’esprit de la part dominante de l’actionnariat dans une approche démocratique.
Il s’agit, si l’on s’intéresse de près à la question, d’une minorité agissante inspirant diverses formes d’actions telles que la contestation populaire, les appels à la rébellion, aux regroupements sur les lieux d’entraînement, aux insultes proférées par des supporters manipulés et surexcités à partir des tribunes lors des rencontres, aux tentatives d’agression des joueurs et des membres du staff technique, des entreprises de déstabilisations et de redressements inspirées par l’histoire révolutionnaire, aux sit-in devant les institutions publiques et aux marches des supporters dans les rues de la ville, les réunions d’anciens joueurs et dirigeants porteurs d’une expertise fortifiées par les assemblées des sages ressuscitant les pratiques ancestrales de règlement de conflits…jusqu’à la mise en place d’un comité de sauvegarde renvoyant à un univers historique qui n’est pas le nôtre mais celui de la Révolution française de Robespierre, Danton, Marat et…Guillotin. 
Depuis les temps immémoriaux, le concept de « propriété », en commençant par les territoires de chasse, les terres agricoles et les points d’eau de l’humanité préhistorique, a été au cœur de tous les différends familiaux, d’héritages, des conflits, des guerres tribales ou entre nations. Une longue série de récits qui jalonnent l’Histoire et les mythologies où se bousculent les déplacements de limites, de balises matérialisées par des pierres ou des rochers, un olivier ou un figuier, le cours de ruisselets ou de fleuves, etc. 
Un très long chapelet où la « propriété privée » s’oppose d’abord à la « propriété collective » (celle qui nait de l’indivision, de l’appartenance au clan dans lequel on se reconnait) et ensuite à la « propriété publique », une notion nouvelle, apparue avec les administrations ottomane et française (via le cadastre et les impôts) et la mainmise sur les patrimoine individuel, le patrimoine collectif tribal ou clanique (biens aârch) ou le patrimoine collectif religieux (habous), spoliés par les envahisseurs et dévolus à une entité inexistante (invisible, immatérielle mais concrétisée par les gens d’armes, les garde-champêtres, l’administrateur et le percepteur) dans la conception de l’univers de nos ancêtres, l’Etat dans sa perception beylicale de représentant d’un pouvoir étranger rejeté. Une vision du monde conduisant à la défense de la « propriété privée » et aux tentatives de réappropriation de la « propriété publique », anciennement « propriété collective » (tribale et religieuse). Avec en surimpression les vestiges mémoriels du collectivisme importé de l’Europe marxiste. Mais, qu’en est-il vraiment. Quel est le statut de la SSPA?       


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